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Je me dépêche de troquer mon djellaba de prière contre la même tenue orange que celle du lieutenant Diop qui est composée d'une chemise à manches longues et d'un pantalon. Elle est très visible de loin, pour des raisons de sécurité. Puisqu'il fait chaud, je mets un débardeur à l'intérieur et laisse les boutons de la chemise ouverts. Je mets ensuite mes bottes anti dérapantes et fourre mes gants dans une des poches du pantalon.
Mon ventre commence à crier famine. J'espère que le lieutenant Diop me laissera petit-déjeuner avant de commencer la visite.

La familiarisation est le fait pour un nouvel élève officier de se faire visiter le navire du premier au dernier pont. Les équipements de navigation et de sécurité y sont essentiellement compris. Lors de mes quarts à la passerelle, je n'avais pas porté grande attention à tous les instruments de navigation. J'aurai l'occasion de le faire de manière plus détaillée pendant la visite.

Je me rends compte que j'avais des messages non répondus hier tard dans la nuit.
Un vocal de mon ex que je ne prends même pas la peine d'ouvrir et un autre de Coumba que je m'empresse de lire. Papa et maman m'ont envoyé chacun un petit message d'excuse auquel j'ai répondu sans parler de Saliou.

- Yi meuf dingama ray !  Khola, Abdou modone annif ma defalko fête bou reuy wayé domeram yé waddal sama téléphone si escaliers yi ioe ! (Je sais que tu vas me trucider meuf ! J'avais organisé une fête d'anniversaire à Abdou et les bâtards ont fait tomber mon téléphone dans les escaliers !)

Je réprime un rire et lui promets de la rappeler plus tard. Je ne sais pas combien de temps devront durer mes activités mais je sais que je n'aurais par contre pas vraiment le temps d'utiliser mon téléphone.

                                    
Le lieutenant Diop m'a heureusement laissé prendre rapidement mon petit-déjeuner. Il m'a ensuite rejoint au "carré" et tendu un petit carnet et un stylo neuf.

- Tu prendras note de tout ce que je te dirai, fait-il en manipulant son téléphone d'un air concentré. Je te poserai des questions à l'improviste alors tâche de bien y répondre.

J'acquiesce et mets mon prénom sur la première page du carnet.

- Tu mets ta casquette anti-choc, c'est pour ça qu'elle est faite ! ordonne-t'il en pointant du doigt ma perruque coupe carrée noire. 

Il me tourne le dos et parcourt la salle du regard. Ensuite, il désigne de la main une enseigne marquée sur une porte fermée dont je me suis toujours demandé où ça menait.
A côté de la porte, un extincteur était accroché sur le mur.

- Cette enseigne permet de savoir quel composant on utilise pour éteindre le feu, commence-t'il à expliquer tandis que je prenais soigneusement note.

Je n'écrivais bien sûr pas tout ce qu'il disait mais juste de quoi m'aider à me souvenir plus tard.

- Sur ce pictogramme, on a par exemple la lettre P en majuscule et le chiffre 6 à côté. Donc c'est un . . . ?

Il se retourne vers moi en haussant les sourcils.

- Un extincteur à poudre de six kilos, continué-je sans quitter des yeux mon petit carnet.

Je sens son regard insistant sur moi et relève enfin la tête.

- Ce n'est pas ça ?

- Si, réplique-t'il en détournant les yeux. Sortons maintenant sur le pont suivant.

Je lui emboîte le pas quand il quitte la pièce et s'arrête au seuil.

- J'ai une question lieutenant.

- Oui ?

Il se retourne vers moi. Ses 1m85 m'intimident un peu.

- A quoi sert la porte à côté de l'extincteur ?

Gaal gui (Le navire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant