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Je suis déjà d'une humeur massacrante, ça tombe mal pour discuter avec cette pimbêche de dernière classe alors je la salue aussi courtoisement que me le permet mon humeur.

- Salut Capi Diack. Que puis-je faire pour toi ?

Elle laisse échapper un rire ironique en lâchant son emprise sur mon sac à main avant de croiser les bras sur sa poitrine.

- Officier Diallo, je vois que tu commences maintenant à assimiler la vie à Dakar pour une campagnarde de ta trempe ! Sinon, je tenais à t'informer que tu as beaucoup de chance que le commandant ne m'ait pas accordé le plaisir de te botter hors du navire, mais je n'ai pas dit mon dernier mot !

Je hoche la tête sans répliquer et poursuis mon chemin. Ça me démange de lui balancer tout ce qui me trotte dans la tête en ce moment mais j'avais un cas plus urgent à régler. Je m'occuperai de Ouly plus tard, quand j'en aurai fini avec Saliou.
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Kadia

La fête qui avait timidement commencé, bat son plein dans la salle. Les gens venaient en masse maintenant, me rendant plus mal à l'aise. Je manipule toujours mon téléphone en ayant l'air d'être occupée pour que personne ne songe à venir engager une discussion avec moi.

- Salut ?

Je relève la tête pour voir Abdourahmane me fixer un regard surpris.

- Salut, fais-je d'un air neutre.

Il s'assoit à la chaise à côté. Les fauteuils étaient tous occupés maintenant et la fille qui était assise juste à côté de moi s'agitait dans sa discussion animée avec un groupe de potes.

- Ça alors ! Pour une surprise, s'en est une ! s'exclame Abdou.

- Je croyais que tu étais au courant que je venais, dis-je en le dévisageant.

Il secoue la tête.

- Personne ne m'a rien dit. Mais j'avoue que ça ne me déplaît pas d'avoir une telle surprise Kadia.

Je me contente de hocher machinalement la tête sans rien ajouter de plus. Voyant que je n'ai pas trop l'envie de continuer cette discussion, il me propose un verre de jus de fruit que j'accepte sans réchigner. Je ne suis pas sans savoir que le frère de Coumba a toujours eu un faible pour moi mais je n'ai jamais voulu de lui autre chose que l'amitié.
Je ne voulais d'aucun garçon d'ailleurs, mais la terrible vérité est que je suis tombée amoureuse de Aladji...

Il se passe soudain dans le salon un boucan inexplicable. Je suis surprise de voir que Coumba en est la cause. Elle avait mis une belle robe couleur beige et un foulard attaché artistiquement de couleur marron.
Coumba tapait frénétiquement des mains pour attirer l'attention générale. Les invités présents gardent peu à peu le silence et tous les regards finissent par être braqués sur elle.

- Tout d'abord, je remercie tout le monde d'abord bien voulu être présent ! commence-t'elle en souriant. Mon frère est la chose la plus importante pour moi et je sais que je compte énormément pour lui...

- Donc comme ça, je suis une "chose" ? taquine Abdourahmane en éclatant de rire, entraînant toute la salle avec lui.

Je ne suis pas d'humeur à les suivre dans leur euphorie mais je me contente d'esquisser un sourire qu'un œil averti trouverait faux. L'instant d'après, les rires cessent et Coumba reprend la parole.

- J'ai le plus merveilleux des grands frères et je suis infiniment fière de lui !

Quelques rires fusent entrecoupés d'applaudissements. Quelqu'un s'avance vers Coumba et l'enlace. Quand il se retourne, la surprise me fait manquer de renverser mon jus de fruit. Aladji est-il en couple avec elle ?
Je ne tarde pas à être fixée sur la question quand Abdourahmane lui sert la main en lui disant sur un ton jovial mais sérieux :

Gaal gui (Le navire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant