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Le lieutenant Mar semble être très mécontent et je me demande bien ce que j'ai pu lui faire car il n'y a rien qui justifie sa mine renfrognée depuis un certain moment. Je l'observe d'un air gêné, ce n'est pas dans mes habitudes de discuter avec une personne pas très expressive comme il est depuis peu de temps. Je me contente donc de garder le silence en attendant impatiemment qu'il se décide à parler. Heureusement, il ne tarde pas à le faire et je reçois comme un électrochoc quand il commence :

- J'ai eu un constat très décevant, Officier Diallo. . .

- Un constat décevant ? m'écrié-je sous l'effet de la surprise.

- Tu sais pertinemment de quoi je parle, arrête de faire genre pour une fois, veux-tu ?

- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, lieutenant, dis-je avec colère. Si vous me reprochez quoi que soit, dites-le moi sans détour.

J'avais commencé à le vouvoyer, tellement je perdais petit à petit patience. Oui, une personne censée ne lance pas des reproches pour la forme, elle doit aussi donner ses raisons et j'étais fort curieuse de connaître ses raison à lui. lorsque je le lui fais savoir, il sourit d'un air nerveux.

- Je veux dire par là que tu fréquentes de très prêt mon collègue et ceci n'est pas adéquat pour toi car tu dois te rappeler d'une chose : tu es marin et tu es ici pour le travail et rien d'autre.

Mes yeux étaient grands ouverts tout au long de son petit monologue et je frissonnais de rage.

- Je ne peux pas y croire ! Non, tout le monde peut douter de moi mais vous non ! Vous m'avez déjà cotoyée non ? Vous devez savoir que je ne fais que ce que l'on me demande de faire ici, lieutenant.

- Je préfère qu'on se tutoie comme avant, reprend-t'il soudain.

Il me tourne le dos comme seule réponse et les mains dans les poches de sa combinaison, commence à faire les cent pas.Il ne daigne pas se retourner.

- Je vous parle là ! m'impatienté-je soudain avec une voix que je voulais moins agressive.

- Alors commpence par avouer ! ordonne-t'il en se retournant.

- Je n'ai absolument rien à avouer et ma vie privée ne doit interesser personne dans ce navire.

On se toise un moment avant qu'il ne me tourne le dos de nouveau sans piper mot.

- Je vais y aller car on m'attend sans doute à la passerelle, conclus-je en le laissant planté là.

Le commandant n'était pas très ravi de me voir en retard mais il ne fait aucun commentaire et se contente de me montrer le journal de bord posé sur la table aux cartes.

- Tu vas enregistrer les informations nécessaires à partir d'aujourd'hui, officier, explique-t'il en feuilletant les pages ou étaient dessinées des tableaux qui semblaient complexes à mes yeux.

Le lieutenant Diop tenait la barre et parlait en même temps dans son talkie-walkie. Je me concentre sur les propos du commandant et lorsqu'il termine, il me donne un stylo et supervise les premiers enregistrements que j'y fais. Je ne sais plus quelle heure il fait quand que je termine enfin mon travail mais ce que je sais, c'est que mon ventre criait famine.

Heureusement, le commandant me demande de prendre ma pause après s'être enquis de la situation de ma cheville et je ne me le fais pas répéter deux fois. Je retourne au "carré" en me demandant quel menu il y avait aujourd'hui.

Je prends mon plat de mafé, du riz blanc accompagné de sauce au beurre d'arachide et une cannette Sprite avant de tracer ma route à la salle. Je suis contente d'y trouver Demba. Il vient à peine d'entamer son repas et me fait signe de venir m'asseoir devant lui.

Gaal gui (Le navire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant