Gaal gui (Le navire)

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Assalamoualaykoum
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Bilal Mar
Hann Maristes
Mercredi, 13 heures

Le déjeuner n'avait aucun goût pour moi. J'ai la langue amère depuis une semaine maintenant.

Ma mère m'a forcé à manger aujourd'hui, sinon je me serais contenté de croquer quelques fruits pour apaiser mon ventre.

A mesure qu'on mangeait, elle me lançait des regards furtifs. Mon père lui, me faisait des prières chaque matin lorsqu'il revenait de la mosquée. Il m'avait demandé de respecter scrupuleusement les conseils du jeune guérisseur de Saint-Louis.
D'ailleurs, je dois le revoir demain. Il allait enfin me donner l'identité de la personne qui m'a marabouté.

Après le déjeuner, je remonte dans ma chambre et m'enferme à clé.

Je m'assois ensuite sur mon lit et ouvre l'un des tiroirs. Je saisis le petit sachet de poudre et le tripote avec mes doigts, l'air pensif.

Depuis que Birima Dione m'a rendu visite avec son marabout, j'ai rangé ce remède. Je ne voulais pas détruire le traitement que m'a prescrit le jeune guérisseur.

Encore une fois, je le remets dans le tiroir et m'affale de tout mon long sur mon lit.

Les yeux rivés au plafond, je repense à ce que serait ma vie sans ce problème. . .

Je serais encore dans le navire à faire mon travail.

En contactant hier le directeur général du COSAMA, il m'avait demandé de venir au bureau le lundi prochain pour qu'on discute d'un nouvel embarquement.

La mise à pied allait devoir sauter. Je ne peux rester à la maison alors que je suis marin.
Naviguer est une passion pour moi.

C'est ce que j'ai choisi. En plus, mon salaire a été diminué avec la mise à pied.

Tout cela est arrivé à cause d'une seule et unique personne : Hakil Diop.

Oui, je suis convaincu qu'il a quelque chose à voir avec cela, même si lorsque j'en ai parlé à mon père, il m'avait conseillé de ne pas porter d'accusation hâtive.

«Cela peut même être le mauvais œil ou la mauvaise langue.» m'avait-t'il dit alors.

Depuis, je ne fais plus part à personne de mes suppositions.
La majeur partie de mes journées se passe dans ma chambre, cloîtré dedans à prier ou à méditer.

Ma foi en Dieu m'a beaucoup aidé dans cette épreuve. J'ai toujours été à cheval sur les recommandations divines, enfin . . . sur les plus importantes sans les plus banales.

Je pousse un long soupir en me relevant. Je me lève du lit et me déshabille.

Je vais prendre une douche rafraîchissante avant d'aller rendre visite à un ami malade.
Ma mère n'aime pas trop que je sorte mais je veux prendre l'air, peu importe mon état psychologique.

Dès que je pénètre dans la baignoire, l'eau fraîche détend mes muscles. Je hume le doux parfum du gel douche en fermant les yeux.

La mousse recouvre l'ensemble de la partie immergée de mon corps. J'ai mis trop de gel.

Je reste là, les yeux toujours clos et la bouche entrouverte. Mon mal me laisse un peu de répit en ces moments.

Je dois me marier. Oui, c'est la meilleure solution pour mieux guérir d'après le jeune toucouleur. Je souris en repensant à l'élève Diallo.