Prologue - 𝐋𝐞 𝐬𝐲𝐧𝐝𝐫𝐨𝐦𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞

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Je me penchai, accroupi, les mains crispées sur mes genoux. Derrière un buisson, cachée entre les branches feuillues du bosquet, je l'aperçus. Ainsi fondue dans le décor floral du mont Satori, elle semblait parfaitement innocente.
Ma nuque se noyait de sueur froide. Le cœur battant, je tendis mes doigts vers ses pétales fins et blancs comme des plumes.

La princesse de la sérénité sembla s'écarter à l'approche du contact, caressée par le vent frais de la montagne. Tout ce qui nous séparait était un maigre centimètre, pas plus. Je battis des cils, retirant vivement ma main. Dans le noir, une aura dérangeante émanait de la fleur. J'aurais juré entendre une pulsation lente provenir d'elle.
Ce spécimen se démarquait des autres. Au lieu du doux bleu qui peignait habituellement le cœur des princesses, on trouvait un rouge sang déployé sur ses pétales, en son centre.

Je me souvins de ma mère faisant courir son index sur la tige, puis, du bout du pouce, ayant effleuré la princesse de la sérénité avec toute la délicatesse du monde. Elle prenait grand soin des plantes, car elle avait connaissance du pouvoir que ces dernières détenaient. Ses yeux s'adoucissaient lorsqu'elle repérait des espèces rares, en voie d'extinction.
Depuis le jour où elle avait touché la fleur, il y avait de cela quatre ans, ma mère souffrait d'une étrange maladie.

Ironiquement, c'était une talentueuse femme de la médecine. Notre famille cultivait la tradition de l'art des plantes. Ce savoir se transmettait de génération en génération. Même après la résurrection de Ganon, mes arrière-grand-parents étaient parvenus à transmettre tout ce qu'ils savaient.
Dès ma plus jeune enfance, j'entrai en apprentissage sans le savoir. Ma mère et moi nous promenions dans les vastes plaines d'Hyrule, repérant les fleurs et les herbes médicinales. J'écoutais leurs noms, leurs propriétés. Puis, au retour de la cueillette, j'observais attentivement la concoction des onguents et des remèdes.
On aurait dit de la magie; mais ma mère n'aimait pas que j'emploie ce terme.
"Je ne suis pas une sorcière, T/P. Après tout, la médecine n'est pas l'œuvre des Hommes. C'est la magie de la Terre, et de personne d'autre."

La magie de la Terre. Au fil des années, je devins plus habile, moins maladroit en pratiquant cet art. En fait, j'allais bientôt être prêt à ce que ma mère me passe le flambeau. D'une flamme encore frêle, mais déterminée.

Puis, quatre ans auparavant, elle toucha la fleur maudite. Les symptômes se manifestèrent le lendemain, dès son réveil. Des quintes de toux la secouaient, une fièvre affreuse la clouait au lit. Bientôt, elle dut se résoudre à somnoler, n'ayant plus assez d'énergie pour être debout. Je préparai tous les remèdes dont j'étais capable. Chaque baume, chaque mélange, chaque recette. Rien à faire, je ne pouvais qu'observer son état se dégrader lentement, indépendamment de mes efforts pour l'améliorer.
Une année plus tard, je vis du sang dans le mouchoir de ma mère.
Ses veines se mirent à ressortir de sa peau pâle et grisée. Rouges et épaisses, elles saillaient comme si elles pouvaient éclater à chaque instant.

J'étais à la recherche de conseils, d'informations. Il fallait que je comprenne ce qu'était cette terrible maladie. Je fis mes bagages et promis à ma mère que je reviendrais avec une piste.

En parlant à de nombreux adeptes de la médecine, ils me dirent tous qu'ils n'avaient jamais entendu parler d'une telle maladie. Mais les symptômes s'assimilaient à un empoisonnement. Cela ne m'avait pas non plus échappé. Seulement, j'avais été contraint d'isoler l'hypothèse, ne voyant pas ce qui aurait pu empoisonner ma mère.
Mais en fouillant dans ma mémoire, je repensai à cette étrange princesse de la sérénité que nous avions trouvée un beau jour, au mont Satori.

Je retournai m'y promener, retraçant le chemin qui me paraissait le plus familier. Enfin, je retrouvai le petit bois où ma mère brassait les buissons à la recherche de fleurs sauvages.
Du même geste, j'écartai les branchages, me rappelant des éclats de la douce voix de ma mère, me demandant de la rejoindre.

"Elle est belle, n'est-ce pas ?"

La princesse rougeoyait en face de moi, mais j'étais seul, dans le noir, cette fois. Sa tige était rongées de petites épines, presque imperceptibles.
Cette fleur n'était pas pure. Quand je le compris, je sentis mon cœur se fissurer.

Ma mère, la femme qui avait soigné chacun de mes maux, était atteinte d'un syndrome hors du commun. Et je ne savais pas si j'allais être en mesure de trouver le remède à temps. Mes larmes s'échappèrent, et tombèrent au pied de la fleur. Celle-ci brilla plus fort à chaque goutte qui se fraya dans la terre. Ma mère avait le syndrome de la Princesse.

Cette scène brisante, ces retrouvailles avec la fleur; je n'en oubliai rien. Des années plus tard, j'étais pour la troisième fois revenu à la princesse, assailli de ces souvenirs. Cette fois-ci, je ne pleurais pas. J'avais un plan pour trouver le remède.

Il me fallait des princesses de la sérénité, des spécimens exemptés du maléfice de la rouge. Mais avec les années, l'espèce s'était encore plus raréfiée. J'avais donc eu une idée.

Le plateau du Prélude, cet étrange lieu surélevé. Sa hauteur l'avait rendu quasiment inaccessible. Personne ne devait s'y être rendu depuis la résurrection du Fléau. Accordément, la nature avait sans doute pu s'y développer préservée des dégâts de la guerre.

Le temps pressait, ma mère souffrait. Je partis tôt un matin, le cœur plein d'espoir.

Le souffle de l'aventure【Link x Reader♂】BOTW Où les histoires vivent. Découvrez maintenant