Cage

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Je crois n'avoir jamais été plus triste que dans cette cage faite de béton et de briques.
Cette boîte à l'air saturé, irrespirable, à ce bruit de fond constant, un bourdonnement incessant et insupportable.
Le ciel oppresseur dont l'extinction n'arrivait jamais. Et les seules lumières d'espoirs qu'il pouvait receler cachées sous sa pollution orangeâtre.
Ce ciel que j'haissait autant que je pouvais le chérir. Seul échappatoire à la vague de bitume qui m'entourait.

Je crois ne jamais m'être sentie aussi étrangère que dans cette cage.
Jamais mon environnement, la terre que je voyais chaque jour le soleil se levant et le soir le crépuscule l'emportant avec lui, ne m'a autant manqué.
Car cette boîte n'y ressemblait en rien. Car tout était gris ici et que seul le ciel de pleine journée pouvait m'apaiser par sa couleur océan. Seul le ciel de pleine journée ressemblait au mien.

Je crois ne jamais avoir eu tant de mal à respirer que dans cette cage, avec toi.
Le souffle augmentant mais devenant étrangement inutile. Parce que tout ce que j'absorbe n'est que de la chaleur brute et de l'humidité. L'oxygène s'étant vidé de la pièce. Et moi qui ne sens plus que la chaleur m'asphyxier. Augmentant mes bouffés, les sentant inutiles et recommençant car incapable de trouver une autre solution. Tandis que mon cerveau, perd pied par manque d'approvisionnement en oxygène. Les tâches noires se formant, la tête qui gonfle jusqu'à l'explosion. Les membres n'étant même plus capable de soutenir le reste de ma carcasse rougie.
La détresse, silencieuse, de mon corps, de mon esprit. Et moi, seule.
Comme une idiote j'ai toujours cru que cette cage, cet air étouffant, était dû à la mer de bitume où l'on se trouvait. Avant de voir que seule, éloignée de ta présence, de cette ombre planant au dessus de moi, j'arrivai à respirer. Que c'était toi qui te goinfrais de chaque millilitre d'air sans même réfléchir à ma présence.

Je crois n'avoir jamais autant haï quelqu'un que toi.
C'est bien le seul classement où je te désignerai premier. Tu pourrais me qualfier de cruelle mais cela fait longtemps que je n'écoute plus tes mensonges. Je m'y suis engagée.
Tu n'as jamais été capable de comprendre le sujet dont il était question. Tu ne peux jamais comprendre autre chose que toi. J'ai perdu tellement d'énergie à essayer de croire tes mensonges te dressant comme messi, martyre ou visionnaire. Je n'ai plus la force de rien, encore moins de te changer.
Je te regarde me blesser chaque jour un peu plus que je passe à tes côtés, prendre mon souffle, mon sourire et ma vitalité. Toi, tu ne remarques rien que tes égratignures. Alors je recouds mon cœur mutilé sans toi après chaque séjour dans ta cage de torture.
Mais je reviens, toujours, encore. Parce que même si ce ne sont que des compliments fades, vides, sans matière ni propos. Je ne peux m'empêcher de croquer cette capsule de poison, appâtée par l'odeur sucrée du venin.

Je crois ne jamais m'être sentie aussi oppressée qu'à cet instant, ni aussi soulagée.
Car je sais que ce sont les derniers instants dans ta prison de silence. Également des heures interminables, des jours de la longueur d'une année. Oui, c'est la fin. Je pars, je pars mais ne me regarde surtout pas. Ma liberté dont tu sembles si peu te soucier signe pourtant la fin de ma détention interminable.
Tu ne vois rien encore une fois, cela ne te concerne pas. Je ne te le dis pas non plus. Je ne te le dis pas à voix haute parce que je sais que tu n'ecouteras pas. Parce que tu n'écoutes jamais quand c'est trop sombre.
Quand c'est moche.
Reste dans ta blancheur de façade, éblouis toi les yeux jusqu'à ne plus voir ta propre crasse. Aveugle toi, cela ne me concerne plus.

Je crois ne jamais pouvoir trouver de poison plus étouffant que ta présence.
Ton poison sinueux et manipulateur. Ondulant silencieusement pour venir siffler à mon oreille, me charmer, et m'injecter ton venin sans que je m'en aperçoive. Mon cri de douleur que j'ai toujours caché au monde entier pour toi. Car ton charme a trop bien marché et que je ne peux m'empêcher de minimiser toutes tes actions après tout, les réduire à des miettes de vie.

Jamais plus tu ne me mordras. J'en fais le serment.
Jamais plus ton venin et tes yeux de pétrole ne se poseront sur moi.

CrisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant