Fête mortelle

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La musique est assourdissante à un point où les paroles, les voix, les instruments
À un point où plus rien n'est perceptible
Perdu dans un enchevêtrement de notes saturées
Mais cela n'a pas d'importance tant que les basses résonnent dans leurs corps
Que leurs cœurs paraissent battre quelques instants
Qu'ils frémissent d'une sensation fantôme d'excitation

Alors, au milieu d'une nuit sans espoir, apparaît une grimace sur leurs visages qu'ils osent qualifier de sourire
Et ils se noient dans les profondeurs glacées d'une mer de faux semblants
Anesthésiant encore un peu plus leurs carcasses décharnées

Des rires désincarnés sortent de leurs cadavres
Des sons lugubres qui se perdent dans les lumières artificielles
Des stroboscopes éclairent leurs faces blafardes et dégoulinantes
Des larmes noires s'étirant sur leurs pommettes
Du sang maculant leurs bouches
Le violet de leurs paupières confortablement installé en poches sous leurs yeux vides et sombres

La musique bat son plein
Les corps se balancent
S'entrechoquent les uns les autres sans volonté
L'un est à terre
Les autres piétinent sur place
Le son écrase tout bruit
Les voix se meurent en silence dans le vacarme

Des yeux hagards dont la flamme s'est éteintes
Ils ne supportent plus que le noir
Alors quand la lumière vivace perce leurs corps désarticulés ils ferment les yeux
Ils regardent le ciel noir et fuient les couleurs
Hurlent de toute leur force
Et hument la fumée sortie du sol qu'ils ne voient plus
Ils se font aspirer à pleins poumons

Leurs corps se meurent dans le tintement des bouteilles, du verre cassé dans un fracas étouffé foulé sans sourciller
Foulé encore et encore jusqu'à se transformer en rubis visqueux
Ils agonisent dans la fumée odorante sortie de grands tubes incandescents, sortie de partout à la fois et impossible à fuir
Ils se fondent dans le frottement des cadavres les uns aux autres
La bile amère qui en sort et toute sa visquosité véritable nectar pour ces assoiffés qui se battent pour la sucer

Tous coincés dans ce grand cloaque de bois sombre
Aucune échappatoire pour ce qui ce trouve là dedans
Un bonheur éternel
Une condamnation que l'on ne peut fuir
Mais qu'est ce qui pourrait sortir de ce tombeau
Qui viendrait chercher ce qu'il se trouve à l'intérieur
Que voudrait-on sortir d'ici
Il n'y a personne
Rien que des amas de chaire putride

CrisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant