Destinée

12 0 0
                                    


Il y avait un pays où la destinée régnait. Un pays où dès votre naissance votre vie et vos émotions étaient déterminées. Un pays lointain et mystérieux dont ne subsiste rien.

Les Eaux. Peuple pacifique et cultivé dont le calme dans la voix rappelait inexorablement les mouvements envoûtants d'une mer apaisée. Aucun ne pouvait égaler leur gentillesse et leur compassion. Ils s'adaptaient à tout mouvement, toute personne.

Les Feux. Une joie de vivre réchauffant les cœurs. Un esprit désordonné, bouillonnant de pensées diverses et variées. Et une fougue que peu avaient la capacité de maîtriser.

Les Terres. Des personnes solides dont la présence semblait imposante, omniprésente. Nés pour diriger, des âmes de leader. Pour guider un peuple et lui offrir un sentiment de sécurité, un roc sur lequel s'appuyer.

Les Airs. Un peuple froid au visage impassible. Mais à l'esprit aiguisé, sachant toujours garder un détachement presque inhumain. Une logique implacable les rendants remarquables aux yeux des autres. Un sang froid et un esprit digne d'un roi.

C'était un pays où les tensions régnaient. Entre les Terres et les Airs. Tous deux étaient destinés à diriger le monde, tous deux avaient la même destinée. Des discussions les plus enflammées aux regards de glace, la guerre faisait rage. Une guerre silencieuse et quotidienne, sûrement plus meurtrière qu'une guerre ouverte. Une guerre dont les victimes et les soldats n'étaient personne, et tout le monde à la fois.

Ce fut la naissance d'un enfant. Un Air qui naquit de l'union de deux Terres. Une infâmie, une honte. Ce fut un enfant qui, dès qu'il fut en âge de s'occuper de lui-même, fut chassé de son foyer. Car quelqu'un comme lui n'était pas à sa place chez des Terres. On n'élevait pas l'ennemi, même si celui-ci possédait notre sang. Ce fut l'enfant qui décida de se réfugier chez le peuple qui était officiellement le sien, ou en tout cas qu'on avait toujours qualifié comme sien. Ce fut l'enfant qui se réfugia chez les Airs.

Il réussit à se faire accueillir par les Airs. L'enfant réussi à retrouver un foyer, même s'il dut pour cela cacher ses origines, les oublier. Il réussit à vivre parmi les siens. Mais n'y trouva pas de famille, de proches. L'impression d'être différent de ce qu'on lui avait destiné. Ni un Terre, ni un Air.

Puis une fuite. L'enfant abandonna ce peuple qui n'était toujours pas le sien. Il vagabonda au travers du monde. Rencontra toute sorte de gens. Des personnes chaleureuses, froides, rigides, laxistes. Un voyage qui forgea l'enfant, le rendit plus fort. Qui fit de lui une vraie personne. Ni un Feux, ni un Eau, ni un Air, ni un Terre. Un voyage qui fit de lui un adulte remarquable, différent de toute autre personne que l'on avait pu voir dans le pays auparavant.

Ce fut une rumeur qui se répandit dans le pays. Une vague qui frappa les habitants. Une murmure qui grandit et échauffa les esprits, soufflant un vent de nouveauté. Il existait un vagabond, un voyageur parcourant le monde et dont l'entente avec les quatre peuples était inimaginable. Un voyageur dont l'appartenance n'était même plus discernable. C'était un voyageur possédant l'intelligence d'un Air, la prestance d'un Terre, le sourire d'un Feux et l'empathie d'un Eau.

Ce fut ce voyageur, cet enfant devenu adulte, qui réunit les quatre peuples. Un leader, un roi qui réunifia et régna sur les quatre peuples. Qui créa les fondations de ce pays tel que nous le connaissons aujourd'hui. Ce fut un voyageur, un étranger, qui devint un guide, un roi.

La légende du premier roi des quatre peuples, de celui qui brisa les destinées, n'est aujourd'hui plus qu'une légende. Jamais ne naquit depuis d'enfant sans peuple. Jamais personne ne sut si ce premier roi fut aussi exceptionnel que le conte les récits d'antant. Pourtant, lorsque l'on voyage sur les routes de pays. Quand rien d'autre que les bruits de la nature ne résonnent sur le chemin, on peut entendre un bruit. Comme une voix qui chantonne doucement une mélodie racontant l'union d'un pays. Et en observant bien, on croirait presque apercevoir la silhouette d'un vagabond, d'une personne dont la nature semble indiscernable.

CrisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant