Espoir d'Été

18

          Swann

J'approche mes doigts de sa joue dont je viens dessiner le contour. Je l'observe dormir paisiblement contre moi. Il agrippe d'une manière étrange les draps qui recouvrent nos corps. Il n'y a rien de sexuel à cet instant. C'est juste lui et moi. Et rien d'autre.

Il dort toujours, et pourtant ça doit bien faire une dizaine de minutes que je ne dors plus. Il est toujours le premier levé. Et il fait tout le temps des nuits blanches. Apparemment, celle-ci est bénéfique pour lui. Il devait être épuisé.

Quand mon envie d'aller aux toilettes se fait trop pressante, je me décolle délicatement de Carter, en essayant de ne pas la réveiller.

Je quitte la chambre à pas de loup pour rejoindre la salle de bain. Lorsque je suis de retour dans la chambre de Carter, il est réveillé. Il se tient contre la rambarde du balcon. Il ne se retourne que lorsque je me pose à ses côtés.

Il me sourit, et s'approche de moi.

— Bonjour.

Il dépose sa main sur ma joue, et vient me coller à lui. J'enroule mes bras autour de sa taille et ne le quitte plus. Ses mains glissent jusqu'au creux de mon dos. Il en retire une pour me prendre le menton. Il redresse ma tête pour inspecter mon cou à la lumière du jour.

— Tu n'as plus rien.

Je lui souris, parce que je ne veux pas qu'il culpabilise. Il faisait un cauchemar. Il n'était pas maître de lui.

— C'était un accident, dis-je.

— Je suis désolé.

— Tu l'as déjà dit un million de fois, ris-je.

Je lui tape gentiment l'épaule et m'écarte de lui. Mon ventre gargouille à ce moment.

— Je crois que y en a un qui a faim.

— Alors dépêchons-nous de le nourrir, fait-il.

Je sors de sa chambre pour rejoindre la cuisine en bas. Je sors du placard les céréales, ainsi que le jus dans le frigo pendant que Carter se charge des récipients. Je nous sers le petit-déjeuner. Et nous mangeons dans le calme, en s'adressant des regards de temps à autre.

J'observe mon téléphone plusieurs fois, à l'affut. Je ne veux pas rater un appel ou un message de Kena ou Derek. Des souvenirs de ma crise de la veille et de l'appel de ma mère ressurgissent. Je souffle et repousse mon bol. Je n'ai même plus faim avec toutes ces conneries.

Carter arrête de manger.

— Qu'est-ce qui a ?

Je secoue la tête.

— Merci pour cette nuit.

— Merci pour hier soir.

Nous échangeons un regard qui vaut mille paroles. Puis il replonge sa cuillère dans le lait.

— Tu devrais envoyer un message à ton frère.

Il se fige.

— Si tu veux faire un pas vers ta guérison, commence par là.

Il ne pipe pas mots, et continue de manger, mais je sais qu'il m'écoute. Il le fait tout le temps. C'est d'ailleurs une des choses que j'ai remarquées. Il écoute tout le monde, de peur de ne pas être écouté en retour. Et il observe. Oh oui il observe. Ses yeux et ses oreilles sont ses plus grands atouts, si on fait abstraction de la profondeur de son regard, et de son corps divin.

Je range les affaires qui trainent et regagne ma chambre pour prendre le nécessaire pour me doucher. Je n'oublie pas mes habits cette fois-ci.

Je prends mon temps sous l'eau pour faire le vide. Lorsque ma main passe où mon cœur bat, j'ai l'impression de ressentir la main de Carter. C'est comme s'il était là, à mes côtés, mais sans l'être. Il s'ancre en moi comme une morsure.

Je sens mon cœur rater un battement à chaque fois que son regard se pose sur moi. Mon corps bouillonne à chaque fois qu'il me touche. Je tremble rien qu'à l'idée de le perdre. Je ne peux plus vivre sans lui. Sa présence apporte quelque chose à ma vie, quelque chose qui n'avait jamais existé, et qui la rend plus passionnante.

Je reconnais ses symptômes.

Les symptômes de l'amour naissant. Et je ne dois pas. Oh que non. Sinon, je suis fichue. Je tourne le robinet sur froid, et asperge mon corps avec l'eau. Je sursaute lorsque le jet vient sur ma peau. Il me glace le sang jusqu'à l'os.

En à peine deux semaines, j'ai des sentiments qui commencent à naître pour Carter.

Je m'enroule dans une serviette et m'empresse d'enfiler des habits. Je dois me changer les idées. Et si je veux passer une bonne journée, autant commencer par la chose que je redoute le plus : l'appelle avec ma mère.

Le répondeur ne sonne même pas, qu'elle décroche.

— Bonjour maman.

— As-tu accepté la proposition de Polytech ?

— Oui maman, mens-je.

— Si j'apprends le contraire, sache que je te coupe les vivres.

— Bonne journée. Maman.

Je détache chaque syllabe de ce mot.

— Attention Swann, un coup de file et tu n'as plus rien.

— Fait donc, me retiens-je de dire.

Il ne me reste que quelques semaines à attendre. Quelques semaines c'est rien comparé à tout ce qui m'attend dans ma vie. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans cette école d'ingénieur. Je ne veux pas devenir ingénieur, et pourtant c'est le vœu de ma mère. Elle qui ne souhaite pas que je gâche mon talent pour des sottises. Et bien qu'elle se prépare à ce qui va suivre dans les prochains jours. Je ne serais plus sa petite fille docile.

— Oui maman.

— J'attends ton prochain coup de fil avec impatience.

— Bonne journée.

— Ne tarde pas trop ma fille. Bonne journée à toi aussi.

Elle raccroche puis je dépose mon téléphone sur le rebord du lavabo. Je ne quitte pas une seconde le reflet.

— Swann, tu as bientôt fini ?

Je me redresse d'un seul coup, et me cogne la main contre l'angle du meuble.

— Ça va là-dedans ?

— Oui, je viens juste de ma cogner, râlé-je. Je sors dans quelques minutes.

Je l'entends s'éloigner. Je m'active à tout ranger, me brosser les dents, et me lave le visage. Je brosse mes sourcils et recourbe mes cils. Je quitte la salle de bain pour rejoindre ma chambre.

Mes yeux tombent sur le papier que nous nous sommes échangé à la soirée l'autre jour avec Kay. J'ai une petite idée de la journée que je pourrais passer aujourd'hui.

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    Et voilà le chapitre 18 ! À demain pour le chapitre 19 ✨
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🔫 Morgane M.