27

2.4K 106 2
                                    

          Carter

— Tu as l'air d'aller mieux.

Sa remarque me fait sourire, parce que d'un côté oui je vais mieux, mais de l'autre, je continue de garder cette façade.

— On peut dire ça.

Kateline prend bien soin de choisir ses mots, je le sais, puisqu'elle met du temps à me répondre.

— Tu sais Carter, j'ai longtemps repensé à nous deux.

Je ne peux pas lui en vouloir. Nous sommes restés ensemble pas loin de quatre ans. Elle a fait partie de ma vie, et elle aura toujours une place dans mon cœur. Mais à la fin de notre relation, nous étions devenus toxiques l'un pour l'autre. Surtout moi.

— On a vécu une belle histoire.

— Oh ça oui.

Je prends sa main dans ma mienne.

— Carter...

— Pourquoi es-tu venue Kate ?

Lorsque je prononce son surnom, elle sert un peu plus ma main.

— ça m'avait manqué, de t'entendre dire mon nom.

— Kateline, pourquoi ?

Elle souffle et se passe une main sur les yeux.

— ça tourne en boucle dans ma tête Carter, je ne pense qu'à ça depuis plus d'un an.

Je sais très bien à quoi elle fait allusion. Je n'ai même pas su la protéger aux moments des faits. J'aurais dû la préserver de tout ça, mais non. J'ai plongé, et je n'ai jamais tenté de remonter à la surface.

Du moins, pas avant l'arrivée de Swann dans ma vie.

— Je te revoie encore sur ce lit d'hôpital, branché à toutes ces machines, plongé dans le coma.

Mon corps frisson lorsque les souvenirs remontent à la surface.

— J'ai cru te perdre pour de bon lorsque Derek m'a appelé pour m'annoncer ce qu'il t'était arrivé. Et pourtant, tu continus à y retourner.

Elle a à présent le visage ravagé de larmes. Son mascara coule sur ses pommettes, nettoyant sur son passage toutes traces de maquillage.

— Je n'arrive pas à saisir.

— C'est la vie que j'ai décidé de mener, dis-je.

Elle lâche ma main, et se relève, furibonde.

— Comment peux-tu faire comme s'il ne s'était jamais rien passé ? Comme si tu n'avais jamais été torturé et séquestré ?

C'est à mon tour de sentir la rage monter en moi. Elle n'est pas légitime de me dire ça. Personne ne l'est. Elle n'a pas vécu ce que j'ai vécu.

Leurs lames, leurs feux, leurs cordes, leurs fouets. Mon corps en a encore le souvenir. Je suis marqué à vie par ses enfoirés, parce que j'ai voulu faire ce qu'il y avait de juste. Sauver une femme et ses enfants de leurs griffes. Elle ne peut pas me reprocher de me raccrocher à la dernière vision positive que j'ai de mon métier.

— Je t'interdis de dire ça !

Je retire furieux mon t-shirt, pour lui exposer à la vue mon torse. Elle ne la plus vue depuis ce jour.

Elle couvre sa bouche de sa main, et s'écroule par terre à genoux en voyant le fardeau que je porte.

— Ils m'ont gravé la peau Kate ! Je ne pourrais jamais effacer ce qu'il m'est arrivé, mais je tente de vivre avec !

Elle se recroqueville sur elle-même, encercle ses jambes de ses bras. Son corps est secoué par ses violents sanglots.

Je n'ai jamais voulu qu'elle voie ça, et pourtant je le fais. Parce que j'ai besoin qu'elle prenne conscience que je suis toujours le Carter qui s'est réveillé dans cette chambre d'hôpital, un tube dans la gorge et qui hurlait parce qu'il les voyait toujours à côté de lui. Il les voyait le menacer, se délecter de ce qui allait suivre. Je suis toujours le Carter qui regarde avec dégoût ce qu'il a sous ses yeux.

Ils n'ont pas eu le temps de m'arracher les tétons, comme ils s'amusaient à me le dire inlassablement.

Je me rappelle les cris des femmes, de ses enfants, qui se faisaient violer à côté. Et j'étais impuissant. Je ne pouvais rien faire. J'étais ligoté à une chaise, affamé, et la plupart du temps je tombais dans les pommes à cause de la douleur de leurs coups.

Je refoule la réalité depuis trop longtemps. Peut-être que lui montrer la vérité de ce qui s'est passé, pourrait m'aider à avancer.

J'ai arrêté les séances de psy quand ce n'était plus obligatoire, parce que j'en avais marre de voir le regard de pitié de la femme qui me posait toujours les mêmes questions, et a qui je disais toujours les mêmes choses.

— Kate...

Elle se calme un peu au son de ma voix. Je m'approche d'elle pour la relever et la serrer dans mes bras.

— Je suis désolée Carter. Tellement désolée de ne pas avoir su être là pour toi comme je me le devais.

— Ne dis pas ça, parce que tu as fait ce que tu as pu. Je ne t'en voudrais jamais. Kate, je ne sais pas si j'avais réussi à surmonter les premières semaines sans ta présence.

Elle se recule pour se rassoir avec moi.

— Tu as été une femme formidable avec moi.

— Et toi donc. Je me rappelle encore ce jour où je suis rentrée d'une journée très longue de l'université, et que tu m'as fait la surprise d'être là.

Je souris, rien qu'en y repensant.

— J'avais acheté du caviar, parce que tout le monde trouvait ça cool. Mais le soir t'en as fait une allergie.

On rigole du bon vieux temps pendant plusieurs minutes. On se remémore des anecdotes plus drôles les unes que les autres.

— Tu as été mon premier amour, fais-je.

— Et toi, le premier homme à être réellement digne de moi.

Sa visite impromptue a fini par devenir idéale.

— Je ne regrette pas ce qui s'est passé entre nous.

— Moi non plus. Mais il y a une chose que je regrette... c'est de ne pas avoir su tenir pour nous.

Une voix lointaine vient rompre notre discussion.

— Ce soir on sort, vous venez ?

•••••

    A demain pour le chapitre 28 💗
Si vous voulez me soutenir, n'hésitez pas à partager mon roman sur vos réseaux, à en parler autour de vous ! Ou encore à voter, et me donner votre avis en commentaire !
Belle soirée/matinée/journée ☺️

Instagram : @loverofwordsnlove
TikTok : @loverofwordsnlove
Vous cherchez des conseils sur l'écriture, venez écouter mon podcast : Les Amoureux des Mots
Voici tous mes liens : https://linkr.bio/morgane

🔫 Morgane M.

Espoir d'ÉtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant