Espoir d'Été

08

          Swann

Depuis que nous nous sommes parlé, j'ai l'impression que ça a aussi eu son effet sur Carter, car ce matin, il nous a préparé, encore une fois, des pancakes. Il porte un sourire en me voyant arriver fraichement sortie du lit. Son regard coule sur mes jambes découvertes par le short de pyjama que je porte, puis s'attarde à l'endroit exact de mes vergetures. Un haut-le-cœur me prend.

Son regard sur mon corps me fait l'effet de la braise, mais à cet endroit, j'ai l'impression qu'il viole mon intimité. Il doit le ressentir, puisqu'il s'empresse de dire :

— Mignon le pyjama Mickey.

Je lui adresse un faible sourire, puis m'installe face à lui. Il pose une assiette devant moi, avec un pancake fraichement cuit. J'étale de la pâte à tartiner dessus. Alors que je croque dedans pour la deuxième fois, je me stoppe en le voyant toujours m'observer.

— Quoich ?

Je manque de faire tomber mon pancake sur le plan de travail. Il se moque gentiment de moi.

— Rien.

Je hausse mes sourcils, très peu convaincante sa réponse.

— Je t'assure.

— Tu vas devenir Pinocchio un jour, commenté-je.

Je passe derrière lui, et tente de saisir un verre. Et comme l'autre nuit, je sens Carter dans mon dos. Mais cette fois-ci, il est beaucoup plus proche de moi.

Je sens son souffle s'écraser au sommet de mon crâne, et sa main effleure intentionnellement mon épaule. Tout mon corps se tend. Je retiens ma respiration et attends qu'il se décale, mais ça ne vient pas.

Lorsque je l'entends poser le verre sur le marbre, je ferme mes paupières. Il revient à mes côtés et descend mon bras, toujours suspendu en l'air. Il dégage ma nuque de mes cheveux, tandis que mon souffle vient se coincer dans ma gorge.

A quoi joue-t-il ?

— Carter...

Son nom dans ma bouche à l'effet de le réveiller. Il s'éloigne de moi, et repars à sa tâche. Je me retourne et observe les muscles de son dos roulés sous son t-shirt blanc.

Et c'est là que je remarque. La transparence du tissu laisse apercevoir des taches d'encre. Il a des tatouages. Je reste clouée sur place jusqu'à ce que je vois arriver les tourtereaux du haut des escaliers.

Je me sers un verre puis m'empresse de me poser dehors, sur un transat, avec un livre que j'ai pioché dans le sac à l'entrée. Je ne sais pas à qui il appartient, mais j'espère qu'il pourra me faire passer le temps, et me déconnecter de la réalité.

Kena me rejoint rapidement tout en déjeunant à côté de moi.

— Bien dormi ?

Je pose le bouquin à côté de moi.

— ça va.

— Pas très bavarde, hein.

Je souris.

— Et toi tu lis toujours aussi bien en moi.

— Ce n'est pas pour rien que nous sommes meilleures amies.

Derek passe sa tête à travers la baie vitrée.

— Je vois qu'on se fait des confidences sans moi.

— Mais non, on t'attendait justement pour commencer, contredit-elle.

Il s'installe de l'autre côté, tandis que je fixe mon regard sur mes mains, qui se sont saisies du livre pour le triturer.

— Que se passe-t-il dans cette magnifique tête ?