Swann
Je monte à l'avant au côté de Kena qui est à la tête du volant aujourd'hui, qui s'empresse de mettre sa playlist d'été. J'ouvre la vitre, et passe mon bras à travers, pour savourer l'effet du vent qui rafraichit un peu mon corps.
Lorsque like that de Bae Miller passe, je ne peux m'empêcher de penser au dernier mec qui est entré dans ma vie. Rey. Un prénom qui restera gravé à l'intérieur de moi. Je n'étais pas amoureuse de lui, loin de là. Mais j'éprouvais de profonds sentiments à son égard.
Ce qui a détruit le peu de relation que nous avions construit ensemble en deux mois, c'est la tromperie. Et oui. Sans surprise. Et je sais très bien pourquoi. Parce que j'ai refusé de coucher avec lui, je n'étais pas prête à le faire avec lui. Monsieur ne pouvait pas se contenter de moi, et des préliminaires que nous faisions, alors il est allé voir ailleurs, et plus d'une fois.
Je l'ai surpris dans son appartement, alors que je voulais lui faire la surprise d'une sortie à deux. Quand j'ai vu un string blanc trainer sur le canapé, et que je les ai entendus dans la chambre, je ne me suis pas fait prier et suis vite partie. J'ai mis fin à notre relation par message en lui envoyant la photo de l'objet du délit.
Rey.
Un connard de plus sur la liste noire.
Lui. La société. Et le regard des gens.
Ces trois choses participent à l'image que je me suis faite de moi-même. Pas assez bien, mince, bronzée, naturelle, sexy. Ou encore trop vulgaire, moche, et j'en passe.
Kena me caresse le genou en me sentant divaguer. Je lui adresse un sourire puis détourne le regard.
Rey était mon premier mec. J'aurais pu tout lui donner, mais bien sûr, il ne m'en aurait pas rendu le quart.
Nous nous arrêtons sur un grand parking, près d'un immense centre commercial. Diverses grandes enseignes sont présentes, mais ce qui attire mon œil, c'est le cinéma de l'autre côté.
— Parce que Swann s'est endormi hier soir, je me suis dit que si nous allions regarder un film au cinoche !
Elle sautille et m'entraîne avec elle. Nous rigolons pendant que Derek nous filme et que son frère reste appuyé contre la voiture.
Nous avançons main dans la main jusqu'à l'entrée, où nous décidons, ou plutôt Kena, de regarder la rediffusion de Titanic.
Une fois nos tickets pris, ainsi que les popcorns sucrés, nous partons nous installer. Les filles ensemble et les garçons sur le rang juste en dessous. Pourquoi ? Et bien parce que Kena et moi pleurons comme des madeleines à la mort de Jack. Et pourtant, ça ne nous empêche pas de toujours le regarder.
∞
Je renifle bruyamment lorsque le corps de Jack plonge au fond de l'océan. Carter se retourne et me tend son paquet de mouchoirs, avec un léger sourire sur les lèvres. Je m'empresse de le saisir et d'en passer un à mon acolyte qui pleure aussi à chaude larme.
Derek ne bouge pas d'un poil, je parierais même sur le fait qu'il se soit assoupi, en même temps trois heures et quart la séance.
Je ne peux m'empêcher de songer que j'aimerais que Carter soit mon Jack. Celui qui pourrait me faire sentir vivante. A chaque fois que je suis près de lui, j'ai l'impression d'être ailleurs, un endroit léger, hors des lignes du temps, ou plus rien ne compte hormis nos deux âmes l'une proche de l'autre à se murmurer des choses quelles seules peuvent comprendre.
Nous sortons les derniers de la salle à la fin. Kena s'est remise de ses émotions, pendant que moi je ressasse la scène et que je me retiens de pleurer. Rose a perdu l'amour de sa vie. Si ça venait à m'arriver, je ne pourrais pas me relever. Jamais.
Je finis mes popcorns pendant que nous cheminons vers le centre commercial à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent pour déjeuner. Derek finit par nous emmener vers un fastfood, où nous dégustons des hamburgers avec des frites et un soda.
Je tends ma main vers le paquet de frite et au même moment, je tape dans mon gobelet qui se renverse, et vient rependre le liquide sur moi, et sur ma robe. Un cri étouffé sort de ma bouche. Je me lève et tente de minimiser les dégâts, mais c'est peine perdue, ma robe est fichue. L'année passée, je l'avais tachée avec du Coca aussi, et la tâche n'était partie qu'au bout du troisième lavage, alors là, envoyant tout le côté droit trempé, je me ravise et me rassoie.
Carter se lève et se pose à côté de moi pour tenter de lui aussi arranger les choses, mais sa présence près de moi allume un brasier au creux de mon ventre. Rajouter à ça ma rancune de ce matin, je le repousse.
— C'est bon, je sais gérer.
Ma réplique jette un froid dans le groupe.
— On peut passer dans une boutique si tu veux, tente Derek.
— Nan. Mangeons et rentrons, s'il vous plait.
Je m'enfonce dans le siège, et ferme mes yeux fatigués. La séance de cinéma ainsi que ma nuit écourtée, je ne rêve que d'une chose, c'est de me poser sur un transat, de faire la sieste et d'attendre la nuit pour enfin dormir.
∞
J'enroule mon paréo autour de ma poitrine qui descend jusqu'à mes mollets puis ouvre la porte. Je manque de peu de rentrer dans Carter qui à la main levée en l'air. Je l'esquive, mais sa main attrape mon poignet. Ses doigts font l'effet d'une brulure exquise sur ma peau.
— A propos de ce matin...
Il lâche mon bras, en voyant mo, regard insistant sur sa main.
— Il n'y a rien à dire.
— Si, au contraire. Je vois bien que ça a jeté un froid.
— Il n'y en a pas.
Un rire jaune le prend.
— Me prend pas pour un imbécile.
— C'est réglé. J'ai parlé à Derek, j'ai dit ce que j'avais à lui dire. Maintenant fais tes propres choix comme un grand. T'as quoi...
— 24 ans, finit-il.
— Et tu ne vis pas pour toi. Prends les choses en mains.
Il fait demi-tour, blessé par ma dernière phrase, mais en même temps, ce n'est que le reflet de la réalité. S'il ne prend pas sa vie en main, s'il ne fait pas les choses dont il a envie, s'il se refuse à vivre, ou ne vit seulement que dans les moments où il est entouré, alors ça ne sert à rien. Autant se laisser tomber dans le vide.
Il n'arrive pas à demander de l'aide, mais ne tente pas de le faire par lui-même. S'il veut aller mieux, il doit d'abord faire le premier pas.
Je l'entends revenir vers moi. Je me retourne pour lui faire face, tandis qu'il me balance à son tour :
— Toi aussi, arrête de vivre selon le regard des gens, et peut-être qu'un changement se fera.
Il ouvre la porte de sa chambre et s'y enferme. Il voulait me blesser, mais sa phrase a fait l'inverse. Il a raison, je devrais peut-être commencer par moi, au lieu de tenter de lui ouvrir les yeux à lui.
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J'espère que ce chapitre 7 vous plaît. À demain pour le chapitre 8 ✨
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Espoir d'Été
RomanceTW : traumatisme de guerre, torture physique et psychologique, scènes explicites, agression sexuel, viol, meurtre, ... Lorsque Swann rencontre pour la première fois le frère de son meilleur ami, elle ne pensait pas faire face à un homme autant br...