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           Swann

Ça doit bien faire une bonne demi-heure que je suis dans la voiture, à pianoter sur le volant, en fixant la maison.

Après l'aéroport, je ne voulais pas rentrer tout de suite, je ne voulais pas sentir le vide de Carter. Je ne voulais pas rendre la chose encore plus réelle, alors c'est pour ça que je me retrouve garé devant ma maison d'enfance.

La Tesla blanche n'est pas là, signe que ma mère non plus n'y est pas. En revanche, la moto de mon père est garée juste devant la porte du garage.

Je ne sais pas vraiment pourquoi j'attends. Je sais pertinemment que si je suis venue ici, c'est bien pour enfin tourner la page de cette ancienne vie. Je veux récupérer mes affaires, voilà tout.

Je pourrais rentrer. Mais au fond de moi, c'est comme si j'attendais le retour de ma mère pour le faire. Pour la confronter à toutes ces années.

Je sais au fond d'elle qu'elle m'aime. Mais elle ne m'aime pas de la bonne manière. Non. La toxicité de notre relation mère-fille me le prouve.

Je finis par retirer les clés du moteur, et claquer la porte de la voiture. Je me dirige d'un pas déterminé, puis sonne. Il ne lui faut que quelques secondes pour m'ouvrir.

— Papa, soufflé-je.

Il n'attend pas pour me prendre dans ses bras.

— Oh ma fille, tu m'as manqué.

Il m'embrasse la joue, sa barbe venant râper ma peau. Ça fait un mois que je ne l'ai pas vu, et il n'a pas changé. Son ventre est toujours là, un peu rebondi, et ses cheveux sont toujours aussi gris, quoiqu'un peu plus long.

Il remet ses lunettes en place puis me laisse entrer. Je me dirige d'instant vers le plan de travail, où je m'installe sur les tabourets, suivie de mon père.

— T'as bronzée, remarque-t-til.

Je lui souris. Il me prend les mains.

— Raconte-moi tout.

J'ouvre la bouche, mais il ne me laisse pas le temps d'en placer une.

— Comment vont Kena et Derek ? Je suis sûr que ces deux là se chamaillent encore. Ça a sûrement dû être difficile pour toi de tenir la chandelle. Et puis...

Il se stoppe dans son récit, fait une légère grimace puis dit :

— J'ai recommencé.

— Ce n'est rien.

Il secoue sa tête.

— Je t'en prie, raconte-moi.

Je me mords la lèvre inférieure.

— Ce que tu ne sais pas, c'est que le frère de Derek est venu avec nous aussi.

Il hausse les sourcils.

— Ah bon ? Comment il est ce grand gaillard.

Je ne peux empêcher un sourire éclatant naître sur mes lèvres. Plusieurs images de Carter défilent dans mon esprit.

— Il s'appelle Carter, et il est militaire.

— Un militaire ? Pas trop rigide alors.

Je manque de m'étouffer avec ma salive. Mon père me tape l'épaule.

— Nan mais Swann, je ne pensais pas à ça.

Je pouffe au même titre que lui, quand la porte d'entrée s'ouvre à la volée pour laisser entrer une tornade blonde.

Espoir d'ÉtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant