45

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Swann

Je reste plantée devant la porte d'entrée. Je fixe dans le vide Carter s'activer pour refaire son sac. Il a revêtu son uniforme, et s'est rasé les cheveux. Ça doit faire à peine une heure que nous sommes arrivés, et il part déjà. Il passe sans cesse une main sur son crâne et essuie sa transpiration du revers de sa manche.

Il claque le coffre, puis passe à côté de moi en me souriant et en frôlant mon bras. Je me retourne pour continuer à la suivre du regard. Il se sert un verre d'eau, puis part en haut, pour redescendre avec son téléphone et son chargeur. Kena ferme la boîte qui contient des trucs à grignoter pour l'avion.

Derek s'engouffre dehors, suivit de près par Carter.

— Swann ?

Je me détourne d'eux pour répondre à Kena.

— Oui ?

— Ça va.

Je m'approche d'elle, pour m'appuyer contre le plan de travail.

— Oui. Fin je crois. Je sais pas.

Elle pose une main sur mon épaule.

— Il reviendra, tu n'as pas à t'en faire.

Elle tente de me rassurer, mais ça ne change rien.

— Et s'il lui arrivait la même chose qu'il a eu ? Hein ?

Elle me prend dans ses bras, et me berce contre elle. Je ne veux pas le retrouver détruit. Je ne veux pas que tous les efforts qu'il a fait soient réduits à néant. Je veux qu'il puisse avoir le répit qui lui est dû.

Un raclement de gorge nous sort de notre accolade. Je passe une main sur mon visage et me tourne vers Carter, qui a surement tout entendu.

— C'est l'heure.

Il vient prendre dans ses bras Kena.

— Fais attention à toi.

— Comme toujours.

Il lui sourit, puis se tourne vers son frère.

— On s'est tout dit.

Carter hoche la tête, tape la main que son frère lui tend, puis il me prend la mienne pour nous emmener à la voiture. Je gagne le siège côté passager. Avant qu'il ne démarre la voiture, il prend mon menton entre ses doigts. Puis m'embrasse. Je réponds à son baiser en glissant mes mains derrière sa nuque pour presser un peu plus ses lèvres contre les miennes.

Nous finissons par nous détacher l'un de l'autre sans jamais se quitter du regard. Puis Carter démarre pour partir en direction de l'aéroport.

Tout au long du trajet, ne fait que regarder le paysage défiler. J'aimerais arrêter le temps, pour qu'il ne parte pas. J'aimerais le garder à moi. Mais je ne peux pas. Je ne dois pas. Je ne peux pas lui demander de rester. Je ne peux pas le supplier de rester. Non. Je dois le laisser faire. Je dois le laisser y aller. Je dois lui faire confiance.

Je peux sentir des larmes dévaler mes joues. Silencieusement, je les essuie de temps à autre, sans jamais regarder Carter.

La peur de le perdre me bouffe, mais je dois arrêter de penser. Plus j'y pense, plus je me torture l'esprit.

Je n'ai même pas fait attention que la voiture s'était arrêtée sur le parking. Je glisse dehors, essuie rapidement mon visage à l'aide de mon t-shirt, puis ouvre le coffre. Je prends son sac que je pose à mes pieds.

Sans un bruit, il prend mon visage en coupe. Ses pupilles s'assombrissent en voyant l'état de mes yeux.

— Si tu pleures, je ne pourrais pas le faire.

Je hoche la tête, tout en me mordant l'intérieur de la joue. Je prends la hanse du bagage, mais Carter proteste.

— Je veux le faire, dis-je.

Il entrelace nos doigts, et nous avançons ensemble, jusqu'aux portes, où nous nous arrêtons.

— Bon...

Il piétine le sol, et tente de trouver les mots justes, mais il n'y en a pas. On ne peut pas se préparer à un au revoir, ou à un adieu. Non. On ne peut qu'encaisser et aller de l'avant. Je dois me raccrocher au seul fait que c'est un au revoir, et qu'il reviendra.

Je sers sa main, comme je voulais qu'elle s'imprègne dans la mienne. Je fais tourner la bague qu'il m'a offerte autour de mon annulaire, puis la porte à ses yeux.

— Je pourrais me consoler avec ça.

J'essaie de rendre l'atmosphère plus légère, mais je n'y arrive pas. Seuls des sourires tristes se forment sur nos lèvres. Il jette un rapide coup d'œil à sa montre, puis souffle.

— Je dois vraiment y aller.

Son sourire faiblit. Sa main libre tremble légèrement, alors je l'attrape pour glisser ma bague sur son auriculaire.

— Tu seras obligé de revenir pour me la rendre maintenant.

J'embrasse l'emplacement de la bague, puis me mets sur la pointe des pieds pour glisser mon visage dans le creux de son cou. J'hume pour la dernière fois son odeur, avant un long moment.

— Un mois c'est rien, souffle-t-il. C'est quatre semaines.

Sa voix tremble.

— C'est vingt-huit jours, finis-je.

Une larme roule sur mon visage. Lorsque je croise son regard, je peux le voir rempli d'eau. Je laisse tomber son bagage à nos pieds.

Je passe mes pouces sous ses yeux puis l'embrasse. Il pose ses mains sur ma taille pour venir me serrer contre lui. Un goût salé vient s'ajouter à notre baiser. Surement mes larmes. Je ne veux pas me séparer de lui. Mais à bout de souffle, nous nous écartons. Carter colle son front contre le mien.

— Je t'aime, me souffle-t-il.

Mon cœur loupe un battement. L'entendre dire ces trois petits mots me fait perdre pied.

— Moi aussi je t'aime.

Il ferme ses yeux, puis les rouvre après avoir pris une grande inspiration. Il s'abaisse pour prendre le sac. Lorsqu'il l'a en main, il embrasse une dernière fois mon front, puis commence à faire demi-tour. Je l'accompagne uniquement pour rentrer à l'intérieur, puis je m'arrête à quelques mètres de la porte.

Je le regarde s'éloigner. Je mords l'intérieur de mes joues pour ne pas m'effondrer.

Alors que je m'apprêtais à regagner la voiture pour rentrer, il se stoppe. Puis s'avance de nouveau vers moi. Je fronce les sourcils lorsqu'il plonge dans sa veste, et son t-shirt, pour en ressortir sa plaque militaire. Je ne l'avais jamais vu avant aujourd'hui.

Il la fait passer par-dessus sa tête, pour venir me la mettre au tour du cou.

— Comme ça, tu m'auras toujours avec toi.

Il caresse ma joue.

— Veille sur elle. Je la reprendrai à mon retour.

Je lui offre un dernier sourire, puis observe sa silhouette disparaître dans la foule.

Il reviendra. Je le sais.

•••••

    Et voilà le chapitre 45 ! Plus que deux avant la fin 😜
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🔫 Morgane M.

Espoir d'ÉtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant