Espoir d'Été

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          Swann, le 27 août

Depuis que j'ai quitté la maison de mes parents, je squatte chez Kena et Derek. A leur plus grand bonheur, ou malheur. Quoi qu'il en soit, ils font tout pour me changer les idées, parce qu'ils savent à quel point l'absence de Carter me pèse.

Je ne sais même pas quand il rentre. Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis son départ, et je dois avouer que ça m'inquiète, mais je fais comme si de rien était. C'est plus simple, que de me torturer l'esprit à trouver le pourquoi.  Et pourtant, depuis une semaine, je ne dors pas bien, et j'ai des migraines qui viennent par intermittence.

J'ai aussi revu mon père depuis ce fameux jour. Il ne m'a pas parlé de ma mère. Il a seulement voulu en savoir plus sur mes vacances. Alors je lui ai raconté pour Carter et moi. Croyez-moi quand je vous dis que son visage s'est décomposé. Il a pensé comme moi : « c'est bien la seule chose à laquelle je n'aurais pas pensé pour que tu puisses trouver l'amour. Le frère de ton meilleur ami, et ben dis donc, madame fait fort ».

On a ri. Il m'a charrié mainte et mainte fois. Puis il est parti. Et ça m'a fait bizarre. Avant, je n'avais que de rares conversations comme celle-ci avec mon père. Mais maintenant que j'ai coupé les ponts avec ma génitrice, je veux garder le seul parent qu'il me reste.

Aujourd'hui c'est mon anniversaire. Ah la vieillesse.

Je quitte les draps pour venir enfiler un gros pull par-dessus ma tête, ainsi que le pantalon de mon pyjama. J'ai à peine fait un pas en dehors de la chambre, que Kena me saute dessus avec son enceinte qui hurle Happy Birthday.

J'accueille son câlin avec entrain, tandis qu'elle hurle :

— Joyeux anniversaire !

Elle ne s'arrête qu'en même temps que la musique. Je lui souris, même si je déteste qu'elle ait hurlé comme ça tout près de mon oreille, ainsi que son enceinte, alors que je viens à peine de me sortir du lit.

— J'ai cru que tu n'allais jamais venir.

Nous descendons les marches de l'escalier et une bonne odeur de chocolat m'accueille. Derek sort de la cuisine avec un tablier taché de farine et de ce que je présume être du chocolat.

— Il paraît qu'aujourd'hui quelqu'un fête ses dix-neuf ans.

Je souris, sachant pertinemment de qui il parle, mais je fais quand même un tour sur moi-même pour balayer la pièce du regard.

— Ah bon ? Où ça ?

Ses bras m'arrêtent. Il m'enlace, me tachant au passage, mais je m'en fiche.

— Bonne anniversaire.

Je m'empresse de me jeter dans la cuisine une fois notre accolade terminée. Le gâteau trône fièrement sur le plan de travail, et n'attend plus que d'être mangé. Je me saisis d'une cuillère et la plonge dedans.

Derek et Kena me regardent éberlués de ce que je fais. Je hausse les épaules et lèche la cuillère.

— Hmm, délicieux.

Kena prend elle aussi une cuillère et fait de même. Derek secoue sa tête, puis nous quitte pour revenir changer. Il porte une chemise noire, avec un pantalon de la même couleur.

—  Tu vas à un enterrement où quoi ?

Kena pouffe, pendant que Derek fronce les sourcils.

— Tu ne t'habille pas ne noir d'habitude.

— Rien n'est habituel depuis les vacances Swann.

Et il a raison.

Depuis que nous sommes partis, et maintenant revenu, rien n'est comme avant. J'ai changé. Je ne pense plus au regard des gens sur mon corps, ni aux remarques qu'ils pourraient me faire. Seul mon jugement importe. Et encore. Je sais que je suis très intransigeante.