chapitre 15

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    « Weiwei ! » Hurla Làng à l’entrée de ma chambre.
  _Laurin va-t’en, lui dis-je ». Il se leva promptement et s’en alla en essayant de dire quelque chose ; mais il n’arrivait pas à cause de la peur qui le saisissait.
    A cet instant-là, je ne sus quoi dire à Làng. Il me fallait lui dire la vérité ; il le méritait bien, puisqu’il venait d’entendre ce qu’il ne fallait pas.
    « Weiwei, peux-tu me dire ce qu’il se passe exactement ici ?
  _Eh bien, que dire d’autre, si ce n’est que : le Dr Laurin est mon amont ? Le dis-je avec sourire.
  _Comment peux-tu faire une chose pareille, deviens-tu folle ? Ou est-ce parce que ton mari te donne tout ce que tu veux ?
  _Répète-le moi un peu ! Me donne tout ce que je veux ? Cet homme que tu appelles beau-fils, n’est rien d’autre qu’un homme diabolique.
    A peine ai-je fini ma phrase, qu’il me donna une gifle.
  _Comment peux-tu dire cela de ton mari ? Je retirai mon haut et lui montrai mes cicatrices. Il les toucha silencieusement. Depuis quand te bat-il ? Me demanda-t-il.
  _Depuis le jour où je suis entrée dans sa vie ; 3ans. Cela fait trois bonnes années qu’il me bas ; mais sais-tu, ce qu’est le pire ? Le pire c’est que le jour où tu m’as vendu, tu as perdu le peu de respect que j’avais pour toi ; depuis ce jour, tu n’es plus mon père ; depuis ce jour, tu m’as rendu orpheline de père. Je n’aie plus de famille depuis cette nuit où tu m’as livré à cet homme ; jusqu’à ce que je rencontre Laurin ; il a tout changé en moi, il m’a redonné goût à la vie, il, m’a sorti de l’amertume et aujourd’hui je peux sourire pleinement, sans y être forcé. Car, grâce à lui, je vais pouvoir être mère.
  _Tu veux dire…
  _Pas faux, ce bébé est de Laurin. Nabal ne veut pas d’enfant ; alors à chaque fois, il me donnait des pilules de contraception ; des Norlévos. Laurin m’a fait faire des tests et cela a prouvé avec certitude sa paternité. Viens avec moi ; lui dis-je. Je le pris par la main et je l’emmenai dans la chambre froide.
  _Vois-tu cette pièce ? C’est là que m’enferme Nabal quand je ne lui fais pas plaisir ; il m’enferme pendant trente minutes. Sais-tu combien c’est douloureux pour mon corps ?
  _Ne sût-t-il pas que tu es allergique au froid ?
  _Justement, c’est parce qu’il le sait, qu’il me fait cela.
  _Comment peut-on faire une telle chose à sa femme ? S’enquis-t-il.
  _Demande lui donc ; comment peut-il me faire une chose pareille ? Il y a encore pire. Viens avec moi. Je l’emmenai dans la grande salle.
  _Vois-tu ce lieu ? C’est ici, que Nabal a… abusé de moi en me battant. Je venais tout juste de sortir de l’hôpital parce que j’avais… failli mourir par sa faute. Vois-tu combien la vie peut être cruelle avec moi ? Dis-toi aujourd’hui, que tu as vendu ta fille au diable ».

Après ces mots, il tomba genoux au sol et pleura ; je pris les escaliers et remontai dans ma chambre pour pleurer sans retenue. Anne vint vers moi pour me consoler en me disant que je fis bien de lui dire la vérité.
    Je n’avais jamais imaginé un jour pouvoir dire à mon père à quel point il avait ruiné ma vie ; à quel point je souffrais dans cet enfer. Plus les années ont passées, plus je me suis dit que ma vie ne changerait jamais, que le timing de Nabal serait à toujours, mon ombre qui me suivrait partout. Que je mourais sans enfant. Mais aujourd’hui, les choses sont différentes, je peux regarder mon ventre grossir, je peux embrasser l’homme que j’aime avec passion, je peux même lui dire combien je l’aime, je peux me sentir aimer. Dire la vérité à mon père m’avait vraiment fait du bien.
    Les jours se sont écoulés ; il ne manquait plus que deux jours avant mon accouchement. Nabal était toujours en voyage, il prenait de mes nouvelles auprès de Anne ; comme toujours, d’ailleurs, le contraire me surprendrait. En réalité, il fuyait ; il ne voulait pas, au grand jamais, me voir enceinte ; l’ayant appris trop tard, il ne pouvait guère me faire avorter, sinon c’est la mort que je risquais.
    Anne m’emmena à l’hôpital comme l’avait demandé Laurin. Il voulait que j’accouche sans trop de difficultés. Car il disait que mon corps avait déjà beaucoup souffert, alors je ne devais plus avoir à fournir trop d’efforts pour avoir mon bébé dans mes bras. « Comment te sens-tu ? » me demanda Laurin à peine arrivé à l’hôpital. « Je me sens bien, je n’ai aucune douleur ». « C’est normal, tu n’accoucheras pas avant deux jours ; viens, je t’emmène dans ta chambre ». Laurin me conduisit dans ma chambre, laissa une sagefemme me changer de vêtement et me monter une perfusion. Je n’arrêtai pas de toucher mon ventre et de lui parler ; je me disais que je pouvais demander à mon bébé de ne pas sortir précipitamment.


À suivre...

Vendu par mon pèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant