Chapitre 19

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Une pièce sombre, par semé de poussière et de toiles d’araignées. J’étais ivre d’épouvante ; tout comme Anne, je tremblais de frayeur.
    « Madame, que fait-on ? m’interrogea Anne.
  _Je ne sais guère que faire ; le mieux aurait été si nous avions une torche et un lit ou dormir et, nous n’avons rien de tout ça. Nous sommes obligés...de nous tenir la main et d’avancer piano, lui répondis-je avec une voix apeurée.
  _Monsieur ne va tout de même pas nous laisser dormir...dans de telles conditions, n’est-ce pas ?
  _Je ne sais vraiment pas ce qu’il fera de nous. Celle qui m’inquiète, c’est ma fille ; je ne sais pas comment monsieur s’en occupe ni ce qu’il fera d’elle.
  _Rien je suppose. Il ne sait pas que Lucie n’est pas sa fille, alors je pense qu’il ne lui fera aucun mal.
  _Tu as sans doute raison, je pense trop à mal ».
    Dans le noir assis sur le sol, nous ne savions ni l’heure qu’il était ni le temps qu’il faisait à l’extérieure. C’est à peine si nous pouvions voir le regard de l’une et de l’autre. Il n’y avait aucun semblant de lumière. Assises-là, à nous parler, je sentis un truc monter sur ma cuisse gauche ; cela me fit sursauter en hurlant. Ne voyant pas ce que c’était, je ne pouvais que me tapoter la cuisse en soulevant ma jupe en coton et dans l’inconscience, je tapotai aussi ma cuisse droite. Anne sans se poser une seule question, suivit le rythme de ma peur panique en cri excessif ; je dois dire qu’elle criait vraiment comme ces filles que l’on voit sur les Nollywood Tv. Quand je cessai d’hurler, elle cessa aussi à son tour lentement. Je la regardai, elle me regarda et l’on s’éclata de rire.
Un jour s’est écoulé et nous avions les estomacs vides. Le deuxième jour s’est aussi écoulé, nous devenions très faibles ; le troisième jour, nous n’en pouvions plus. Quatre jours, puis cinq jours, passés dans ce sous-sol sans boire ni manger. Nos gorges étaient asséchées, je ne sentais plus mon estomac. Nous étions à deux pas de nous évanouir, quand soudain un homme ouvrit la porte et une lumière nous frappa les yeux avec vivacité. A ce moment-là, je fermai les yeux et tombai en syncope. 
   
    Quelques heures après je me réveillai dans ma chambre. En ouvrant les yeux, je ne voyais pas très clairement, mais en voyant l’image de Laurin, je me suis cru rêveuse de lui ; cependant, il était bien là, assit à ma gauche et quand je tournai la tête à ma droite, Anne était allongée à côté de moi ; elle n’avait toujours pas repris connaissance.
    « Que s’est-il passé ? Me demanda Laurin. Je voulus dire un mot, mais je n’avais pas assez de force pour parler.
  _Où est Lucie ? Pourquoi n’est-elle pas avec toi ? » Je le regardai silencieusement et pleurai. Ne voulant pas m’inquiéter, il me prit la main et me dit que tout allait bien se passer. Après qu’il m’ait pris dans ses bras, Anne se réveilla en gémissant de douleur. La pauvre avait mal à l’estomac. Laurin s’occupa de l’ausculter de nouveau pendant quelques minutes et su ce qu’il n’allait pas chez elle.
    « A toutes les deux il vous faut au moins deux semaines pour que vos estomacs ne souffrent plus. Ce que vous devrez faire, c’est de manger pas lourd ; des bouillons de légume et des jus de fruit ; cela aidera vos estomacs à reproduire des onzièmes ». Laurin sans dire un mot de plus, se leva, c’est juste avec un regard noué de tristesse qu’il me donna en sortant de la chambre, un aurevoir.


« Peux-tu s’il te plait me dire, ce que nous avons bien pu faire dans nos vies antérieures, pour que la vie nous châtie de la sorte ? m’interrogea Anne.
  _La vie elle est ainsi, aujourd’hui elle t’embrasse, demain elle te frappe. Le lendemain elle te console, le jour d’après elle te donne un cadeau agréable ; quand tu seras dans l’allégresse, eh bien, elle te donnera un coup de poing dans le cœur, tu auras très mal, tu te diras qu’elle veut t’achever. Quelques temps passés dans cette douleur, elle aura compassion de toi ; elle te traiterait désormais filialement, jusqu’à guérir ta blessure. Quand elle verra que tu es guéri, elle te donnera un autre coup dans le cœur ; ta blessure se rouvrira et là, tu auras envie de mourir, tu désireras la mort ; mais dommage pour toi, la mort fuira loin de toi, à moins que tu ne la poursuives férocement. La vie t’a châtiée, n’est-ce pas Anne ? C’est parce qu’elle t’aime ; elle veut que tu sois forte ; elle veut que tu te relèves à chaque chute ; elle ne veut pas que tu restes à terre quand elle te fait tomber et mordre la poussière. Elle veut que tu sois forte et que tu avances sans regarder en arrière. Ne jamais abandonner Anne, c’est ce que j’ai apprise de la vie. J’ai aujourd’hui une petite fille, l’aurais-tu imaginé dans le passé ?
  _Non ! Mais la vie peut parfois être injuste, dit-elle avec désarroi en regardant le plafond comme-ci elle voyait le ciel s’assombrir.
  _Oui, elle l’est parfois, le répliquai-je en ricanant avec un ton désappointé ».

Vendu par mon pèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant