Chapitre 21

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« C'est votre fille ? Elle est magnifique, me dit Naomi.
_Oui, elle est la plus belle de toutes les enfants ; c'est une véritable princesse.
_J'aimerai bien moi aussi, avoir une fille comme la tienne avec monsieur.
_As-tu perdu la tête ?
_Non, pourquoi dis-tu cela ?
_Parce que monsieur ne te laisserait jamais avoir un enfant. Je suis tombé enceinte par pur confusion.
_Je sais, mais quoi qu'il en soit, je veux moi aussi avoir un enfant.
_Tu ne sais pas dans quelle situation tu t'es mise en entrant dans cette maison ; tu ferais mieux de sortir d'ici avant que tu n'arrives au point de non-retour, comme moi ». Naomi finira par causer sa propre perte avec son assiduité envers Nabal. Je ne pourrai la sauver de lui.
J'étais de nouveau seule dans ma chambre, alors j'appelai Laurin avec le téléphone portable qu'il m'avait donné. Son téléphone sonna une fois, il ne décrocha pas ; je relançai de nouveau l'appel ; quelques secondes après qu'il ait sonné, il décrocha son téléphone.
« Bonjour ! Lui dis-je avec anxiété.
_Bonjour ! Répliqua-t-il ; comment vas-tu ? Dit-il encore.
_Ça peut aller.
_Y a-t-il un problème ? Nabal t'a encore blessé ou c'est la petite qu'il ne t'a toujours pas rendu qui t'inquiète ?
_Non, rien de tout ça. Nabal m'a rendu Lucie, grâce à sa nouvelle maitresse qu'il a ramené à la résidence.
_Une nouvelle maitresse ? Se croit-il encore en 1990 ?
_Je n'en sais rien, mais elle est vraiment amoureuse de Nabal et veut avoir un enfant de lui. Il se mit à rire à gorge déployée essayant de me dire un mot.
_Cesse dont de rire ainsi, tu me donne la migraine. Ce que je te dis est sérieux ; cette fille m'inquiète.
_Attend, quel âge a-t-elle déjà ?
_20, 21ans...écoute, je ne sais pas.
_Bah...si elle veut avoir un enfant avec le démon, laisse-la en avoir ; c'est entre eux, tu ferais mieux de ne pas t'en mêler.
_Je ne peux pas, c'est grâce à elle que j'ai pu récupérer notre fille.
_Alors, que prévois-tu faire ?
_Je n'en sais rien pour l'instant ». « Madame ! » fit-
on interrompu par Anne qui m'appela. Je raccrochai de suite l'appel, cachai le téléphone, puis allai vers Anne pour lui demander la raison de son apparition dans ma chambre de façon inopinée.
« Madame, monsieur vous attend en bas pour petit déjeuner, me dit-elle halètement avec un sourire à faire rire un bébé.
_Mais attend un peu là, pourquoi t'es-tu hâté à me dire ça avec un sourire aussi jovial. Et je te signale que je ne porte pas de vêtement formel pour pouvoir me convier à petit déjeuner avec sa seigneurie monsieur mon mari.
_Il le sait et ne s'en préoccupe nullement.
_Dis-moi Anne, est-ce notre Dieu tout là-haut qui lui a dit qu'il revenait bientôt, raison pour laquelle il a radicalement changé ?
_Je ne sais pas, mais quoi qu'il en soit, ne nous attardons pas ici à discuter de ça. Allons plutôt en bas et petit déjeunez avec monsieur avec un véritable sourire pour une fois ».

Pendant un petit instant, juste un petit instant, j'ai cru que Nabal avait changé. Je me suis dit, peut-être que pour une fois de sa vie, il pouvait me regarder différemment. Notre naïveté devient parfois un trou dans lequel en s'enterre. On oublie tout le mal qu'on nous a fait, on oublie toute la douleur et la souffrance qu'ils nous ont causés, on oublie parfois que c'est eux qui ont été les démons de nos vies. On oublie les coups de poignard dans le dos qu'ils nous ont infligés. Ils nous ont imposés leur présence dans nos vies, sans envoyer une lettre et attendre notre accord. Pourtant, c'est encore nous qui voulons avoir pitié de leurs pauvres âmes. Nous les donnons l'opportunité de nous faire encore plus mal qu'ils ne pouvaient. Quel euphémisme. C'est cette gentillesse à outrance qui finit par en tuer certains d'entre nous.

Monsieur avait l'air différent, souriant, aimable, gentil ; on croirait un autre homme. Quel était l'objet de son euphorie ? « J'ai aujourd'hui une annonce à faire à mon épouse et ma maitresse, dit Nabal ; alors s'il vous plait, veillez disposer, rajouta-t-il aux serviteurs ». Quelque instant après que les serviteurs eurent quitté, monsieur prit la parole en faisant quelques grincements avec sa gorge pour attirer notre attention qu'il avait déjà depuis son : j'ai aujourd'hui une annonce à faire...
« Bien, je vous ai invité ce bon matin à petit déjeuner avec moi pour une raison limpide. Mon second mariage. Second mariage ? A croire qu'il est décidé à épouser Naomi.
_Naomi ma chère, tu le sais, je n'ai pas besoin de te faire une demande pour t'épouser. Tu m'appartenais déjà depuis le début de ta vie.
_De toute évidence monsieur, vous n'avez pas besoin de mon accord pour m'épouser ; vous l'avez dit vous-même, je vous appartenais depuis le début de ma vie.

Je ne comprenais plus ce qu'il se passait. Ces deux-là ne s'étaient-ils pas rencontrés il y a quelques temps ou quelques années ? Se pourrait-il que...
_Dorline, l'assistante de Anne, sera dorénavant ta dame de chambre à compter du jour de notre mariage ; dit Nabal en me sortant de ma réflexion.
_Et, puis-je savoir quand cela aura lieu ? S'enquit Naomi.
_Demain ma belle ».

Vendu par mon pèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant