Chapitre 22

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La date était prononcée, le moment des préparatifs était donc aujourd'hui. Nabal s'en alla au travail et laissa tout entre les mains de Junior. Junior fit appel à un organisateur de mariage et à deux femmes pour s'occuper de Naomi. Faire le choix d'une robe pour son mariage n'était pas chose facile, d'autant plus en une journée. Quant à moi, je n'avais que l'obligation de rester dans ma chambre et de m'occuper de ma petite fille en compagnie d'Anne.
Anne de son point de vue, monsieur n'avait pas le droit de me faire une chose pareille. Elle traitait Naomi de félonne ; car disait-elle : « je ne suis pas venu dans cette maison pour prendre ta place ».
« Que des paroles en l'air, dit Anne.
_Que t'arrive-t-il ?
_Je suis furieuse contre votre mari et sa maitresse.
_Et pourquoi donc ?
_Parce qu'ils vont se marier sous vos yeux et vous n'êtes même pas invité.
_Nabal, m'a-t-il un jour, promis fidélité ?
_...Non !
_Alors il a le droit de faire ce qu'il lui chante.
_Mais Isabelle, cet homme n'est même pas fidèle à son ombre. Il ne mérite pas d'être appelé homme.
_La vie ne fait pas de cadeau, le sais-tu ? C'est ainsi que Nabal est, il ne fait pas de cadeau. Mon seul souhait pour Naomi est que Nabal ne lui fasse pas subir les abominations qu'il m'a fait subir.
_Vous êtes beaucoup trop gentille.
_Ah bon ? Et...selon toi, le mieux pour moi serait d'être méchante ?
_Non plus, mais bon...
_Le sais-tu Anne, être gentille, je l'aie toujours été de nature ; même monsieur n'a jamais pu changer cela. Je vais te dire une chose, ne laisse jamais quelqu'un changer ce qu'il y a de bon en toi. Quand ce qu'il y a de pire en toi s'en va, pourquoi laisserais-tu ce qu'il a de bon en toi ne plus exister ? Si tu laisses tout s'en aller, il ne te restera plus rien. Tout ce qu'il y avait de pire en moi m'a été arraché par Nabal, c'est ce qui le rend plus hautain envers moi.
_Comment ça ?
_Les coups qu'il m'a donné pendant ces quatre années m'ont pris ce qu'il y avait de mal en moi ; parce qu'à chaque larme que je versai, je me sentais de plus en plus faible ; faible de contester avec lui. Je me suis alors résigné à être gentille, aimable et obéissante ; bien qu'hypocrite, cette habitude est devenue une nature ». Ces mots laissèrent Anne dans le noir, elle ne me reconnaissait plus.
Anne ne savait qu'une partie de la méchanceté de son maitre, qu'arriverait-il si je lui disais le pire châtiment que son maitre a eu à me donner le jour de son premier anniversaire passé avec moi comme épouse, que penserait-elle de Nabal ?

Naomi était vêtue de blanc de haut en bas et tenait entre ses mains un bouquet de rose blanche. Je la regardai marcher jusqu'à l'hôtel depuis la fenêtre de ma chambre ; pour je ne sais quelle raison, j'ai ressenti comme un pincement dans le cœur ; une toute petite douleur. Je ne pus contenir mes larmes avec mes yeux larmoyants. Je me demandai au fond de moi ce que ressentait réellement Nabal pour cette maitresse ; parce qu'avec moi, il n'a pas eu à dépenser quoi que ce soit, si ce n'était que l'argent des papiers à la marie et du maire. Ni invités ni serviteurs n'étaient présent, que nos témoins de mariage. Ce qui me surpris le plus c'est que Nabal la regardait différemment, sans scénario. « Dayanna » me fit précipitamment réveiller de mes pensées par Anne en m'appelant.
« A quoi donc penses-tu ? Me demanda-t-elle avec un regard attristé.
_Je pense à moi.
_A toi ?
_Oui, je me demandai il y a un instant, la raison qu'avait eu Nabal pour m'épouser ; il ne m'a jamais aimé et moi non plus, rétorquai-je avec un ton triste en regardant par la fenêtre Naomi qui tenait les mains de monsieur dans les siennes.
_En y pensant, je me le demande aussi. Dis-moi, honnêtement, ressens-tu quelque chose pour monsieur ?
_Non, je n'ai jamais rien ressenti pour lui si ce n'est que du mépris et du dégout.
_Alors quelle était la raison de tes larmes ?
_j'ai vécu quatre ans avec Nabal ; il a toujours été odieux envers moi, mais qu'a cela ne tienne, il a aussi eu un comportement des plus filiales par moment de comédie. Bien que je le sache, je ne l'en veux plus. C'est pourquoi j'ai pleuré. Par habitude de sa comédie »

La nuit venait de tomber, Lucie ne cessait de pleurer ; c'était comme-ci elle ressentait la douleur que je ressentais. Elle finit par se calmer et s'endormit après que je l'eus chanté une berceuse. J'appelai Laurin, pour qu'il me console un peu. Je rentrai dans le répertoire téléphonique et cliquai sur le seul numéro que j'avais, le sien. Il sonna, sonna et sonna, sans réponse ; je rappelai encore, il sonna, sonna et encore, il ne décrochait toujours pas. Surement était-il occupé avec un patient.
« Madame, m'appela Anne.
_Que se passe-t-il ?
_Je voulais savoir si vous aviez besoin de quoi que ce soit. Vous n'avez pas mangé de la journée, comment comptez-vous allaité Meilleure ?
_Il y a ça aussi.
_Je vous apporte quelque chose ?
_De pas lourd s'il te plait.
_Comme il te plait Dayanna ».

Naomi était désormais la dame de maison. C'est elle qui accueille monsieur quand il rentre et moi je les attends devant mon siège à la table à manger. Monsieur disait que Naomi savait le toucher où il fallait ; disant plus clairement, Naomi savait comment s'adresser à lui quand elle parlait. Il y a peu, j'ai appris que Nabal avait connu Naomi avant qu'elle ne naisse ; car m'a dit Naomi, Nabal entretenait sa mère quand elle était enceinte d'elle jusqu'à sa venue au monde, à condition que celle-ci lui cède l'enfant quand elle serait née. Nabal donna Naomi à une femme qui s'occupa d'elle jusqu'à ce jour où elle est arrivée dans la résidence. Elle avait grandi avec la pensée que Nabal allait l'épouser et, au fur et à mesure qu'elle mettait cela en tête, elle a fini par tomber amoureuse de lui. Elle m'a encore confiée un autre secret, comme quoi, Nabal posait déjà ses doigts sur elle à ses 12ans et à ses 15ans, il la dépucela. C'est pourquoi elle connaît Nabal jusqu'à ses faiblesses.
Nabal mentit à mon père que j'étais allé à l'étranger avec Lucie, tandis qu'en réalité, il m'avait enfermé dans le sous-sol en compagnie de ma dame de chambre. Avait-il en vérité, peur d'avouer à Li Làng qu'il avait fait du tort à sa fille ou voulait-il juste sauver les apparences ?


À suivre....

Vendu par mon pèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant