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ɴᴏᴠᴇᴍʙʀᴇ 𝟷𝟾𝟿𝟽

Pas le temps pour les amitiés superficielles ou l'exploration plus complète du château. Gellert s'enferme tout le dimanche dans son dortoir. Sur un bureau, il étale livres, carnets, plumes et reprends ses recherches. Une certaine rancune contre sa grand-mère s'invite. Elle aurait dut l'autoriser à prendre son indépendance plutôt que de l'envoyer ici, il aurait enfin entamé sa recherche des Reliques et mit ses plans à exécution ! Mais il est coincé. Et fuguer de Poudlard est irréaliste. Iels n'ont pas tord, après tout, il ne sera pas reconnu comme un grand sorcier s'il n'a pas de diplôme.

Et être un grand sorcier est le but. Pouvoir, contrôle, puissance, immortalité. Être invincible. 

Mais même avec un mental en pleine tempête il serait difficile de ne pas se faire déconcentrer par les rapports de forces de Poudlard : les Gryffondor et Serpentard occupent les premiers rôles dans une rivalité constante. Les Pouffsouffle et Serdaigle sont relayé∙es au second plan. Gellert trouve cet affrontement puéril. Il ne saisit pas tout de suite que le Gryffondor et le Serpentard qui se battent dans la cours à mains nues sont le résultat d'une guerre plus profonde : sang-purs contre non-maj'.

Il y a pourtant eu quelques indices : les insultes gravés dans les endroits cachés, les cases "sang-pur" ou "sang-mêlé", sans "né∙e-moldu∙e" dans l'administration de l'école... 

Mais il ne le comprends que le premier jour de cours, classe d'arthmancie, en remarquant que l'un de ses camarades de chambre est particulièrement isolé. 

« C'est le fils du dirlo, Phineus Black II. Il a dit que les sang-de-bourbes devraient avoir le droit à Poudlard, une fois. Son père l'a renié. Il devrait pas tarder à dégager. l'informe son voisin de classe. 

- C'est pas une grande perte, 'y en a tellement des Black. Iels auront forcément un héritier digne de ce nom ! commente un autre. 

- Quand même, quand on sait qu'iels ont quitter la France pour pas virer traitres aux sorcier∙es...

- Vous pourriez travailler ? Il y a des déjà des tableaux et des fantômes pour répéter les bruits de couloirs. »

Les deux commères se taisent aussitôt mais maintiennent malgré tout un regard mauvais sur Gellert qui termine son exercice l'air de rien. Black rend sa copie en premier et quitte la classe d'un pas pressé. Gellert ne tarde pas à le suivre, mais lorsqu'il croit le rattraper le couloir est déjà vide. Cet type doit avoir développé de véritables techniques de fuite. Ça fait froid dans le dos. Que pense-t-il que les Serpentard sont capables de lui faire quand il est seul ? 

❇︎

Un midi il le voit passer à coté de deux gamins aux cheveux sombres et aux regards glaciaux qui détourne aussitôt la tête. Belvina et Arcturus Black, devine-t-on. Un Gryffondor prend le plus âgé par l'épaule et un Pouffsouffle insulte les frères et soeurs. 

« Ça fait des mois que c'est comme ça.

Gellert se retourne pour trouver un jeune homme à l'air sincèrement peiné et aux cheveux bruns, un peu plus long que la moyenne. Celui qui lui a fait visiter l'école le premier jour. Albus Dumbledore, se souvient-il. 

- Il y avait des histoires de ce style, à Durmstrang. 

- Ha ?

- Pas directement à propos du sang. C'était plutôt les scandinaves plus progressistes contre les autres. »

Ils se tournent l'un en face de l'autre. Le public de la Grande Salle est trop préoccupé par les Black pour les remarquer, mais Albus reste éloigné de Gellert malgré tout. Il n'a pas envie de lui donner une réputation de traitre à son sang - parce qu'il parle à un Gryffondor - dès la première semaine. 

Albus a honte, sans trop savoir pourquoi cela arrive soudain. Il est gêné par son école intolérante prônant le règne des sang-purs. S'il avait vécu plus tôt ! Avant Phineus Black. On interdisait pas aux enfants des moldu∙es d'avoir une éducation au temps des Fondateurs, de Dilys Derwent ou de Dexter Fortescue ! S'il était né dans un autre pays... La France ou ceux de Scandinavie qui n'ont pas ces lois absurdes ! Gellert doit le ranger dans la même case que les Black et leurs idéologies... à moins qu'il ne soit d'accord avec elleux ?

« De quel coté étais-tu, toi ? 

- Je ne suis pas le mieux placé pour avoir un avis sur les sang-pur ou les né∙es-moldu∙es, je ne suis ni l'un ni l'autre. »

Comme Albus ne répond pas, Gellert continue, surpris de la facilité avec laquelle il se livre à lui :

« Je pense seulement que si on interdit aux né∙es-moldu∙es de pratiquer la magie il y aura plus d'obscurus et que s'iels ont de la magie en elleux, c'est pour l'utiliser. »

Albus hoche la tête pour ne pas trahir son soulagement et encre son regard dans celui de l'autre garçon pour ne pas penser à Ariana.

« Hé Al' ! »

« Je te cherche depuis des plombes ! se plaint Elphias, essoufflé, les mains sur les genoux. Oh, salut...?

- Hum... Elphias je te présente Gellert Grindelwald. Grindelwald, Elphias Doge. 

- Enchanté. » marmonne Gellert, qui n'a pas vraiment l'air enchanté et ne tarde pas à tourner les talons. 

Albus reste un moment hébété. Cette conversation a été si rapide et simple mais à la fois étonnamment intense. 

« Qu'est-ce qui t'arrive ? T'es rouge comme ta cravate !

- Mais rien ! se défend Albus, maladroit. On va en Bretagne ?... Eu...en botanique, je veux dire ? »

Son ami hoche la tête en pouffant alors qu'Albus rougit d'avantage. Ils filent en direction des serres. 

❇︎

Yep, je vous fais pas un Grindelwald raciste. Je trouve que ça apporte plus de choses qu'il s'en foute des moldu∙es et qu'il soit juste intéressé par la magie noire. Un deuxième Voldy ça m'intéresse pas. ('Puis li gros∙se méchant∙e raciste ça casse un peu l'aspect systémique de l'oppression qu'est plus réaliste, je pense. Les histoires avec les antagonistes qui on pour seul trait leurs intolérance ça commence à me saouler. Quand iel meure on dirait que tout d'un coup l'oppression est finie. Ce serait cool, ouais, mais dans la vraie vie il y a rarement des gros∙ses méchant∙es et pourtant on manque pas d'oppression. Mais bon je suis pas concerné par le racisme donc je laisse ça à des gens plus renseignés.)

Bon sinon cette histoire, ça va ? 

smalltown boysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant