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tw : la première partie parle de la mort, du rapport à la mort, des réflexions autour et ce d'un point de vue athée. Elle développe les personnages mais n'est pas essentielle pour comprendre l'histoire. Autrement dit si c'est un sujet qui peut vous faire du mal vous pouvez la sauter sans problème.  

ᴀᴠʀɪʟ 𝟷𝟾𝟿𝟾

Sans raison, une nuit, ça le reprend.

La sensation la plus glaçante de toutes. Elle le saisit quand il n'a plus rien d'autre à penser. Son coeur se glace et il essaye aussitôt de la chasser, mais elle persiste. 

Il réalise que la vie va s'arrêter un jour pour de vrai. Pour de vrai. Ce ne sera plus qu'un trou noir infini. L'absence de tout plaisir, de tout bonheur, il ne ressentira plus de sensations. Plus de goût, de vue, d'ouïe ou de toucher. Parce qu'il n'aura plus de corps pour les recevoir ni même d'esprit pour l'interpréter. Il ne se souviendra même pas ce qu'était le désespoir. Il sera le plus seul, le plus vide et le plus perdu de tout les hommes. Dans un monde qui n'existera même plus. Il n'y aura ni espace, ni temps, ni même vide. Il n'y aura rien que le cerveau humain ne puisse concevoir, rien de connu à quoi il pourra se rattacher. Plus rien à haïr ni à aimer. 

Quand il y pense, il a l'impression que sa vie est un doux rêve qu'il doit quitter pour un cauchemar éternel. On pourrait la qualifier de "peur de la mort". Mais même le mot "terreur" ne serait pas assez fort. 

 À chaque fois qu'il la sent, il a l'impression de mourir. De tomber de l'autre coté. Une forte angoisse le saisit. Comme seule issue, il veut serrer quelqu'un dans ses bras. Mais il est toujours seul. 

Il imagine qu'il a celui qu'il aime à ses cotés. Avant de se souvenir que celui-ci aussi s'évaporera le moment venu, et que se confronter à sa mort à lui sera bien plus dur que d'affronter la sienne. 

S'il le serrait dans ses bras pendant que son corps sombrait dans l'horrible réalité ils tomberaient ensembles et que serait plus facile. Parce qu'il y aurait quelqu'un avec lui pour demeurer dans le vide pour l'éternité.

Mais s'il partait avant lui ? Ils feraient le chemin seuls. Parce qu'il fera forcement ce chemin un jour, non ? Même en devenant Maitre de la Mort et en assemblant chaque Reliques, il ne pourra rester jusqu'à la fin des temps - Merlin sait qu'il le voudrait...

Il sait que c'est ça qu'il y a, après. Il est convaincu qu'il n'y pas d'ange ou d'enfer. C'est rassurant de le penser. Il voudrait qu'il y ai des diables pour l'accueillir après sa mort. Mais il sait qu'il n'y a que quelque chose d'impossible à expliquer dans lequel son cerveau n'a aucun repères. Il n'a pas vraiment peur de la mort, il sait que tout s'éteindra et qu'il n'aura pas conscience que sa fragile petite vie l'a quittée. Mais il a peur de vivre et de ressentir encore cette sensation qu'il ne pourra plus jamais penser, plus jamais avoir peur, plus jamais avoir mal, plus jamais sourire. Il redoute aussi le moment où il réalisera que c'est la dernière seconde de sa vie et où il sentira la sensation l'envahir.

Cette sensation. Il sait que c'est la dernière chose qu'il sentira. Et il mourra. C'est exactement ça. La mort. La fin de tout. Il a tellement peur de cette chose, de cet endroit où rien n'existe, où même lui n'existe pas, qu'il parfois eu envie de se tuer pour ne plus avoir à y penser et pour l'atteindre tout de suite. Mais il n'a pas le courage de la regarder en face, la sensation.  Alors il deviendra maitre de la mort et survivra pour toujours. 

❇︎

Ils n'ont l'un comme l'autre que rarement connu des personnes avec qui ils se sentait bien. Albus a Elphias, et Gellert a trouvé il fut un temps à Durmstrang, des camarades dignes d'intérêt, mais c'est très différent de ce qu'ils vivent tout les deux. Peut-être pas supérieur, mais avec une dimension nouvelle qui rend les choses excitantes. Albus ne se sent plus égoïste, étranger ou anxieux avec celui qu'il aime à ses cotés. Et ce dernier a enfin l'impression de parler à une personne intelligente. 

Albus a peur de briser la magie s'il voit trop souvent Gellert. Que ce qu'il ressent se fane si on l'arrose trop... ça n'arrive pas, cependant. C'est plutôt le contraire : ça grandit, se développe... Et ils n'ont pas vu la première semaine passer. 

Le plus âgé n'a pas ouvert un livre de cours, il a passé des journées avec Gellert, Gellert, Gellert. À parler de tout et de rien mais toujours avec ce petit frisson dans le coeur qui lui donne envie de lui parler encore. Il a envie de tout entendre et de tout partager. De la légende la plus sombre à la fable la plus stupide. 

L'école est bien vide en période de vacances. Ils ont Poudlard pour eux. Ils trouvent de nouveaux refuges dans les coins habités usuellement par les fortes-têtes. D'autres dans les passages secrets qu'ils découvrent. Là, ils débattent, discutent, conversent, se prennent les mains sans gêne et se volent quelque baiser. Ils se sentent si forts qu'ils en oublient le scandale qu'ils pourraient déclencher. 

Quand ils doivent se séparer ils sentent un petit déchirement. Parfois, Albus se tord dans ses draps en redoutant qu'à son réveil, Gellert ait disparu. 

À n'importe qui d'autre il aurait dissimulé ses peurs, mais il ne peut rien lui cacher. Pas à lui. Alors après la légèreté de « Peut-on voir l'ombre de la cape d'invisibilité ? » un « J'ai peur que tu ne soit pas réel. » lui échappe. 

Gellert fronce les sourcils, embrasse Albus avec assez de douceur pour lui rappeler qu'il l'aime mais assez de force pour lui prouver qu'il est bien là, puis répond :

« Je suis réel.

N'importe qui d'autre aurait pris Albus pour un fou, mais Gellert sais ce que c'est de ne plus savoir à qui faire confiance, de ne même pas être sûr de pouvoir se faire confiance à sois-même. 

- La nuit je me dis souvent que c'est un rêve. 

- Je suis trop parfait pour que tu m'inventes. » Plaisante le Serpentard, et l'autre pense que c'est fini. 

Mais le soir venu, au moment de la séparation, il ne lâche pas la main d'Albus et l'entraine avec lui. 

« Qu'est-ce que tu fais ? Quelqu'un va nous voir !

- Reste avec moi. Il n'y a personne chez les Serpentard de toutes façon. Leurs bourges de parents les font rentrer chez elleux à toutes les vacances. Et puis je ne veux pas que tu sois seul ce soir. Tu es d'accord ?

- ... d'accord. 

- Quand tu te réveillera près de moi, tu n'aura plus peur que je ne sois qu'un mirage. »

Albus n'eut en effet plus de mal à croire à l'existence de Gellert en sentant sa présence à ses cotés durant la nuit, puis au premières lueurs du jour. Il s'endormit simplement en se sentant chez lui. Un timing divin. 

Durant ces deux semaines, à l'écart de tous∙tes, dans une bulle nommée Poudlard, deux jeunes hommes vivent un amour secret qui les poussent à se lever le matin et à les bercent pour qu'ils s'endorment la nuit. 

Les rares fois où l'un ou l'autre sent quelque chose leurs échapper ils s'abritent dans les bras de leurs petit-ami pour ne plus y penser. Et ils n'y pensent plus.

Ni les lettres d'Aberforth, ni l'arrivée des ASPIC. Ni les menaces de renvois du directeur, ni le prolongement de la quête des Reliques ne peut les atteindre, abrités par leurs amour. Albus est trop haut dans le ciel pour voir ce qui se passe en bas. Volant trop loin pour se soucier de la chute. 

smalltown boysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant