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J'ai casé du Montaigne dans une fanfic, qui dit mieux ? ¹ ²

tw : chapitre assez sombre, beaucoup à propos de la mort (désolé pour ça, mais de mon interprétation c'est super important dans HP, le méchant est quand même celui qui refuse d'accepter sa propre mortalité et le gentil celui qui est près à s'y confronter pour sauver tout le monde...). Il y a aussi une description qui peu choquer les plus sensibles, une rédemption plus bâclée que ce que je ne croyais et la triste annonce que nous commençons à nous approcher de la fin.

La pièce - si c'est même une pièce - n'est constituée que de quatre murs noirs qui s'éloignent quand on essaye de les atteindre. Une lumière venue d'on ne sait où éclaire un miroir haut en longueur et entouré de motifs sombres. 

Gellert est entré ici comme on entre dans un rêve. Il ne savait pas bien comment il a put se retrouver là mais ne se pose pas la question. Il pense plus. Il n'assiste qu'à son enfermement et au spectacle de l'obscurité qui le dévore. 

Il sait qu'il ne doit pas rester ici, son coeur lui hurle de courir... mais il ne peut pas. Il n'y a pas d'issues. Juste le miroir.

Il s'approche alors de celui-ci sans savoir en combien de temps. Le temps n'existe pas ici, de toute évidence. Il est seulement frappé d'horreur en découvrant son reflet. 

Il sait que c'est lui, sans savoir comment, car le reflet n'a plus rien en commun avec l'apparence qu'il a toujours eue. 

C'est une créature qui se tient debout sans n'avoir plus rien de vivant. Sa peau grisâtre donne l'impression de ne pas vu le soleil durant des siècles, ses membres sont osseux et tordus, son crâne échevelé, ses mains amputées de plusieurs doigts, sa bouche édentée, ses grimaces étirées de cicatrices et ses yeux... Ses yeux ne ressemblent plus à ce qu'ils ont étés. Une cape noire le couvre, il tremble de la sentir sur ses épaules en réalisant que le reflet la porte aussi.

Je ressemble à ça. Et je ressemblerai toujours à ça... panique-t-il. Je n'ai même plus l'air humain.

Au bout d'un moment, continuant de fixer ce nouveau reflet dont il ne peut plus se débarrasser, il se rend compte que trois objets trainent à ses pieds.

Une baguette qui irradie d'une magie plus puissante que toutes les autres, une petite pierre qui contient le plus grand pouvoir du monde et une cape qui fait disparaitre sa main quand il se baisse pour la saisir. 

Mais aucune des Reliques de la Mort ne peut l'émerveiller si elles sont déposées au pied de ce corps monstrueux. 

Il n'a aucune envie de vivre pour toujours si tout ce qui l'aimait être est parti.

La panique le reprend, plus forte encore. Il n'a aucune envie de vivre pour toujours, aucune envie de devenir le plus grand sorcier du monde, aucune envie de ne posséder la moindre Relique de la Mort si la perte de tout ce qu'il aime est le prix à payer pour la vie éternelle. Il n'a aucune envie de vivre pour toujours s'il doit en oublier sa propre vie, son propre corps... Ce cauchemar est pire que la mort. 

La mort est la condition de votre création : elle fait partie de vous, et en la fuyant vous vous fuyez vous-mêmes.¹

Il veut s'échapper de cette pièce immédiatement, il ne pensera même pas à prendre les Reliques avant de partir. Il veut retrouver Poudlard, retrouver le ciel, la terre, le soleil, les arbres et même les pires choses qui peuvent contenir une vie. 

Mais surtout, il veut serrer Albus dans ses bras et ne plus le lâcher. 


Il hurle très fort. Ferme les yeux tant qu'il le peut. 

Quand il se réveille, il est toujours en train de hurler. Il sait que le temps et l'espace ont recommencés à exister mais redoute le moment de s'y confronter. 

Une voix l'interpelle, le forçant à retourner dans le monde réel par réflexe. Il est sur le sol de ce qui semble être un placard à balais. Un chaudron est posé en face de lui et deux adolescents sont appuyés nonchalamment sur l'encadrement d'une porte. 

« Magnifique, commente Lloyd. Un très grand moment. 

- Bouleversant en effet, approuve Gillis qui fait tournoyer sa baguette entre ses doigts. 

- Je serai presque prêt à bosser de nouveau avec toi, on fait un très bon travail d'équipe. 

- L'idée de retourner son propre enchantement contre lui était en effet brillante, Lloyd. Je ne me sent même pas coupable d'avoir utilisé une forme de magie noire. 

- Ordures. halète Gellert dont les paumes sont toujours collées au sol. Je prendrai ma revanche. 

- Nous n'avons fait que te renvoyer le cognard que tu nous as balancé. » contre Gillis. 

« Mais enfin ! Jeunes gens, que ce passe-t-il, ici ? s'exclame un fantôme qui passe par là - ce vieillot a tendance à colporter des rumeurs, divulguer des secrets et dénoncer des élèves.

- Grindelwald a seulement eu un étourdissement. déclare Gillis de sa voix la plus douce. Ne vous en faites pas, nous l'amenons à l'infirmerie sur le champs. »

Cela semble suffire au fantôme qui hausse les épaules reprend son chemin. Gellert, lui, est trop faible pour ne pas suivre celleux qui l'ont pris au piège. Il les marche derrière elleux jusqu'à l'infirmerie où il s'écroule dans un lit sans mots-dire. 


Il a trop peur de dormir. Même après que la nuit soit tombée et que l'infirmière elle-même soit couchée, il s'anime dans le noir. 

Si vous n'avez pas su en profiter, si elle vous a été inutile, que peut bien vous faire de l'avoir perdue ? À quoi bon la vouloir encore ? ²

Ses pieds le porte jusqu'au lac où Albus dort déjà sur l'herbe mouillée de pluie. Il s'allonge prêt de lui et le prend dans ses bras, s'excuse parce que son étreinte l'a réveillé mais est loin d'être désolé. Il ne veut voir que lui depuis qu'il a son cauchemar. 

« Qu'est-ce qui ce passe ? demande Albus, voyant que l'autre laisse couler des larmes le long de ses joues. Il est essuie de son pouce, et se laisse faire quand Gellert l'embrasse. 

- Je ne veux plus vivre pour toujours, Albus. Je seulement vivre le plus fort possible et vivre avec toi. »

« Je t'aime. »

Il y a un instant de silence. Ils ne se regardent plus mais se serrent toujours aussi fort pour que l'autre ne s'évapore pas. 

« Moi aussi, je t'aime. » finit par répondre l'autre. 


On ne peut pas changer un homme en un sort. Lui n'a pas réussit quand il a essayé. Il sait maintenant que c'est parce que les larmes de la sirène devait-être des larmes de tristesse sincère... Mais iels l'ont changé en brisant ses ambitions. 

S'il ne cherche plus les Reliques, alors il est lâche vis à vis de ce qu'il poursuit depuis toujours. Qui sera-t-il s'il n'est pas un grand mage noir à la vie éternelle et à la puissance sur tout ce qui peut exister ? 

Quand il a terminé de lui raconter - car il peut lui raconter le pire comme le meilleur. Albus finit par répondre, après une longue réflexion : 

« Tu seras d'autant plus un grand sorcier si tu as le courage de ne pas te perdre en route sur le chemin de la gloire. Tu n'as aucune chance de devenir le plus grand sorcier du monde en prétendant à ce titre toute ta vie, beaucoup ont essayé avant toi. Iels ne sont devenu∙es que des mages noir∙es parmi les autres. Mais si tu arrives à accepter qu'il peut y avoir plus fort que toi, si tu arrives à garder toute ton humanité en devenant un mage passionné et fort... alors tu ne sera peut-être pas le plus grand des sorciers, mais tu sera déjà plus grand sorcier qu'elleux. 

Tu as lu le conte des milliers de fois. Tu devrais savoir que celui qui gagne est celui qui accueille la mort comme une vieille amie. »

smalltown boysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant