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ᴊᴀɴᴠɪᴇʀ 𝟷𝟾𝟿𝟾

Avec les découvertes de ces derniers jours, Albus se sentait à la fois plus en accord avec lui même et piégé au milieu d'un cauchemar. Rien ne pouvait plus lui changer les idées. Voulant se tenir loin de Grindelwald, il délaissait ses refuges habituels et, en conséquence, ne faisait que tomber sur Aberforth. 

« Mais enfin, qu'est-ce qui se passe ? finit par demander Elphias alors que Albus refusait pour la troisième fois d'aller à la bibliothèque. En temps normal, c'était lui qui poussait son ami à s'y rendre. 

- Rien ! En sept ans je suppose que je me suis lassé d'aller dans la même bibliothèque. 

- Tu es sûr que c'est seulement ça ? Parce que ces derniers temps, tu es bizarre.»

Albus ressentit un pincement au coeur. Lui qui pensait être discret...

« Tu sais que tu peux me le dire, si quelque chose ne va pas ? Je ne vais pas te juger... 

- Tout va bien. »

Pendant un moment, il pense à lui en parler. Mais la dernière chose dont il a besoin en ce moment est de perdre son seul ami. 


Sauf que le mensonge est difficile à préserver. Encore plus quand Aberforth finit par le confronter. Et bien moins gentiment que l'a fait Elphias. 

« À quoi tu joues ? 

- Quoi ?

- À quoi tu joues ? répète Aberforth, Ça fait six ans qu'on s'arrange pour ne pas se voir à Poudlard et depuis deux semaines j'arrête pas de tomber sur toi, partout où je vais !

- J'ai encore le droit d'aller où je veux dans le château, non ? 

- Non ! Pas quand je tombe sur toi à chaque tournant ! Tu apparais partout où je vais, je te jure, c'est flippant. Et les autres commencent à me poser des questions. 

"Les autres" c'est le groupe d'amis avec lequel traine Aberforth depuis la première année, même s'il y fait plus affaire de figurant que de complice.

- Ne leurs réponds pas, alors.

- T'avises pas de me donner des leçons en amiti- C'est pas vrai ! »

Albus se retourne pour savoir ce qui cause l'indignement de son frère et perds toutes ses couleurs. Il ne reconnait que trop bien le garçon qui vient d'apparaitre au bout du couloir. À croire que des divinités se sont accordé∙es à lui faire passer une journée infernale. 

Comme Grindelwald se fout royalement du malaise qu'il peut provoquer chez les autres, même s'il s'en rend compte sans problème, il n'hésite pas à s'approcher des deux frères. 

« Bonjour Dumbledore... et l'autre Dumbledore. Tu ne m'a pas manqué le moins du monde. 

- Toi non plus, clairement pas. Grommèle Aberforth entre ces dents. Albus et moi avons une conversation privée, ça te dirai de dégager ? 

- C'est parce qu'il m'évite que tu le croise souvent depuis deux semaines. Désolé de te l'apprendre, mais le monde ne tourne pas autour de toi. Il n'avait aucune envie de te suivre partout. Tu as ta réponse. Maintenant, si ça ne te dérange pas, j'ai quelque chose de plus important à lui dire. »

Et, avant que qui que ce soit ne puisse répondre. Grindelwald attrape l'ainé des Dumbledore par le bras pour le tirer loin de son frère. 

Albus, toujours paralysé, se laisse entrainer sans réagir. Il est décidément moins discret que ce qu'il croit, Grindelwald a vu clair dans son jeux sans soucis.

« J'ai rien à te dire. 

- Je n'ai même pas le droit à un peu de reconnaissance pour t'avoir sauvé des griffes de ton frère ? »

Albus secoue la tête de gauche à droite en fronçant les sourcils et en détournant le regard. Il fait même mine de devoir aller en classe pour s'échapper. 

« C'est parce que tu m'as vu avec un garçon que tu ne me parles plus. Je le crois pas ! Je te croyais plus tolérant que ça. 

- Je ne tolère pas les hors la loi. réplique-t-il d'une voix qu'il espère ferme. 

- Embrasser une fille que t'as pas épousé c'est aussi hors la loi, tout le monde le fait. 

- Pas moi ! »

Grindelwald le regarde bizarrement et Albus s'empresse de préciser :

« Je veux dire, c'est pas pareil. Même si c'est illégal, embrasser une fille est dans l'ordre des choses. Un garçon, c'est pas... Je ne peux pas te laisser faire ça. 

- Tu y crois vraiment à ton baratin ? Je pensais que toi au moins t'étais pas du genre à te faire avoir par le joueur de flûte enchantée. Mais bon, il faut croire que l'homophobie prend même les meilleurs. C'était bien de te rencontrer. 

Il commence à s'éloigner et Albus s'en veut aussitôt pour ce qu'il vient de dire - et essaye de décrypter cette métaphore de joueur de flûte. Cette fois c'est lui qui le rattrape par le bras. 

- Excuse moi. Je ne suis pas homophobe, je ne vais pas te faire quoi que ce soit parce que... Je m'en fiche, tu as bien vu, je ne l'ai dit à personne, et j'ai pas voulu être irrespectueux.

- Me dire que je ne suis pas normal et que je devrai arrêter d'embrasser qui je veux pour me conformer c'est sûr que c'est très bienveillant. Ironisa Grindelwald. Je ne vais pas t'offrir de médaille pour te comporter en être humain décent, tu sais. 

- Je sais. Je suis désolé. 

- Je sais. Mais ne dis pas que tu t'en fiche, c'est pas vrai. Si tu t'en fichais tu ne dirai pas ce que tu viens de dire et tu n'aurai pas passé deux semaines à m'éviter. 

- Désolé...

- Tu peux me lâcher, maintenant ? Non pas que ça me déplaise, mais ça, ça fait un peu queer

Albus se rendit compte qu'il tenait toujours le bras de Grindelwald, devint rouge comme le blason des Gryffondor, et lâcha l'autre garçon précipitamment. 

- J'ai cours de métamorphose ! » s'écria-t-il en détalant de ce couloir de malheur. 

Il calcula à peine Elphias, devant la porte de la classe, qui lui demandait s'ils allaient au prochain match de Quidditch tout les deux et s'empressa de suivre le professeur dans la salle, se mettant vite au travail pour ne plus penser à tout ça. Ce qui se révéla peu efficace. 

smalltown boysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant