Chapitre VII

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28 janvier 2150 - Dans la forêt - Milieu d'après-midi - Point de vue de John

La nuit est passée si lentement que j'étais étonné d'être arrivé à terre. Je pensais sincèrement que cette Emori nous avait kidnappés, je n'ai aucune confiance en elle et elle me paraît vraiment très suspecte. Pour devoir escorter Jaha et Gideon, c'est qu'elle doit bosser avec la femme en rouge.

Nous venons d'accoster et tout le monde se prépare à descendre. Alors que Gideon s'apprête à prendre le seul sac bizarre de leurs affaires, Emori se penche pour le prendre et le lui donner. Gideon lui arrache des mains sans un mot avant de descendre du bateau.

- Je voulais juste aider. Se défend Emori en levant les mains en l'air en signe d'innocence. On va contourner la zone morte.
- Aller, bougez vous tous les deux. Cri Jaha qui est descendu depuis plusieurs minutes. Son regard fixe Emori et moi tour à tour et alors que je me dirige vers la terre ferme, Emori prend son temps.
- Droit devant. Lui dit-elle. On va vers l'ouest, direction la colline. Alors que je descends enfin du bateau, je me tourne vers elle qui me suit de très près. Je fronce les sourcils et ne tiens plus et lui dit avec un air de suspicion qui m'a moi-même étonné.
- Pour infos, ton numéro de fille serviable, j'y crois pas une seconde.
- Alors va falloir me surveiller et pas me lâcher d'une semelle. Murmure-t-elle en passant à côté de moi, un sourire en coin.

Je ne rajoute rien, pas très sûr de ce que je devrais dire, et suit le groupe. De toute façon, je ne sais pas réellement où est-ce qu'on a atterrit. Si ça se trouve on est pas du tout du bon côté et je ne pourrais jamais retourner au camp de l'Arche. C'est peut-être le destin, un signe qui me dit que dans tous les cas, je ne suis pas chez moi là-bas.
Je les suis mais ni Jaha ni Gideon ne savent où on va. Enfin si, ils pensent qu'on se rend dans une ville principale, une sorte de capitale. Je ne suis pas très convaincu mais c'est tout ce que j'ai actuellement alors, je suis.

- Pourquoi vous étiez sur cette île ? Demande Emori brisant le silence qui s'était installé depuis une bonne heure maintenant.
- La cité des lumières. Lui répond simplement Jaha. J'observe rapidement Emori histoire de savoir si elle croit à ces histoires, mais pour toute réponse elle lève les yeux au ciel et soupire.
- Et toi ? Me demande-t-elle ensuite alors que je fronce les sourcils. Tu n'es pas venu pour la cité des lumières, si ?
- Au départ si. Avouais-je. Puis j'ai vite compris que c'était que des conneries et que j'étais débile d'avoir été aussi naïf.
- T'avais pas envie de partir de chez toi alors ?
- J'ai jamais été chez moi nulle part.
- T'es un cas particulier. Murmure-t-elle. Un silence de quelques minutes suit sa phrase, elle me fixe tout en marchant et plisse les yeux comme si elle voulait sonder mon âme. Puis elle reprend. Il y a une fille dans l'histoire ?

Et là je me suis arrêté. Mon ventre se serre et je m'énerve pour ces trucs que je ressens. Non, il n'y a pas de fille, il n'y en a plus en tout cas. Et puis honnêtement, il n'y en a jamais vraiment eu, elle m'a détesté pendant quelque temps, c'est sûr, puis elle m'a supporté juste pour que ça soit pas chiant à vivre sur le camp, ça aussi c'est sûr. Il n'y a jamais eu de fille à vrai dire et je ne comprends pas pourquoi Emori m'a sorti ça.

- J'ai compris, j'ai touché une corde sensible. Dit-elle en souriant. Je grommèle et reprends ma marche afin d'arriver à sa hauteur.
- Il n'y a jamais eu de fille. Dis-je fermement en la dépassant arrivant ensuite à la hauteur de Jaha. Ce dernier de dit rien bien que, j'en suis sûr, il a suivi la conversation de près.
- On va faire une pause. Dit-il en déposant ses affaires à ses pieds dès la fin de sa phrase.

Je n'aurais pas utilisé ce mot pour définir ce qu'on est en train de faire. Entre Emori qui s'est barré chercher des trucs pour son travail à elle et son ami, et moi qui cherche du bois, j'ai connu des pauses plus reposantes. Je dépose les derniers bouts de bois que j'ai trouvé dans la pile que j'ai faite et souffle de colère. Mais qu'est-ce que je fou encore là ?
Je devrais profiter du fait que Jaha se soit mit à méditer avec son nouveau copain et que cette Emori n'ait pas l'air d'être très fidèle. Mais non, moi je ramasse du bois et je ferme ma gueule.
Alors qu'Emori est de retour avec tout un tas d'électroniques dans les bras, son ami se baisse au niveau de Jaha, il est d'ailleurs imperturbable et reste les yeux fermés sans rien dire.

- Hé. C'est vrai que vous avez vu la cité des lumières ?
- Ta gueule Otan. Donc ce gars s'appelle Otan. J'en ai marre d'entendre cette histoire à la con. Jaha ouvre les yeux lentement et se lève un léger sourire aux lèvres. Je croise les bras et attends de voir ce qu'il va bien pouvoir dire.
- Viens, on va se promener. Il embarque Otan avec une telle facilité que je doute encore plus de la fiabilité de ces gens.
- Cool, maintenant il va pouvoir soûler quelqu'un d'autre. Je relativise en comprenant rapidement que Jaha est éloigné et qu'il ne me reste plus que deux personnes à semer.
- Tu crois pas à tout ça ? Me demande Emori, triant ses trouvailles.
- Je crois que tu n'es pas là par hasard. Dis-je en croisant les bras. J'attends de savoir la vraie raison.
- On nous a recruté. Me répond la jeune fille en souriant.
- Qui ?
- Je ne connais pas son nom. Elle arrive dans la machine volante.
- Ouais elle nous a fait ça aussi, ça s'appelle un drone. Je me souviens de ce moment, quand on a accosté près du bunker juste avant que je m'y enferme comme un con. Un drone nous a observés et s'est barré, Jaha s'était mit en tête de le suivre, moi je suis resté sur la plage, et la suite on la connaît. C'est quoi votre boulot ?
- On récupère de la technologie.
- Vous l'avez volé, tu veux dire.
- Seulement quand il le faut. On apporte tout sur l'île et on lui donne. Continue-t-elle en pointant son doigt sur Gideon qui est resté assis, toujours en pleine méditation. Cette fois, notre boulot, c'est de faire taxi. J'allais pour répondre et poser plus de questions, comme pourquoi ils font tout ça ? Mais je n'ai pas le temps de sortir quoi que ce soit, Emori se lève et fixe Gideon. Ses yeux naviguent entre lui et la mallette bizarre à ses côtés. Je ne le sens pas.
- Tu fais quoi là ? Lui demandais-je alors qu'elle se préparait à l'approcher.
- Si tu ne veux pas te prendre une raclée, je te conseille de ne pas jouer les héros.
- Moi, jouer les héros ? Je ne suis pas si difficile à cerner pourtant. Emori me lance un sourire en coin mais m'ignore totalement et va pour s'approcher de Gideon. Lui ne bouge pas d'un poil, même quand elle est clairement en face de lui. Tu vas vraiment dépouiller des gens qui te payent pour dépouiller d'autres gens ?
- On a d'autres acheteurs potentiels. Maintenant, tu te tais. Elle tend sa main vers la mallette et agrippe la hanse. Mais à la seconde où elle soulève la mallette, le molosse se réveille et lui harponne le cou avec une telle violence qu'Emori en a le souffle coupé.
- Hé on se calme ! Je cris sans être écouté.

Emori bat des pieds alors que l'autre la soulève du sol, toujours les mains accrochées à son cou. Elle suffoque et cherche un endroit pour poser ses pieds et respirer un peu, en vain. Mon cerveau ne fait qu'un tour et je prends un des morceaux de bois que j'ai ramassé plus tôt durant la pause. Mais un coup dans la tête ne lui fait rien du tout, il ne réagit même pas un peu. Je lui en assène un second et il tourne enfin la tête vers moi, sans pour autant lâcher Emori.

- La douleur n'existe pas dans la cité des lumières. Me sort-il alors que j'écarquille les yeux. C'est aussi vrai ? A ce point là ? Peu importe la douleur qui leur ait infligée, les gens qui prennent la pilule bizarre que Jaha m'a donnée sont presque invincibles. Alors qu'Emori s'essouffle et semble perdre connaissance, elle sort un couteau de je ne sais où et écorche Gideon au niveau de la gorge. Ce dernier lâche immédiatement Emori et s'étale de tout son long.
- La douleur n'existe pas, mais la mort si apparemment.
- Hé, tu fous quoi ? Tellement obnubilé par la masse étendue à terre, je n'avais pas remarqué qu'Emori s'était déjà emparé de la mallette et éloigné de quelques mètres. Tu viens ?

ᵗʰᵉ¹⁰⁰ 𝘼𝙧𝙩𝙞𝙛𝙞𝙘𝙞𝙖𝙡 » ᵀᵉʳᵐᶤᶰᵉ́ᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant