Chapitre XIII

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09 février 2150 - Arkadia - Milieu de journée - Point de Vue de Devon

En trois jours, la montée de Pike au pouvoir de l'Arche a tout chamboulé. Cet homme est dangereux et le pire dans tout ça c'est les gens qui le suivent sans aucune difficulté, sans même réfléchir un tant soit peu aux conséquences. Bellamy le suit aveuglément depuis la mort de Gina, il s'en veut et pour gérer sa culpabilité, il se lie au pouvoir. Il emprunte le chemin le plus facile pour rester dans les clous, mais il est hors de question que je fasse pareil.

Kane m'a beaucoup fait regretté d'être partie à la navette avec Monty et Jasper, j'ai bien compris que si on avait été là, on aurait peut-être pu montrer notre soutien et aider avec un vote supplémentaire pour lui. Blix m'a aussi fait comprendre que je n'aurais pas dû sortir d'Arkadia, je l'ai envoyé bouler mais en y réfléchissant elle a raison. On a été irresponsable de fuir nos problèmes, mais j'aimerai que ces gens voient aussi la raison pour laquelle nous sommes partis.

Je me retrouve encore dans le potager, à arroser les pauvres tomates qui n'ont pas l'air de vouloir pousser quand Pike s'approche de moi. Je fais mine d'être le plus concentré possible, mais bon, arroser des tomates ça demande pas non plus beaucoup d'efforts. Sa douce voix m'irrite les tympans à la seconde où il émet un premier son.

- Bonjour Devon, comment vas-tu ?
- Bien le bonjour Monsieur le Chancelier.
- Je sais que tu es contre ma position en tant que Chancelier, mais le peuple à voté, et tu n'étais pas là. Dit-il d'un ton accusateur.
- Je devais m'occuper de mes amis.
- Et c'est très noble de ta part. Son air supérieur me donne envie de lui exploser le crâne. Je sais que tu n'approuves pas nos pratiques, tu nous l'as bien fait savoir au cours des derniers jours.
- Je suis autant d'accord avec vos pratiques qu'avec votre élection. Je dis avec colère. Vous mettez en péril tout ce que nous avons essayé de mettre en place depuis que nous sommes sur Terre.

- Je suis admiratif de votre naïveté, tu sais. Mais les natifs ne veulent pas la paix avec nous.
- Depuis que nous sommes ici, ils ont toujours été compréhensifs et on a toujours réussi à parler avec eux.
- Et quand Clarke s'est faite avoir avant de te sortir de la montagne toi et tes amis, Lexa a été assez compréhensive ? S'oppose Pike et il me fait taire rapidement. Je ne sais pas quoi dire sur ce retournement de situation que Clarke à vécu avec le commandant des natifs. Tu vois Devon, les natifs ne veulent pas qu'on coopère et qu'on vive ensemble.

Sur ces derniers mots, le nouveau chancelier s'éloigne de moi et me laisse dans mes pensées. Je ne me ferais pas avoir et je ne le suivrais pas dans son épopée contre les natifs, mais ce qu'il s'est passé avec Lexa n'est toujours pas passé pour moi. Je pose l'arrosoir en plastique à côté de moi et m'assoit à même le sol. Je suis déjà fatigué et je n'ai pas fini ma rangée de tomates, sachant que je dois aussi arroser la salade. Je m'essuie le front d'un revers de la main et m'apprête à me lever quand une ombre s'arrête devant moi.

- Tu veux de l'aide ? Me demande l'ombre, je reconnais la voix.

- Non merci Blix, ça je peux le faire.

- Ton tee-shirt est encore taché. Me fait-elle remarquer. Je soupire et frotte la tâche comme si ça pouvait l'enlever facilement. Tu es ressortie depuis la navette ?

- Non. Dis-je fermement, elle me flique beaucoup trop.

- Fait voir. Elle m'ordonne et soulève mon tee-shirt avant même que je ne lui en donne l'autorisation, de toute façon elle ne l'aurait pas eu. Un point s'est ouvert, il faut te recoudre. Je hoche la tête. Je peux le faire si tu veux, ou j'appelle Abby mais ça m'étonnerait qu'elle soit disponible, avec toute l'équipe de Pike à soigner à cause de leur dernière excursion. Dit-elle en levant les yeux au ciel.

- Je te suis. Dis-je sans attendre une seconde. Perdre du sang ne me dérange pas en soi mais vu la plaie que j'ai, j'aimerais surtout que ça ne s'infecte pas. Blix écarquille les yeux quelques secondes puis me fait signe de la suivre jusqu'à l'Arche.

En arrivant à l'infirmerie, je vois qu'en effet, aucun lit n'est disponible. Entre les civils, les gardes et deux de mes amis qui sortent eux aussi du Mont Whether, je vais devoir me faire soigner debout ou dans une autre pièce. Je pose la question à Blix et cette dernière me dit de l'attendre. Elle revient quelques minutes plus tard avec une petite sacoche et me fait signe de la suivre.

Nous marchons à travers les ruines de l'Arche et pour la première fois je remarque qu'elle est tout de même en plutôt bon état. En entrant dans un des couloirs, je reconnais facilement les portes des appartements. C'était derrière ces portes qu'on habitait sur l'Arche. Blix pousse la porte d'un de ces fameux appartement et à ma grande surprise tout est en parfait état.

- Tu t'es installé ici ?

- C'était notre appart' avec ma mère. Me dit-elle avec une once de tristesse et je regrette immédiatement de ne pas avoir attendu que Abby soit libre. Allonge toi. Je m'exécute et elle s'approche de moi alors que j'enlève mon tee-shirt. Elle s'attèle à son travail et a l'air super concentrée.

- Je ne savais pas que tu t'y connaissais en médecine.

- Quand tu as été enfermé, Abby avait besoin de son apprenti, alors elle m'a demandé si je pouvais l'aider. J'ai accepté, je me sentais inutile et il fallait que je m'occupe. J'avais des oreilles partout, donc j'ai vite appris que tu allais descendre sur Terre avec les autres. Le silence est de retour jusqu'à ce que les nouveaux points soient posés et qu'un pansement soit appliqué sur ma plaie. Mon regard navigue dans toute la pièce et sur le mur, juste à côté du lit, des dessins sont accrochés. Voilà, tu peux remettre ton tee-shirt.

- C'est toi qui a fait ces dessins ? Dis-je en bloquant mon regard sur un dessin représentant une femme entrain de vomir au milieu de cadavres de bouteilles.

- Quand j'étais petite.

Entrer dans cette pièce c'est comme comprendre les conditions dans lesquelles Blix a vécu sur l'Arche. Son enfance avec ces dessins sur le mur, et toute sa vie avec les objets posés un peu partout dans la pièce. Un tourne-disque trône sur la seule table de la pièce et malheureusement il est complètement pété.

Je me rhabille tout en observant Blix qui ramasse ses outils. Son regard et l'entièreté de son visage sont figés dans une neutralité bizarre. Ses lèvres sont pincées comme si elle s'empêche de dire quelque chose ou de faire un truc. Je me lève du lit et m'approche de la porte de l'appartement. Mon regard balaye de nouveau la pièce et je soupire.

- Merci. 

ᵗʰᵉ¹⁰⁰ 𝘼𝙧𝙩𝙞𝙛𝙞𝙘𝙞𝙖𝙡 » ᵀᵉʳᵐᶤᶰᵉ́ᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant