66. Retrouvailles

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Point de vue d'Emilia

Je tourne à la cinquième rue et j'arrive rapidement devant mon café préféré. Je vais ramener des brioches aux garçons. Peut être que cela leur fera passer la pilule. Je regarde attentivement tout autour de moi. Andrea a raison, c'est hyper dangereux mais jusqu'à présent rien à l'horizon. Lorsque je me retourne pour y entrer, mes jambes fléchissent. Je reconnaîtrais cette chevelure n'importe où. Sam ! Elle est plantée devant moi. Ses grandes prunelles bleues sont toutes rouges. Elle a pleuré et affiche un air complètement décomposé. Je ne saurais l'expliquer mais à cette seconde, elle me faisait de la peine. Mon cerveau n'eu qu'une fraction de seconde pour réagir. Je n'ai jamais été violente d'aussi loin que je m'en souvienne mais c'était de sa faute. Je me rappelle encore de ses mots « ça ne devait pas se passer comme ça, il devait juste vous faire peur ». Si Gen est mort c'est à cause de cette petasse que j'ai toujours considéré comme ma meilleure amie. Elle, dont j'étais si proche, avait vrillé sans que je ne comprenne pourquoi. Sans que je m'en rende compte j'étais déjà en train de me jeter  sur elle.

- Barre toi, Emie ! barre toi !

Je n'ai même pas le temps de lui mettre la gifle que je m'apprêtais à lui donner qu'une paire de bras me soulève du sol. Avant même que je ne puisse crier, ou me débattre, je fus projetée dans une fourgonnette. Sam fut tout autant que moi balancée sur la tôle froide et puante du van. La voiture démarra en trombe et je fut balancée vers le fond du véhicule. Je n'arrive même pas à me souvenir si quelqu'un était présent dans la rue ou non. Est ce qu'au moins une personne pourra témoigner de notre enlèvement ? Sam se recroquevilla sur elle même, de son côté. 

J'étais en train d'enregistrer toutes les dernières secondes de cet événement comme pour essayer de comprendre ce qui venait de se passer. Je venais de me faire prendre au piège. Comment ai-je pu être aussi stupide ? Andrea m'avait prévenu, pourquoi n'ai-je pas attendu Marco ? J'ai voulu, encore une fois, montrer à mes frères que j'étais une grande fille, que je pouvais me débrouiller seule, et voilà le résultat. 

Mon esprit se concentre immédiatement sur mes bébés. Ce matin, je suis partie tellement vite que je n'ai pas pris le temps de les regarder une dernière fois. Je suis quasiment certaine, à présent,  que je ne le reverrai jamais. Au lieu de m'effondrer, comme j'étais censée l'être, un rire sorti de ma gorge sans que je ne puisse le contrôler. J'étais absolument pathétique. Comment, hier,  j'ai pu croire que ce plan fonctionnerait. Alex et Andrea avait eu dix ans pour tout tenter d'échapper à la mafia et en une seule soirée, je croyais avoir trouvé la solution. Après tout, ils avaient peut être tous raison. Je n'étais pas prête à vivre tout ça, je n'étais pas assez forte pour me protéger. La seule chose qui me réjouit avant ma fin est de savoir qu'Alex est avec les garçons. Cette scène que j'imagine me rassure et je me dis que malgré tous les efforts que nous avons fait, toutes les étapes que nous avons traversées, cela devait se passer comme ça ! En finir, une bonne fois pour toute, pour eux, pour qu'ils puissent être tous les deux libres.

A présent, les larmes coulent sur mes joues et j'attends de savoir ce que ces cinglés ont prévus pour moi.

- Est ce que ça va ?

Je l'avais presque oublié. Sam me regarde avec douceur même si je n'ai qu'une envie , l'étrangler.

- Je te conseille de la fermer et de rester le plus loin possible de moi !

- Emi, je suis tellement désolée, si tu savais. Jamais, je n'aurai pensé qu'ils étaient dangereux à ce point ...

- Sam, qu'est qui ne tourne pas rond chez toi ? Tu croyais qu'ils n'étaient pas dangereux ? Mais enfin, tu sais de qui il s'agit ?

- Miles disait ...

- Miles ! S'il te plaît, ne gaspille pas ta salive pour me parler de cette ordure. Ne la gaspille pas non plus pour essayer de me donner des explications aussi pitoyables que toi ! Mon frère est mort par ta faute, Sam. Tu savais à quel point il comptait pour moi, et tu es responsable de tout ça !

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