64. Coûte que coûte

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Je m'étais levé avant les garçons et j'ai du mis prendre avec une très grande précaution pour ne pas réveiller mes frères, mes bébés et mon mec. Je leur avais laisser les instructions sur la table de la cuisine pour les jumeaux. J'ai bon espoir de ne me faire qu'à moitié tuer pour avoir pris la fuite une nouvelle fois.

Je traverse la ville d'un pas rapide. Je ne suis pas complètement rassurée. Fardelli doit être au courant et je sais que je ne suis pas en sécurité. J'aurai peut être du venir avec Val mais je sais qu'il n'aurait pas voulu entendre mon plan lui non plus.
Lorsque j'arrive devant le bâtiment que je connais trop bien, je prends une profonde respiration. L'hôpital a une toute autre couleur quand on vient uniquement en tant que visiteurs. Ce lieu a été mon premier lieu de travail, celui où je ne me suis pas montré à la hauteur pour la première fois de ma vie. S'il y a bien un domaine dans lequel j'ai toujours excellé c'était l'école mais il y en avait un autre aussi, m'occuper de mes frères.

Je rentre tout doucement dans la chambre d'Andrea. Il tourne la tête vers moi et regarde derrière en espérant y voir quelqu'un.

- Bonjour grand frère. Ce n'est pas la peine de chercher quelqu'un,  je suis venue seule.

- Bordel bébé ! Tu n'es pas sérieuse, j'espère ?

- Très ! Il fallait qu'on parle tous les deux. Et je ne voulais pas quelqu'un d'autre pour ce que j'ai à te dire

- Allez viens là !

Je me fraye une petite place et vient m'assoir à côté de lui. Je pose ma tête contre son épaule le plus délicatement possible. Avec difficulté, il s'approche de moi.

- Je suis tellement heureux que tu sois là en bonne santé ! J'ai eu tellement peur bébé.

- Je dois m'excuser pour ça... je ne savais plus quoi faire ... j'étais désespérée et la fuite m'a paru la meilleure option !

- Loin de nous, ne sera jamais ta meilleure option, mon bébé, quoi que parfois je me le demande.

- Andrea ... je regrette ...

J'explose en sanglots dans les bras de mon frère, dans les bras de celui que je considère comme mon père.

- J'étais tétanisée tous les jours. Je n'arrivais pas à dormir car à chaque fois, je faisais des cauchemars et à chaque fois, je revoyais son corps s'éteindre sous mes mains. Je n'ai pas réussi à le sauver...

- Je n'ai pas réussi ! C'était mon rôle Bébé, pas le tien.

- On est une famille, alors je crois que la seule vraie réponse c'est qu'on a pas réussi. Vous m'avez tellement manqué... Je ne t'avais plus toi pour m'engueuler, Marco pour m'énerver et Val pour me crier dessus. Et puis, il n'y avait plus non plus Alex. Tout mon monde s'est écroulé. Je me rends compte que si tu es dans ce lit, c'est à cause de ma stupidité et je suis désolée.

- Emilia, comment pouvais tu le savoir ? Comment pouvais tu imaginer ne serait ce qu'un instant tous ces mensonges, tous ces secrets de famille ? Tu n'es responsable de rien, mon petit rayon de soleil. Sans toi, on était tous perdu, tu sais ? Si bien que je me dis que c'est peut être bien toi, la chef de la famille.

- Je ne voudrais de ce rôle pour rien au monde mon grand frère. Tu as été et tu es le meilleur grand frère de tous les temps. Je sais que tu n'aimes pas quand je te dis cela, mais tu es mon deuxième papa. Et en y réfléchissant, j'aurai bien voulu que tu le sois carrément !

Andrea sourit timidement. Ses traits sont tirés et je le connais par coeur, il ne s'agit pas de la douleur. Son regard part dans le vide avant de se poser sur une enveloppe portant nos prénoms. La similitude est trop frappante. La dernière fois que j'ai reçu ce genre de lettre, il s'agissait de la lettre d'adieu de Gen.

Secrets de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant