38. Nouveau départ

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3 mois plus tard...

Je me réveille brusquement quand mon réveil sonne. Cela m'a sorti de ce douloureux cauchemar que je fais sans cesse depuis qu'il n'est plus là, depuis que Gen nous a quitté. Et merde, il est déjà 7 heures et je suis encore en retard. Je soulève ma couette et je cours vers la salle de bain. J'allume l'eau de la douche et je me brosse les dents pour ne pas perdre une minute. Lorsque mon regard croisse le miroir, je m'arrête un cours instant. Des cernes noires se dessinent sous mes yeux, mes joues sont creusées par la fatigue des gardes aux urgences et mes nuits tourmentées.
Cela fait 3 mois que je me noie dans le travail pour tout oublier ... sa mort, ce fameux matin où Val m'a fait réaliser que s'il n'était plus là c'était entièrement ma faute. Cette déchirure fait encore aujourd'hui éclater mon cœur en mille morceaux. Il n'y a plus assez de larmes pour qu'une seule d'entre elle coule sur mes joues réduites.
Après ma douche et après avoir enfilé ma tenue verte d'infirmière, je cours dans la cuisine prendre un biscuit histoire d'avoir quelque chose dans l'estomac. Je devais enchaîner 12 heures et il fallait impérativement que je tienne. Lorsque, je ferme la porte, j'emprunte l'ascenseur. Ce n'est qu'une fois dehors de l'immeuble que je hume l'air frais de l'hiver à New York.
A chaque fois, que je suis là devant des buldings, je pense à lui, à cette promesse qu'il m'avait faite lorsque j'étais plus jeune. « je te le promets bébé je t'emmènerais à New York ». Mon coeur se sert à nouveau. Je cours le plus vite possible pour prendre le métro.

Arrivée à l'hôpital, je balance mon manteau et mon sac dans mon casier. Je prends un élastique et attache mes cheveux. Je ressors du vestiaire et arrive à la réunion qui avait déjà commencé.
Le docteur Robin me regarde de travers et ferme le dossier.

- Les transmissions sont terminées.

Son regard de glace se posa sur moi. Tout le monde se leva pour prendre son poste.

- Mademoiselle Alfano ! Je suis heureux de voir que vous aillez pris la peine de venir.

Alfano ! C'était le nom de famille de ma mère. Lorsque j'ai pris la décision de venir à New York, j'ai du trouvé un plan pour qu'ils ne me retrouvent pas !

- Docteur Robin, je suis sincèrement désolée. Le métro avait du retard ..

- Jeune fille, on est aux urgences ici ! Que ferez-vous le jour ou quelqu'un sera dans le besoin et que vous ayez du retard ! Lit 6 ! Pour les soins de Madame Rowling ! Major de promo mon cul...

Il passa la porte et me laissa comme une conne dans la salle de réunion. Je pris une profonde respiration et je me dirigeais vers le lit de ma patiente. Certes, le docteur Robin était un gros con. Il était le chef des urgences et je lui devais donc un profond respect mais il ne m'avait pas apprécié depuis mon arrivé. Il faut dire qu'il ne m'a jamais vu au meilleur de ma forme.

Dans le couloir, je tombe sur ma collègue :

- Salut Emy!

- Salut Brooke !

- Dis donc il n'est vraiment pas de bonne humeur aujourd'hui ! Quel sal con!

- C'est gentil de me défendre Brooke mais je n'ai aucune excuse ! Je ne fais que ça depuis quinze jours, arrivée en retard !

- Tu aurais du prendre du repos, tu as l'air exténuée ! Tu as l'air d'un zombie, meuf!

- Ca me va droit au coeur ! Allez go lit 6!

Alors que je faisais des points du suture sur Madame Rowling accompagnée de Brooke, j'essayais péniblement de tenir le coup. Mon dos me faisait souffrir, cette nuit avait été horrible comme toutes les nuits depuis celle où j'ai quitté L.A.
Comment aurais je pu continuer à vivre dans cette maison avec tout ce que cela implique ! Gen était mort par ma faute et je ne pouvais plus regarder un seul de mes frères ni même Alex sans cette culpabilité.
Alex, rien que dit penser mon regard se brouille. Il me manquait tellement. Son odeur, sa voix, son souffle.

- Aie !

- Toutes les excuses Madame Rowling.

Je reprenais soudain conscience que j'étais en train de recoudre cette mamie qui s'était coupé le bras.

La journée a été très compliqué. Nous avons du accueillir près de 50 personnes aux urgences aujourd'hui et quand la petite clé tourne dans la serrure, je pousse un soulagement.
Je jette aléatoirement mes chaussures sur le sol de mon appartement et je referme la porte à double tour. J'enlève mon manteau et mon sac et je dirige immédiatement vers leur photo. Comme un petit rituel, j'embrasse le cadre avant de le reposer sur la table.

Je me jette dans le canapé. Je ferme les yeux et je repense comme tous les jours à cette nuit.

Après que Val ait pété un plomb ce matin là, Alex m'avait remonté dans ma chambre. Il s'était assis sur lit et s'est effondré en pleurs. Je ne parlais plus. J'étais inerte et même si mon coeur me dictait de le prendre dans mes bras, aucun muscle de mon corps ne pouvait s'exécuter. Il était ensuite descendu rejoindre les garçons.
Je ne sais toujours pas combien de temps j'étais resté allongé sur mon lit mais ce jour là tout tourné en boucle dans ma tête. J'avais tué Gen ! Gen et sa lettre !
Et cela m'était venue comme une évidence ! Je devais partir avant de faire encore du mal à quelqu'un que j'aimais ! Si je n'avais pas continuer avec mes foutues questions Alex n'aurait jamais été clamer leur liberté et si je n'avais pas été rencontrer Clay rien de tout ça ne serait arriver ! Tout était de ma faute depuis le début comme j'en évidence. Val avait entièrement raison.
Alors, j'ai attendu que tout le monde dorme cette fameuse nuit. Et alors qu'Alex est entré dans ma chambre pour venir dormir, j'étais déjà prête, j'étais déjà sûre de moi. La clé, la lette et la carte de crédit était dans mon sac qui était disposé juste près de la porte. Je me souviens avoir regardé ce sac pendant de longues heures en me demandant comment je ferai à vivre sans eux, sans lui, celui qui me serrait si fort dans ses bras. Puis, je l'ai remémoré, plus tôt, pleurant au bord de mon lit. Mon coeur s'est serré, tout était de ma faute.
Alors le plus doucement possible, je me suis levée délicatement. Je l'ai regardé une dernière fois en chuchotant ces mots :

- Mon dieu comme je t'aime ! Pardonne moi ! Je t'aimerai toujours mon Alex et je ne t'oublierai jamais !

J'avais ensuite pris ce putain de sac et j'avais descendu les escaliers dans un silence religieux. Puis j'ai couru, courir de toutes mes forces sans me retourner.

J'ouvre les yeux lorsque mon téléphone sonne.

- Salut Emi ! Comment tu te sens aujourd'hui ?

- Salut Dwayne ! Pas très bien à vrai dire !

- Ne bouge pas j'arrive !

Secrets de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant