41. Impossible

416 28 1
                                    

Cela fait une heure que je suis dans les bras de Dwayne. Sa dernière phrase est restée en suspend dans mon esprit. Et s'il avait raison, si je devais rentrer à LA ?
Les larmes ne s'arrêtent plus et Dwayne ne fait que me consoler. Plus aucun son ne peut sortir de ma bouche. J'étais bien consciente que ma fugue les aurait marquée mais à ce point ... Comment pouvais je retourner là haut après les derniers mots de Val ? Il avait raison sur toute la ligne. Si je fais le bilan de ce qui s'est passé tout est de ma faute. Tout a commencé ce fameux jour où je suis rentrée plus tôt de la fac et que je les ai vu puis la fête et Alex ! Ensuite Sam, Miles, Clay ... ma remise de diplôme... tout se brouille, je n'arrive plus à respirer.

J'essaye de me redresser pour prendre de l'air mais cette fois ci, je n'y arrive plus.
Un râle sort de ma gorge et je sens des fourmillements dans tous mes membres.
J'essaye encore une fois de prendre de l'air dans mes poumons mais en vain.
Dwayne se redresse et me regarde incrédule.

- Emi ! Oh Emi, tu vas bien ?

Il essaye de me relever mais je sens peu à peu mon esprit s'en aller. Je suis aspirée dans un tourbillon avec des images de tous ces moments évoqués. Puis le trou noir.

Lorsque j'ouvre les yeux, je reconnais trop bien ce lieu. Et merde ! Je suis dans mes urgences. Je tourne la tête et je voIs Dwayne en train de parler avec Brooke. Lorsqu'ils voient que j'ai les yeux ouverts, ils se jettent tous les deux à mon chevet.

- Hey ! Emi, ne me refait plus jamais ça !

Dwayne me prend dans ses bras et me sert très fort.

- Je t'avais dit ce matin que tu ressemblais à un zombie ! Le dit-elle
Brooke prend ma main et la sert.

- Dis donc tu nous as foutu une sacrée frousse ! Je comprends pas tu étais dans mes bras et tout à coup tu es devenu presque livide. Blondinette faut que tu arrêtes de te torturer et tu sais ce qu'il te reste à faire.

Brooke regarde Dwayne car elle ne comprend rien à ce qu'il est en train de dire. Il faut dire que je n'ai parlé à personne de mon passé pas même Brooke avec qui je m'entends super bien. La dernière fois que j'ai eu une amie, on sait comment cela a fini.

Nous sommes coupés par monsieur Robin qui se racle la gorge.

- Merci de nous laisser seuls un moment !

Son ton est sec et glaçant. J'essaye de me redresser dans ce lit mais je suis comme paralysée. Il ferme les rideaux entourant mon lit et s'assoit près de moi.

- Bon ! Vous avez fait un malaise suite à une crise d'angoisse.

Il regarde les résultats sans une once de compassion. En temps normal, il est plutôt avenant avec les patients mais la clairement il ne me ménage pas.

- Alfano, Alfano, Alfano !

Je racle ma gorge pour essayer de prendre la parole mais il me coupe.

- Si je suis dur avec vous c'est parce que j'avais été bluffé par vos résultats. Et puis, lorsque vous êtes arrivés dans mon service, vous n'avez été que moyenne. Je m'attendais à tellement à mieux !

- Je ... je suis désolée !

- C'est justement tout le problème ! Vous vous excusez en permanence. Je comprends un peu mieux à présent pourquoi ...

- J'ai perdu mon frère ... il y a 4 mois !

- Je suis désolée mais ce que je vouais vous dire c'est que ...

- Il a été assassiné le jour de ma remise des diplômes.

Monsieur Robin lève ses yeux pour la première fois de la conversation et me regarde. Il a le regard moins sévère. Ses yeux en disent longs. Pitié , compassion, voilà pourquoi je me refusais d'en parler. Cette sensation de jugement ou de compréhension m'horripile. Personne ne peut comprendre

- il est mort à cause de moi et j'ai préféré fuir ma famille car je ne pouvais plus les regarder en face et ...

Les larmes coulent à niveau sur mes joues.

- c'est la première fois que j'arrive en parler à quelqu'un ... je n'étais pas comme ça avant je vous assure ... je vais me ressaisir.. je vous promets .. je vais vous montrer que vous avez bien fait de me choisir. J'essaye. Tous les jours j'essaye. Je vous le jure.

Il pose sa main sur la mienne. Ce geste me paraît tellement extraordinaire venant de lui.

- Mademoiselle Alfano, je suis désolée. Vous auriez du m'en parler plutôt. Nous aurions trouvé une solution. Écoutez, la vie est parfois horrible et ne nous laisse pas de répit. Je vois bien que le départ de votre frère vous affecte encore énormément et c'est normal. Il faut du temps pour panser une telle cicatrice. Je pense vous devriez vous reposer jusqu'à  votre congés maternité, et à votre retour nous vous trouverons un poste plus adéquate.

- Mon congés quoi ?

Le docteur Robin me toise et son regard fait part d'incompréhension.

- Vous êtes enceinte de quatre mois ! Ne me dites pas que vous ne vous en étiez pas rendu compte ?

- C'est impossible, j'ai eu mes règles et j'ai enfin ... non !

- Je pense que vous devez savoir que ce sont des choses qui arrivent ! Parfois, une femme enceinte peut continuer à avoir ses règles. Je suis désolé de vous l'apprendre aussi abruptement !

- C'est impossible !

Mon cerveau ne réussit plus a comprendre. Ma main est posée sur ma bouche pour l'empêcher d'hurler. Comment est- ce possible ? Comment je n'ai pas pu m'en rendre compte ? En même temps avec tous ses événements, je n'ai pas pensé à moi une seule seconde.

- Encore une fois désolé de vous l'apprendre ainsi. Je vous conseille du repos et je suis navré de tout ce qui vous arrive, vraiment. Je suis sure que vous êtes une belle personne. Prenez le temps pour vous et votre bébé ! Je vais demander à l'obstétrique de vous fixer un rendez vous !

Il se lève, ouvre les rideaux et me laisse planter là. Mon coeur s'emballe et instinctivement ma main se place sur mon ventre. Une larme coule mais pour une raison que je ne saurai expliquer ce n'est pas une larme de tristesse. C'est une larme de joie. Cela me plonge dans un vieux souvenir, celui d'Alex et moi.

Secrets de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant