Chapitre 2

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L'été est passé. Hermione est devant le Poudlard Express. Cela faisait depuis la bataille qu'elle n'avait plus vu des sorciers. Elle avait passé ces derniers mois seule, menant une vie d'ermite dans le monde des moldus. Elle avait passé ces derniers mois dans le brouillard, sans contact, ni avec Harry, ni avec Ron dont elle se souvenait du baiser. Harry avait compris quand elle les avais laissé. Ron n'avait rien dit. Il ne sais jamais que dire.

Ce dernier est d'ailleurs celui qu'Hermione attends sur le quai avant de monter dans le train avec lui pour sa huitième année. Ils ne seraient que tous les deux, Harry ayant été accepté dans l une formation pour futur auror. Elle appréhendait. Elle appréhendait car du brouillard dans lequel avait vécu Hermione ressortait néanmoins quelques sentiments récurrents. Du regret. De l'indifférence. Mais cela, elle s'en savait incapable de l'exprimer à Ron.

Le rouquin arrive alors derrière elle, la prenant par surprise, et lui tapote l'épaule. Hermione se retourne en sursautant.

    - Ron!

    - Hermione ! ca fait du bien de te voir.

Il se penche vers elle, esquissant une demande de baiser à laquelle la jeune femme répond en détournant la tête, l'embrassant sur la joue. Ron est gêné. Hermione est gênée. Ils entres tous deux dans le Poudlard Express, une barrière invisible entre eux. Une fois installés dans leur compartiment, le 74, Ron sort des chocogrenouilles.

    - Rien de tel pour décompresser! Et comme je sais que la rentrée te stress.

    - Tu n'en sais rien.

    - ... Non... Bien sur... Sert toi si ... si tu en as envie...

Hermione soupir, dessine un semblant de sourire sur son visage, et prend un chocogrenouille. Ron reprend son grand sourire, inconscient que celui de sa petite amie, ou quoi qu'elle soit, n'est pas monté jusqu'à ses yeux.

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Remus est à nouveau dans le compartiment 75. C'en est presque un cauchemar. A force de revivre le même rêve de sa mort, avec ses amis dans ce compartiment chaque nuit, encore et encore, inlassablement, à chaque instant du moment que Teddy n'est pas réveillé et en pleine crise de larmes incontrôlables qui ne peuvent qu'en arracher à son père désemparé, Remus connait par cœur cet espace. Mais vide, ce wagon est froid, dénué d'amour.

A travers les vitres, il aperçois des élèves. Des nouveaux. Des anciens. Ron et Hermione. Le premier semble avoir conservé son insouciance malgré la mort de son frère. Remus ne pouvait lui souhaiter que cela : qu'il reste innocent. 

Mais Hermione, elle, semble âgée. Tellement âgée. Ses traits sont ravagés sous son masque qu'elle adresse à son amis. Remus le ressent à travers son propre compartiment : Hermione est vide. La pauvre gamine. Il croit se souvenir que des membres de l'Ordre lui avaient raconté avant la guerre qu'elle avait perdu ses parents. Un sortilège qu'elle leur avait lancé pour les mettre en sécurité. C'était horrible. Un enfant ne devrait pas avoir à protéger ses parents, quel que soit son âge. Mais la guerre l'exige parfois. Et cela - Remus le sais - cela laisse des marques indélébiles.

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Les roulement du train crissent. Les voilà arrivés. Sans même qu'Hermione ne s'en rende compte, la voila attablée à la table des Gryffondors. elle se fait la remarque que son brouillard semble l'avoir suivie jusqu'à Poudlard. Si celui-ci est handicapant, il lui évite néanmoins de penser. Mais face à la grande salle, il se dissipe. Pourquoi l'abandonne-t-il au moment ou elle en as le plus besoin?!

Et soudainement, sans la protection de ses nuages protecteurs, le cerveau d'Hermione se met en route. Quelques mètres plus loin, il y a quelques mois de cela, elle regardait le corps exsangue de Lavande Brown. Elle entendait les lamentations des mères, les pleurs des amis, la colère  des frères.

 Les coudes sur la table, Hermione enserre sa tête dans ses mains. Elle presse ses tempes le plus fort possible. Elle inspire. Elle expire. A nouveau son cœur la rattrape. Il ne s'est toujours pas arrêté. Bam. Bam. Bam. Elle inspire. Elle expire. Plus vite ! Elle n'a pas assez d'air! Elle inspire! Elle expire! Encore plus vite! Puis, enfin, la crise s'arrête. Hermione s'est concentrée sur autre chose. 

Elle sent un regard. Un regard familier. Elle tourne la tête. Alors que Ron est toujours très affairé à se gaver de pudding et à parler avec Seamus, lui la regarde. Le professeur Lupin. Et encore une fois, dans ces yeux dont elle connait la lueur pour l'expérimenter tout les jours, elle s'apaise, comme ce matin là, au lendemain de la guerre.

 Leur échange ne dure qu'une fraction de seconde, puis Hermione retourne la tête vivement, remettant son masque impassible et faussement intéressé par la conversation de son petit ami.

    - Par la Barbe de Merlin! Cette salle m'avait manqué!

    - Oh? Vraiment... fait Hermione d'une voix lasse

Ron ne remarque rien. Il entame une autre part de pudding, les yeux comme des soucoupes.

    - Bien chuur, moins que la nourriture !

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A la table des professeurs, un silence règne, parfois ponctué de quelques remarques polies. Aucuns n'a oublié. Les élèves non plus, bien entendu, mais pour la plupart, ils conservaient encore une insouciance, bienfait de de l'enfance et de ce qu'elle laisse chez les adolescent. Pas les adultes, et cela se ressent dans le mutisme des enseigants.

Mais Remus ne s'ennuie pas. Il est intrigué par la jeune Hermione. Il la regarde. Elle le regarde. Instant de répit. Enfin. Puis elle détourne la tête. Ses fantômes reviennent. Tant pis. Il commence à avoir l'habitude.

MALGRE TOUT [Remus x Hermione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant