Chapitre 14

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Très vite, Hermione refit tomber sur son corps le sort de dissimulation. Elle s'infligeait parfois cette torture pour se souvenir, comme s'il eu été pire de ne plus savoir à quelle point elle avait été dénaturée, mais elle n'en supportait pas la vue plus de quelques instants.

Alors que l'illusion la recouvrait de nouveau, Hermione soupira de soulagement. Elle plongea dans le bassin chaud et accueillant dont se dégageait une odeur de pin. Elle avait l'habitude d'opter pour la lavande quand elle venait dans la salle de bain des préfets, mais cette fois, le pin lui sembla plus familier, plus juste.

Après s'être totalement immergée, la jeune sorcière vint se poser sur les marches les plus hautes du bassin, fit apparaitre un roman et après l'avoir recouvert d'un charme de protection imperméable, Hermione lut, s'échappant de la réalité pour quelques heures bienfaitrices.

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Pendant les jours qui suivirent, Hermione suivit son programme à la lettre. Dès le premier matin, elle avait dévoré la moitié de son manuel de Runes, écrit une dissertation de potions sans oublier de rajouter les presque quinze centimètres supplémentaires, systématiques et conventionnels pour Hermione Jean Granger. Elle avait même lu un roman moldu en entier, ce qu'elle faisait volontiers tant que ça n'était pas du Shakespeare ou du Baudelaire. 

Le soir du premier jour, alors qu'elle avait fini par se réhabituer à s'occuper seule, elle se dirigea vers le parc du château, où elle passa plus d'une heure à se promener, arpentant tanto l'orée de la foret, tantôt le bord du lac, saluant le poulpe. 

Elle rendit alors visite à Hagrid, qui lui fit remarquer qu'elle paraissait particulièrement en forme.

     - Je connais ce sourire ma petite Hermione, il y a un garçon derrière ces yeux vifs..

     - Et bien peut-être, répondit elle en rougissant

     - Un Gryffondor ?

     - Oui....

     - Alors dis moi lequel, la somma le semi géant, avant de se continuer sur le ton de la confidence, les Gryffondors sont bien les seuls que je connaisse.

     - Ecoute Hagrid, je ne crois pas que ca soit  nécess...

     - Tu ne veux rien me dire... Les jeunes filles ont leurs secrets.. Mais sache que je serait toujours là pour lui botter le cul !

Hermione éclata de rire, à la fois car elle avait du mal à s'imaginer Hagrid, ni même quiconque, bottant le cul de Remus, et à la fois parce qu'elle était plutôt très soulagée que le garde chasse n'insiste pas. Quand ce dernier avait posé LA question, la réalité avait très vite rattrapé Hermione. Elle et Remus avaient vécu quelque chose de magique, bien que presque platonique, seuls dans leur bulle. Mais en dehors, ils devraient tout affronter. L'âge. La lycanthropie. Leurs amis. Eux. Et quand Hermione voyait la façon dont Remus était parti après la première sortie de leur bulle, elle commençait très sérieusement à s'inquiéter.

Quand elle sortit enfin de la cabane du garde chasse, le moral de Hermione était donc très grandement retombé. Elle rentra aux château, se coucha, se releva, s'approcha de la cheminée, s'en éloigna, se fit un chocolat, puis prenant son courage à deux mains, pris de la poudre de cheminette, et murmurant "square grimmaud", la jeune femme passa la tête dans l'âtre.

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Remus avait passé la journée dans la bibliothèque de la maison Black, face au feu. 

Dans la mâtiné, Teddy avait été avec lui. Ils avaient joué et Remus lui avait lu des livres. Il n'avait pas rechigné une seul fois, même lorsque Teddy est redescendu pour la treizième fois de sa chambre avec un treizième livre sur les animaux magiques (en s'envolant pour la treizième au dessus de l'escalier). Passer du temps avec son fils sur ses genoux, à humer son odeur de bébé attendrissait le lycanthrope, et l'empêchait par le même occasion de trop penser. Quand il était avec son enfant, toute l'attention de Remus lui était dédiée. C'était bine la seule chose dont il était fière en tant que père tant il avait l'impression d'être mauvais en comparaison avec Dora auparavant et Sirius maintenant.

Mais l'après midi, Remus l'avait passée seule. Il avait ressassé. Ressassé. Encore ressassé. Son esprit allait à toute allure, et pourtant, il était incapable de comprendre ce qu'il lui arrivait. Mais il avait peur. Il avait si peur. 

Alors que le temps passait et que le feu s'amenuisait, Remus arrivait de plus en plus à poser des mots sur ces peurs.

Il avait peur  de déshonorer Nymphadora, de la tromper en en aimant une autre. Et là résidait sa deuxième peur : tombait il à nouveau amoureux? Et si oui pourquoi étai-ce si différent, si profond, si effrayant surtout? Remus avait aussi peur de toutes les retombées d'un histoire avec Hermione. Pendant les derniers mois, le lycanthrope était resté dans le déni, se mentant à lui même quand à ce qui leur tombait dessus, mais ca n'était plus possible, plus maintenant, alors qu'il pressentait que les cartes allaient être dévoilées.

 Et Remus avait peur de faire à face à toutes les remarques et réactions que susciterait leur relation : ils avaient 20 ans d'écart, et même lui se sentait comme un vieil homme lubrique à l'idée des sentiment qu'il avait. Il avait honte de ce pour quoi il passerait. Un vieil homme un peu tordu par le temps et balafré qui profite de son élève, élève qui sois dis en passant fait tourner la tête à l'ensemble de la gent masculine tant elle est belle.

Il ne voulait pas non plus imposer Teddy à Hermione. Elle était jeune, elle avait a vie devant elle, il ne pouvait pas la restreindre avec un enfant qui ne serait même pas le sien. Et Hermione semblait avoir des sentiments pour Remus, mais avait elle jamais pensé à lui comme un simple quadragénaire père d'un enfant en bas âge, c'est à dire comme à un homme qui ne s'appartient pas et qui ne peut se permettre de batifoler comme un ado, ce qu'il avait jusqu'alors fait avec elle.

Mais pourtant, rien de tout cela ne surpassait les sentiments de Remus. Il avait l'impression qu'il ne pourrait jamais survivre sans elle, qu'il ne pouvait plus respirer, ou même penser s'il ne la savait pas à lui. Il avait un besoin irrépressible de la savoir en sécurité, et il aurait tant voulu qu'elle soit dans ses bras à chaque instant du reste de sa vie.

Et alors que cette possessivité s'affichait face à lui avec plus de netteté, Remus su qu'il allait mourir, qu'il ne vivrait plus, que sa vie touchait à sa fin. Parce que ce n'était plus lui qui parlait. C'était le Loup. C'était son cauchemar le plus intime et le plus puissant qui s'était approprié l'une des choses qui lui tenait le plus à cœur. Le Loup s'était approprié Hermione.

Quant il parvint à cette conclusion, le feu était presque éteint et la nuit tombée. Dans la pénombre de la pièce, l'homme tomba à genoux et hurla.

Il hurla comme il ne l'avait jamais fait, car il ressentait une douleur plus intense qu'il n'en avait jamais ressentie. Les larmes débordèrent de ses yeux et dévalèrent son visage sans s'arrêter.

C'était la fin : la lycanthropie lui prendrait bien tout. Elle lui prendrait même Hermione. Alors Remus su qu'il n'aurait pas le choix que de prendre la décision la plus dure de sa vie.

Alors que se prenait en lui la résolution, la cheminée se ralluma d'un flambée verte.

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Hermione arriva dans la bibliothèque de la maison Black. Coup de chance, pour une fois, elle avait réussi à se maintenir sur ses pieds.

Elle leva les yeux et fit le tour de la pièce sombre. Au centre de celle ci, Remus siégeait à genoux, l'air hagard et les yeux remplis de larme.

Et Hermione su.



MALGRE TOUT [Remus x Hermione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant