Chapitre 13

92 6 0
                                    


Lorsque Hermione et Rémus rentrèrent enfin à Poudlard, le château leur parut terriblement vide. Ils avaient vécu le flot ininterrompu de passant à Londres et l'espace confiné de la voiture dans laquelle il leur était impossible de ne pas ressentir la présence de l'autre, mais ici, entre les murs froids d'un lieu déserté par des élèves en vacances, ils se sentaient tout deux terriblement isolés.

Dès le lendemain, le lycanthrope annonça à Hermione qu'il contait aller passer du temps avec son fils et Sirius au 12 square Grimmaud. Si la jeune sorcière en fut surprise, elle n'en dit mot, et Rémus s'en trouva soulagé. Il s'était presque attendu à un peu de résistance, et à sa grande surprise il se sentit tout de suite libéré d'un poids. Cela n'avait aucun sens. Il ne comprenait pas. Et ce qu'il comprenait encore moins, c'était le fond de culpabilité qu'il sentait monter en lui. Pour calmer ses esprits, il tenta de la faire disparaitre.

     - Nous nous reverrons pour Halloween ? J'espère que tu viendras malgré les Weasley?

     - Je... Oui. Je viendrait. Et puis... les Weasley ne me dérange pas... Pas vraiment. Sera-t-il là?

     - Je ne sais pas. Je ne crois pas. Harry m'a parlé par lettre d'un stage de Quidditch auquel il n'irait pas pour passer du temps avec Teddy. Peut être que lui y sera?

     - Mmh...

___________________________________

Et sans plus d'explications, Hermione vit Rémus partir dans sa chambre. Elle l'entendit faire sa valise. En moins d'une demi-heure, il lui plaquait un baiser timide sur la joue et fermait la porte.

Il était parti. Comme ça. Il n'était même pas 8heures du matin, et Hermione était seule dans les appartement de celui dont elle était le plus proche depuis des mois, à se demander pourquoi, du jour au lendemain, il la laissait seule. Et alors qu'elle s'interrogeait sans relasse sur la raison qui avait bien pu le pousser à la mettre de coté dans un moment où elle aurait pu sans problèmes l'accompagner, Hermione se mit à se maudire.

Depuis quand était elle tombée si bas. Elle qui avait couru les plus grands périls. Elle qui avait sauvé Harry des pires situations. Elle qui était la sorcière la plus puissante de son temps! Et elle était là à se demander pourquoi un homme - un homme bon sang - la laissait sur le côté. Hermione ne se souvenait plus du moment où elle était devenu si dépendante de Rémus.

Ce mot - dépendante - s'insinuant dans son esprit et signifiant tout ce qu'elle avait toujours craint, elle s'exhorta à se calmer.

La jeune sorcière se fit un chocolat chaud - bien sur- puis s'installa confortablement sur le canapé, Pattenrond sur ses genoux. Alors elle pensa plus clairement. Elle se demanda pourquoi elle venait presque de piquer une crise. Après tout Remus n'avait rien fait de mal : il allait juste passer du temps seul avec son fils et son meilleur ami, qui représentent accessoirement la seule famille qu'il lui reste. Il n'y avait vraiment rien d'anormal à cela. Malgré tout, un doute subsistait au fond d'Hermione. Remus n'avait pas été particulièrement distant -bien qu'elle se soit attendue à ce qu'il l'embrasse réellement après le Week end qu'ils avaient passé- et pourtant, la jeune sorcière était persuadée d'avoir profondément ressenti que quelque chose n'allait pas dans l'attitude du lycanthrope. Comme si... Comme s'il regrettait. Ou comme s'il avait honte.

Hermione secoua la tête. Non vraiment cela n'avait pas de sens. Remus était simplement parti voire sa famille. Elle allait profiter de quelques jours en solitaire, elle lirait tous les livres qui commençaient à s'accumuler sur sa table de nuit, elle réviserai les runes anciennes et les potions et puis elle irait chez Sirius le dimanche, pour fêter Halloween, voir ses amis qui lui manquaient déjà atrocement et pour voir Remus et Teddy.

________________

Ce soir là, Hermione se rendit dans la salle de bain des préfets. Celle des appartements de Rémus n'était pas horrible, bien au contraire, mais ce soir l'idée d'un bain l'appelait avec une force contre laquelle elle ne pouvait résister.

Après avoir lancé un reducto sur ses affaires et les avoir mises dans la poche de sa robe de sorcière, Hermione traversa les couloirs vides, reconnaissante des vacances qui lui laissait le château presque à elle seule. Arrivée devant le tableau qui cachait l'immense pièce, elle murmura :  "fraicheur des pins" , et voila qu'elle était entrée. Elle verrouilla la porte.

Hermione se dévêtit, déposant ses vêtement sur les ottomanes prévues à cette effet, et nue elle entra dans un bassin situé face à un énorme miroir. Alors qu'elle descendait les marches, elle observa son corps. Une larme roula sur sa joue. Depuis longtemps, elle ne pouvait se regarder complètement sans éprouver un sentiment de souffrance incommensurable. L'entièreté de son corps ne faisait que lui rappeler les pires épreuves de sa vies. Puis inspirant profondément, la jeune sorcière se retourna et saisi sa baguette sur le bord du bassin.

Elle se reconcentra sur son image dans le miroir, se regarda dans le yeux et enfin, en un mot, fit disparaitre les sorts qui la bardaient. Elle s'apparut à elle même dans toutes ses blessures, toutes ses cicatrices et toutes ses stigmates. Des entailles ceignaient son corps, et sa peau couturée n'était plus lisse qu'au niveau de son front. Les atteintes qu'elle avait subi ne laissaient plus de place à l'ancienne Hermione, et elles n'en laissaient pas moins à son ancienne enveloppe charnelle. Le long de ses jambes descendaient des grandes balafres s'enroulant en cercles parfaits autours de ses cuisses de ses genoux et de ses mollets. Son ventre plat était strié d'entailles qui furent si profondes qu'elle était alors incapable de parler sans hurler de douleur. Le long de ses bras, le travail était moins propre, les cicatrices plus confuses, mais tout aussi nombreuses, entourant l'inscription que lui avait faite plus tard Bellatrix : "sang de bourbe". Quant à son visage, deux larges stigmates barraient chacune de ses joues.

Et devant cette hideuse image d'elle même, Hermione ne put que rester paralysée par la vision qui hantait ses cauchemars, les larmes roulant sur ses joues couturées sans vouloir s'arrêter.


MALGRE TOUT [Remus x Hermione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant