Chapitre 9

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Ca fait sept jours. Sept jours que je suis ici et que je joue littéralement avec le personnel médical. Je ne mange que lorsqu'ils sont dans les parages et serre les dents quand il refont mes bandages comme si j'avais réellement mal. En parallèle je me fais vomir tous les jours et j'ai recommencé à me couper les cuisses. 

Sinon, Niall est devenu mon ami. Nous passons nos journées ensemble, nous regardons la télé le matin, allons aux activités manuelles, il mange mon repas du midi, on retourne regarder la télé, nous allons aux activités physique que je fais et qu'il regarde et nous rentrons pour discuter jusqu'à l'heure du dîner. Je pensais qu'il ne me trouverait pas intéressant et que j'allais l'ennuyer mais il adore parler à ma place et me raconter ses aventures et j'ai l'impression que ça l'aide alors je suis content. Il et vraiment gentil, je l'apprécie beaucoup. 

J'ai appris à connaitre les autres jeunes aussi, je suis le plus jeune bien sûr, mais ils m'ont tous comme qui dirait accepté. Ils adorent me mêler à leurs bêtises le soir, ce sont des moments qui m'apaisent avant d'aller me coucher, c'est agréable. 

Ma mère est venue tous les soirs, sauf un jour, pendant la demi-heure où elle est autorisée. Elle essaye de savoir ce qu'il en est mais je ne fais que détourner les questions pour changer de sujet. Je sais que je lui fais plus de mal qu'autre chose mais je ne sais rien faire d'autre. Est ce que ce serait mieux pour elle de savoir tout ce qui se passe dans ma tête ? Ce sont mes problèmes, ils m'appartiennent et je n'ai pas à les transposer aux autres. C'est donc un soulagement quand ma mère repart, certes elle repart sans sourire et je sens sa tristesse quand elle m'enlace mais c'est comme ça. J'aimerais tant qu'elle accepte que c'est ma façon à moi de me punir pour qui je suis. 

Et j'aime ça.

Alors j'ai instauré une routine que je vais d'ailleurs démarrer parce que les infirmiers viennent de toquer aux portes, il est sept heure. D'abord je dois aller en consultations. Je bois donc mon litre d'eau, met un gros pull en plus de mon bas de pyjama et de mon t-shirt manche longue. Je ne passe pas au toilette et y va directement. Matthieu me sourit et me salut mais je ne répond pas, je me contente de répéter les mêmes gestes. Je monte sur la balance puis m'installe sur la table et relève ma manche en attendant qu'il s'exécute. Quand il a terminé je vais chercher Niall pour aller au réfectoire. Je regarde qui surveille le petit déjeuné et quand je vois que ce ne sont pas des infirmiers de notre service je m'en vais m'asseoir à une table alors que Niall dévalise le buffet. Je rigole quand je le vois revenir des étoiles pleins les yeux. Nous discutons légèrement avant de remonter dans notre bâtiment. Niall m'informe qu'il va directement dans la pièce à vivre regarder la télé alors que je le préviens qu'il faut que j'aille m'habiller. 

Je traverse le couloir comme à mon habitude, je m'y sens plus à l'aise et me permet de marcher la tête moins baissée. J'aperçois alors que le nouveau patient est entrain d'arriver, il ouvre sa porte tout en essayant de porter sa valise. Je rigole d'amusement tout en rejoignant ma propre chambre discrètement. Il semble plus âgé que moi mais j'ai le sentiment qu'on ne s'entendra pas, en même temps Harry les gens ici ont pitié de toi et ce n'est pas par choix mais par compassion qu'ils t'apprécient, ne te fais pas d'illusion sur cette nouvelle personne qui ira plutôt vers les autres jeunes que toi. Ma conscience me force à rebaisser la tête et à me rallonger dans mon lit, les genoux contre ma poitrine. Je n'ai plus envie d'aller regarder la télé avec Niall. Peut être que si je fais mine de dormir quand les infirmiers passent vérifier les chambre je pourrais passer une journée tranquille sans avoir affaire à personne. Ce sera mieux pour tout le monde. 

Alors je reste là, rien n'a changé, j'ai tout aussi mal que quand je suis arrivé. Je gratte frénétiquement mes cuisses à la recherche d'une douleur qui m'apaiserai. Quand je sens les croutes s'arracher et les coupures se réouvrirent je soupir de bien être. Je ferme alors les yeux et profite de ce doux moment. 

Mais quelqu'un toque à ma porte. Mes sourcils se froncent et je plonge sous la couette pour me cacher tout en fermant les yeux. Quand la porte s'ouvre alors que je n'ai pas répondu je déduis que c'est un infirmier. Cependant il ne repart pas et s'approcher déposant une main sur mon épaule. 

Harry ? Harry réveille toi nous avons prévu une réunion pour introduire le nouveau patient il faut que tu vienne. 

J'irai lui parler plus tard, je suis fatigué s'il vous plait. 

Je négocie enfouissant davantage ma tête dans l'oreiller déçu d'avoir été dérangé alors que j'avais trouvé la paix. 

Harry tu n'as pas a être fatigué comme ça au bout d'une semaine ici, ton hygiène de vie aurait dû s'améliorer et tu devrais te sentir plus en forme. En plus le Docteur Marie tient à ce que vous veniez tous elle souhaite vous voire tous ensemble. 

Je comprend que c'est non négociable et me redresse brutalement. 

Très bien, j'arrive. Juste le temps de m'habiller. 

Je lui lance un regard lui indiquant de s'en aller. Elle essaye de me sourire pour me détendre mais ça ne fait que m'agacer davantage. 

C'est alors pas étonnant que j'arrive le dernier dans la salle commune et qu'à mon plus grand désarroi tout le monde se tourne vers moi, même le nouveau. Je baisse la tête et m'installe dans un fauteuil le plus éloigné de tous. Je sens le regard du nouveau sur moi, il me juge, déjà, alors qu'il ne m'a vu que quelques secondes. Tu es pathétique Harry. 

Très bien. Alors bonjour à tous. J'espère que votre début de journée se passe bien et si ce n'est pas le cas les infirmiers sont toujours là pour vous écouter. 

Le Docteur Marie marque une pose en nous lançant un grand sourire. J'en profite pour ramener mes genoux à ma poitrine et m'enfoncer de plus en plus dans mon siège. 

Nous avons organisé cette réunion pour vous introduire Louis. Vous êtes tous arrivés dans les deux dernières semaines et vous allez donc tous rester ici pour la même période. Nous espérons ainsi que vous arriverez à créer une bonne cohésion de groupe et que vous pourrez soutenir les autres dans la limite de votre possible. S'il viendrait à ce qu'il y ait le moindre conflit nous sommes là pour vous écouter et vous accompagner à le régler. Voilà, maintenant on va faire un petit tour de vos prénoms et de vos âges pour que vous ayez un premier échange tous ensemble. Vas y Louis. 

Eh bien moi du coup c'est Louis et j'ai dix neuf ans. C'est la seconde fois que je retrouve dans ce service, j'espère que cette fois c'est la bonne.

Tout le monde rigole tant dis qu'il sourit et ne baisse pas le regard, cette confiance est beaucoup trop intimidante, nous n'allons jamais trainer ensemble. 

Moi c'est Schaun, j'ai dix huit ans. 

Moi c'est Camilla j'ai dix huit ans aussi. 

Moi c'est Niall, j'ai dix sept ans. 

Je n'écoute plus, tout ceci est inutile. Ils ont tous au moins deux ou trois ans de plus que moi ce qui montre bien l'absurdité de ma présence ici. Ils ont de réels problèmes et méritent d'être accompagnés. J'espère qu'ils ressortirons tous en meilleure santé en tout cas, ils m'ont tous a peu près expliqué leur milieu de vie et ils méritent tellement de trouver la paix pour s'épanouir. Je leur souhaite tellement fort en tout cas. 

Harry ? Harry c'est ton tour. 

Oh merde j'avais oublié leur tour de présentation. De toute façon ca ne sert à rien, dans cinq minutes il aura déjà oublié mon nom. 

Euh ouais, du coup bah Harry et j'ai quinze ans. 

Parfait, nous allons maintenant vous laisser. Je te rappelle Schaun qu'on a rendez-vous à dix heure et toi Niall à dix sept heure. Voilà, sur ce je vous souhaite une belle journée à tous. 

Je garde la tête entre mes genoux en attendant que tout le monde retourne à ses activités. Quand il n'y a plus de bruit je relève la tête, Niall m'attend pour regarder la télé, je me lève alors pour le rejoindre de son côté du canapé mais je remarque que Louis est toujours assis sur le côté et m'observe. Je me cache alors derrière Niall et me laisse porter par la série qu'on regarde. 


On est malades.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant