J'ai ma date de sortie, j'ai ma date de sortie. Je n'en reviens pas, après les avoir tous vu partir plus en forme que jamais c'est mon tour. Je viens de sortir du bureau du docteur Marie et elle a confirmé que mes mesures et mon pieds étaient à présent stable et que je pourrais sortir mardi, je n'en reviens pas. Je n'ai plus personne à aller prévenir parce que c'est un tout nouveau groupe qui s'est emparé de l'étage et je leur souhaite tout mon bonheur mais du coup je cours dans ma chambre. Je cours le plus vite possible et j'ouvre ma porte à la volé. Je me retourne vers le miroir et m'avance confiant vers ce dernier, il est temps d'enlever la serviette qui y trône depuis le début.
J'enlève précautionneusement chaque habit de mon corps et ouvre les yeux face au miroir. Et ce n'est que mon corps, celui qui me permet d'aller où je veux, celui me permet d'être qui je suis. Mes cicatrices sont toujours là, moins rosées mais toujours là et ce pour le reste de ma vie mais elles sont ma force je le sais maintenant. Ma peau blanche l'est moins qu'avant et je vois enfin autre chose que le gras sous ma peau, je vois mes muscles, je vois mes os, je vois ma peau. Les larmes me montent mais ce ne sont pas des larmes de dégout mais des larmes de fierté, je suis capable de me regarder à nouveau dans le miroir, je suis à nouveau quelqu'un et non pas un chiffre.
Je m'habille à nouveau pour aller me poser dans le parc mais cette fois je ne mets pas mon sous pull sous mon sweat, je sais que dehors il fait beau et bon alors je mets simplement un t-shirt. Peu importe si les gens voient mes cicatrices aujourd'hui, elles font partis de moi et c'est comme ça. C'est avec cette confiance que je sors de ma chambre, passe devant le bureau des infirmiers où Matthieu me fait un clin d'œil et que je descends les escaliers pour me rendre sur le banc où nous avions l'habitude de nous réunir avec les autres, aujourd'hui je suis tout seul mais je suis plus fort que jamais.
Je m'assois sur le banc, je ne croise pas mes jambes ni ne les ramène sur la poitrine. Je pose mes deux pieds sur le sol et ferme les yeux un instant, j'inspire et expire l'air du printemps qui arrive doucement. La chaleur du soleil touche ma peau tigrée et j'ai chaud, j'ai réellement chaud. C'est agréable et je profite de chaque rayon de soleil tout en attrapant mon livre et le commençant.
Quand je commence à être distrait de mon livre je le ferme et le pose sur le banc à côté de moi puis je regarde autour de moi, cet endroit. Je suis arrivé ici contre mon gré, refermé sur moi-même et avec cette idée que tout était noire alors que tellement de choses m'attendent. Louis m'attend, mes amis m'attendent, mes chiens m'attendent, ma famille m'attend, mon avenir m'attend et je suis prêt à le vivre. Je n'ai plus peur de traverser toutes les épreuves qui vont s'imposer, elles vont me ralentir mais plus jamais m'arrêter. Aujourd'hui j'ai compris que mes émotions ne doivent pas tout contrôler, ni mon jugement ni mes décisions.
Le soir arrive et je suis à table avec le nouveau groupe du service, ils s'entendent bien et vont réussir à se tirer vers le haut ca se voit. Je me demande alors si ca à été pareil pour nous, si les autres patients voyaient ça de notre groupe. Je prends une minute pour observer la salle, je ne suis plus effrayé d'être ici, d'avoir toute cette vie autour de moi. Et même si finalement je ne connais pas ces jeunes qui m'entours je suis maintenant assez à l'aise pour manger autour d'eux sans paniquer.
Je toque doucement au bureau infirmier et Mathieu m'invite à rentrer. Je croise directement son regard et on se sourit mutuellement. Je ne regarde plus le sol dorénavant et je me rend compte que j'ai loupé tellement de chose, tellement de regards complices, amoureux et bienveillant. Je rentre doucement dans la pièce et enlève mon pull et mes chaussures avant de monter sur la balance. Je n'ai plus cette boule dans l'estomac et ce nœud dans la gorge quand vient ce moment. Je sais à présent que ce chiffre ne me définit pas et que s'il représente quelque chose et bien c'est mon courage. Mes deux pieds sur la balance, le petit écran affiche les 60 kg libérateur et je me retrouve à sourire. Je repose mes pieds sur la terre ferme et Mathieu me prend dans ses bras.

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On est malades.
FanfictionLorsque Harry et Louis se rencontrent dans une clinique pour des troubles du comportement.