Chapitre 4

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Je suis chez ma grand-mère, on est une semaine avec les vacances de Noël. Je suis content d'être ici. Vraiment. Ca me fais du bien d'être avec elle. Elle me raconte ses histoires et je ris, je pleurs mais je profite.

Ma mamie, comme je l'appelle, a été très présente pendant notre enfance à Gemma et moi. C'est elle qui nous gardait quand nos parents partaient pour le travail et, croyez moi ça arrivaient et ça arrive toujours souvent.

Je me réveille. Mes poignets sont douloureux de la semaine dernière. Quand je regarde, les pansements ont collé aux plaies, ça va faire un mal de chien quand je vais les retirer. Enfin bref, j'enfile un jogging et un pull avant de sortir de la petite chambre.

Bonjour mon garçon, tu as bien dormis ?

Bonjour mamie, oui je dors toujours très bien chez toi.

C'est vrai, je dors bien chez elle. C'est comme si dans la pièce il régnait une sérénité qui chasse toutes mes angoisses.

Je t'ai préparé du thé et des tartines.

Elle me sourit et me supplie de manger à travers ses yeux. Alors je m'exécute, je ne veux pas la blesser davantage.

Etonnamment elle s'assoit en face de moi. En général on discute après le déjeuner alors que le matin nous vaquons tous les deux à nos occupations. Elle me regarde avant de prendre ma main dans la sienne. Elle est si belle, si douce. Je l'aime si fort.

Tu sais mon garçon on se fait beaucoup de soucis pour toi. Ton père m'a parlé de ce centre. Je pense que c'est une bonne idée pour toi. Et pour tes parents aussi. Tu sais ton père me parle beaucoup et lorsqu'il parle de toi c'est pour me raconter tes exploits à l'école ou en montagne.

Je lui souris en retour incapable de lui répondre. Elle prend ma main posée sur la table et la sert fort avant de m'embrasser sur le front. Je l'aime mais j'ai l'impression si forte de décevoir une nouvelle personne, ça fait si mal. 

Plus tard dans la journée nous avons décidé de rejoindre ma sœur qui habite aussi dans la capitale. Nous sommes dans le métro, l'ambiance me met mal à l'aise et je ne fais que triturer mes ongles, la tête baissée. Quand je tente de relever la tête vers ma mamie, celle-ci ancre son regarde souriant dans le miens comme pour me rassurer. La foule m'angoisse et je ferme les yeux en m'imaginant seul dans ma chambre, écoutant de la musique. Lorsqu'on frôle de nouveau les rues de la capitale j'ai le sentiment d'être libéré d'un poids et l'excitation de revoir ma sœur monte brutalement. J'ai si hâte. Dès que je l'aperçois au bout de la rue je cours me réfugier dans ses bras. Son étreinte est puissante et j'ai la sensation qu'elle veut capter tout mon mal être pour m'en libérer. Quand ce sentiment devient trop fort je me détache d'elle et baisse la tête, intimidé par la femme qu'elle devient. Doucement, elle prend mes mains osseuses.

Harry, regarde moi

Je relève la tête, honteux.

Tu es un garçon magnifique, je sais que tu vas t'en sortir. 

Elle s'exprime si sûre d'elle alors que je sais très bien que je n'en ai pas la force. Une larme coule le long de ma joue mais je l'essuis bien vite lorsque j'entend ma mamie nous rejoindre et enlacer Gemma, si contente de la revoir 

Mamie a proposé de s'installer dans un café pour discuter, je n'ai pas eu le temps de décliner ou de proposer une autre activité que Gemma nous emmène déjà vers son café préféré. Elle a quitté la maison il y a maintenant 3 ans, avant que je ne développe une certaine réticence à manger. Je me faisait déjà du mal lorsqu'elle était là et elle a malheureusement déjà assisté à une scène entre nos parents et moi. Cependant elle n'a jamais essayé de me forcer à lui parler, elle a juste toujours été présente me laissant venir dans son lit quand je faisais mes premiers cauchemars ou me laissant pleurer pendant des heures dans la salle de bain alors qu'elle était dans la chambre à côté. Elle a toujours respecté le fait que j'avais besoin d'être seul et parfois non mais sans vouloir forcement parler. 

Toutefois, là c'est elle qui est partie commandé et elle revenu avec une tarte au fruit pour mamie et elle et un muffin au chocolat pour moi. Trop concentrer à discuter avec mamie, elle n'a pas vu mon dégoût face à l'amas de calories qu'elle a déposé devant moi. Voyant que je ne bouge plus elle se tourne vers moi le regarde perplexe. 

Harry ? Le muffin n'est plus ta pâtisserie préférée ? 

Je suis perdue mais les souvenirs me reviennent. C'est vrai qu'à l'époque on adorait courir à la boulangerie le samedi matin. On récupérait notre argent de poche et on y courait pour y acheter un chausson aux pommes pour elle et un muffin au chocolat pour moi. Je souris à ce doux souvenir mais vite je me sens de nouveau écœuré par tout ce sucre et ce gras. 

Euh, je n'ai pas très faim Gemma, excuse moi. 

C'est pas grave Haz, tu n'auras qu'à l'emporter pour plus tard. 

On se sourit mutuellement mais mon sourire est un sourire de soulagement. Je ne vais pas être obligé de le manger.  Mon dernier vrai repas consistait à quelque légumes et du poisson à la vapeur. Ma mère a prévenu ma mamie que je ne mangeais rien d'autre que des plats préparés à la vapeur. Ma pauvre mamie m'a demandé mille fois si je voulais du sel ou du beurre, elle ne pouvait pas manger directement le plat sortit de la cocotte minute. Selon elle, ça n'a aucun goût. Je lui ai simplement sourit, ne voulant pas lui expliquer que moins ça n'a de goût plus c'est simple pour moi de manger. Le moindre goût de gras me donne l'envie de vomir jusqu'au sang. 

Au départ j'arrivais à manger de tout et je trouvais facile de me faire vomir. Maintenant, plus rien ne passe, mon angoisse face à la nourriture a pris le dessus et je n'ai plus aucun pouvoir ni jugement. Je ne suis même plus capable de maitriser mon propre corps, je suis lamentable. Ces pensées misérables réveillent mon anxiété que repère ma mamie. Compatissante elle informe Gemma qu'elle est fatiguée nous permettant de rentrer. Sans surprise, elle me laisse m'enfermer dans ma chambre pour le reste de la journée une fois rentrer dans son appartement de banlieue. 

On est malades.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant