Dès l'après midi du jours de la pesé j'ai eu le droit à un rendez-vous avec le docteur Marie. La vision de mon corps dénudé me hantait mais je ne voulais pas en parler, je ne veux pas en parler. Alors je l'ai écouté m'expliquer qu'elle était contente des démarches que j'ai effectué et que de reprendre ces quelques kilos était encourageant. J'ai failli vomir lorsqu'elle a prononcé ces mots mais j'ai juste écarquillé les yeux sur mes pieds tout en hochant la tête. Cependant, elle a ajouté que ce n'était pas suffisant et qu'elle préférait que je revienne manger avec les infirmiers, épuisé je n'ai rien répondu.
C'est ainsi que depuis trois jours je me retrouve à manger seul avec les infirmiers, ils insistent pour que je vienne les aider à préparer à manger à chaque fois, ce que je fais. Je m'installe contre la table et je les regarde, ils essayent de me parler mais je ne répond que vaguement. Et lorsqu'il faut manger je me cale sur l'un deux et suit leur mouvement en faisant de même, je m'arrête toujours au milieu mais ils semblent tous satisfait et c'est l'essentiel. Lou me manque et j'ai le sentiment de faire ça dans le vide, après tout, tout me parait maintenant dans le vide. Depuis ce matin là où j'ai osé poser le regard sur moi même je ne ressens plus grand chose, j'accepte ce qu'on m'oblige à faire et avance la tête baissé tel un chien docile.
Lou ne comprend pas trop ce qu'il m'arrive, il doit surement croire que je fais des efforts et tant mieux parce qu'il ne pose pas de questions ce que je préfère. Mais par conséquent une nouvelle routine s'est créée, une où je lui laisse de l'espace parce que j'ai peur de l'ennuyer, une où je le laisse aller fumer avec ses potes, une où il va manger avec le groupe, une où je me suis inscrit à des horaires différentes des siennes pour les ateliers. Il vient simplement me réveiller le matin puis il revient après le repas pour qu'on fasse une sieste ensemble et ont regarde un film avec les autres le soir. Mais cependant, sur ces moments là il me montre deux fois plus qu'il est là pour moi et même si ses démonstration d'amour me font du bien elles ne me réparent plus.
Toutefois, ce matin je dois retourner à l'atelier manuel pour commencer un nouveau projet, les infirmiers ont lourdement insisté et je suis maintenant obligé d'y aller. Mais quand je passe devant le bureau des infirmiers ils m'interpellent et je soupir d'avance, je n'ai pas envie de me faire gronder parce que je n'ai pas assisté à telle ou telle réunion ou que je me suis pas assez impliqué dans le groupe à tel ou tel moment. Je suis fatigué d'être surveillé et c'est pour ça que je me suis résigné à avancer dans leur sens au prix de devoir me détruire deux fois plus à ma sortie. Je rentre dans le bureau et m'assois directement sur un siège, je relève la tête en souriant pour montrer que je m'ouvre toujours plus mais n'importe qui pourrait voire mon regard vide. C'est décevant qu'ils ne voient que les résultats sur les chiffres et les mots mais jamais dans mes faits et gestes. Ils avaient pourtant bien insisté sur le fait qu'ils iraient au bout des choses e cherchant à me connaitre le mieux possible mais finalement c'est comme mes parents, seul les résultats comptent.
Bonjour Harry, nous sommes content de ta progression et te voire reprendre des forces nous enchantent.
Je leur souris à nouveau et les laisse poursuivent, je n'ai pas la force de mentir.
Bon, cependant, nous commençons à comprendre qu'il se passe quelque chose entre toi et Louis et nous préférons t'avertir avant qu'il ne soit trop tard.
Elle marque une pose en croisant le regard des autres infirmiers, comme si elle cherchait du soutien, je suis terrifié.
Harry, dans ce service nous ne pouvons pas laisser deux patients se fréquenter. Vous êtes ici parce que vous avec besoin d'un soutien personnel venant de notre part et non pas de gens tout aussi brisé que vous. Est ce que tu comprend ?
Je la regarde bouche bée, non je comprend pas.
Oui...je suis désolé je vais prendre mes distances.
Non, non ne t'excuse pas Harry. C'est super que tu es eu le courage d'accepter l'amour de quelqu'un d'autre mais néanmoins cette amour ne peut pas venir d'une personne qui souffre comme toi.
J'ai envie de hurler, de crier et peut être même de pleurer mais je fixe la tache sur le sol.
Ok.
Nou sommes vraiment désolés mais tu dois guérir pour toi et non pour quelqu'un d'autre Harry et on espère que tu es bien dans cette démarche.
Non, si je fais ça c'est pour Lou, pour avoir l'énergie d'être avec lui et lui apporter ce qu'il mérite et non pas un déchet.
Oui, oui je le fais pour moi.
Très bien, nous préférons ça que de devoir vous mettre dans des services différents ou renvoyer l'un de vous.
Quoi ? Non c'est un cauchemar, ils ne peuvent pas réellement faire ça ?
Oui ne vous inquiétez pas il ne se passera rien entre Louis et moi nous sommes juste de bons amis haha.
Mon rire se brise quelque peu mais je me racle la gorge pour paraitre crédible. Je suis finalement le dindons de la farce et j'ai davantage envie de rire jaune. Je prend alors la fuite en leur expliquant que j'ai mon rendez-vous à l'atelier mais dès que je franchit la porte qui donne sur le jardin mes larmes se déversent et je suis un désastre. Je me réfugie dans les toilettes de l'atelier et blottit mes jambes contre ma poitrine. Je reste là un moment où plutôt toute la matinée. Je suis frigorifié, tant physiquement que mentalement et je sens le sol trembler sous mes pieds.
Quand je passe par l'entrée du bâtiment pour remonter manger il est là, rigolant à une blague tout en fumant sa cigarette, il est beau. Cependant je secoue ma tête et regarde mes pieds, je passe telle une flèche et ne répond pas quand il m'appel. Je m'installe directement devant mon plateau et n'attend pas de me caler sur le rythme d'un des infirmiers, je mange. Je mange chaque bouchée, l'une après l'autre. Ma mains se resserre de plus en plus sur ma fourchette et mon regard s'assombrit sur mon plateau mais je continu. Je ne suis plus en colère contre moi parce que je ne suis pas assez bien, je suis en colère de ne pas pouvoir être avec la personne qui m'apaise. Dès que j'ai assez mangé pour qu'ils soient satisfait je me lève brutalement et pars m'enfermer dans ma chambre malgré leurs protestations. Je plonge dans mon lit et laisse les larmes couler, ça fait si mal. J'agrippe si fort mes couvertures que mes jointures blanchissent et que ma respiration se saccade me plongeant dans une profonde crise de panique.
Quand je me réveille quelques heures plus tard Lou est entrain de toquer à ma porte en me suppliant d'ouvrir mais je ne répond pas, il finira par comprendre. Mais sa voix insistante et démunie me brise encore plus et j'ai envie de hurler l'injustice mais j'étouffe mes sanglot dans la couverture qui finit trempée. Je ne sors pas de l'après-midi et quand vient l'heure du repas je ne sors qu'au dernier moment et revient avant que le groupe soit remonté du réfectoire, je ne peux pas l'affronter, mieux vaut l'ignorer.
Je m'installe alors dans cette nouvelle routine qui me brise, je pensais pourtant avoir réussis à trouver un équilibre et peut être même une raison de me battre mais je ne le méritais tout simplement pas. Cependant je continu de m'ouvrir aux infirmiers et durant mes séances avec les différents docteurs tout en respectant mon protocole alimentaire, je veux partir le plus vite possible. Mais en parallèle je m'enferme dans ma chambre prétextant d'être malade, Louis continu de venir toquer et me chuchoter des mots doux mais je ne répond pas espérant qu'il cesse de me torturer.
Je suis arrivé ici armé de ma souffrance que je pouvais maitriser et je me retrouve brisé par ce qui aurait pu me sauver.
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On est malades.
FanfictionLorsque Harry et Louis se rencontrent dans une clinique pour des troubles du comportement.