Destins Liés, TOME 1: AVA

Chapitre 35

 Après qu'Aslander m'ait assuré qu'il m'aiderait dans ma quête pour mettre un terme aux manigances de Tyler, je lui avais raconté en quoi celle-ci consistait. Pas dans les moindres détails. Je lui avais simplement parlé de la pierre de lune que je devais récupérer et d'une certaine grotte au Canada. L'idée de partir aussi loin ne le perturbait pas autant que moi. En revanche, j'avais omis de lui dire que la déesse Diane parlait dans ma tête. Je ne voulais pas passer pour une cinglée, et surtout pas auprès de mon âme-sœur.

Tu as raison, il serait peut-être même jaloux de ne pas avoir le privilège de me connaître, ce sera donc notre secret, ricana une voix dans un coin de mon esprit. Je dus me retenir de ne pas lever les yeux au ciel pour ne pas faire penser au grand brun face à moi qu'il m'ennuyait, car ce n'était pas du tout le cas.

Étrangement, je me sentais très bien les peu de fois où je me trouvais à ses côtés. Il essayait d'être le plus sincère possible, tout comme moi, je le sentais. Pour le moment, il ne m'avait pas encore raconté son passé, mais je comprenais qu'il ait encore du mal à parler de certaines choses, tout ça était encore très nouveau pour nous. Il affichait clairement son soutien envers moi mais je ne savais pas si nous étions vraiment ensemble ou pas. Si ce n'était pas le cas, ça ne tarderait pas au vu du bien-être qui nous gagnait quand nous étions en compagnie l'un de l'autre et grâce au lien d'âme sœur qui nous unissait.

Du moins c'était ce que j'avais pensé en remarquant un étrange éclat au fond de ses pupilles aussi vertes que la prairie au printemps. Il avait sans doute senti ou compris que j'allais à nouveau le laisser et sa partie animale, qui était moins timide que son côté humain, luttait pour ne pas céder à son envie de me suivre. De mon côté, je voulais prolonger ce sentiment de sérénité, seulement pour quelques secondes de plus. Maintenant qu'il était libre, l'un comme l'autre espérions passer plus de temps ensemble.

J'étanchais ma soif depuis plusieurs longues secondes, sous l'œil amusé de mon âme sœur. Ma séance d'entraînement avec Nhyra n'avait pas été bien longue, pourtant j'avais l'impression d'avoir poussé mon corps jusqu'à un état de déshydratation pire qu'après une balade au cœur du désert. Il fallait que je retrouve un rythme équilibré entre mouvement et repos, mais ce changement ne se ferait pas en une journée.

_ Tu veux bien m'attendre le temps que je prenne une douche rapide ? Je reviens après, promis-je.

_ Bien sûr ! Et puis, où voudrais-tu que j'aille de toute façon?

Le ricanement d'Aslander me fit sourire à mon tour. Je lui promis de me dépêcher pour que nous puissions continuer à parler une fois que je serais propre et avant que la nuit ne tombe. Ma petite sœur n'allait pas tarder à rentrer de chez notre grand-mère. Si mon frère en avait terminé avec ses missions d'alpha, il pourrait sûrement nous rejoindre dans la soirée.

Je proposai à Aslander de s'installer dans le salon en m'attendant et le laissai seul dans la cuisine, le temps qu'il finisse son café. En montant les escaliers pour rejoindre ma chambre, je me demandais où Aslander allait passer la nuit, maintenant qu'il n'était plus considéré comme un prisonnier. Je n'avais pas encore pris le temps de me poser cette question. Mon frère l'avait libéré mais je doutais fortement qu'il ne soit d'accord pour qu'Aslander dorme ici, même dans le salon. Mais peut-être qu'il serait trop fatigué en rentrant qu'il ne remarquerait même pas la présence d'un intrus, bien que je ne considérais pas mon âme-sœur comme tel.

Je ne pouvais m'empêcher de me demander à quoi ressemblerait ma vie avec Aslander. Au cours de ces derniers mois, je m'efforçais à ne pas y penser. La peur de ne pas le retrouver, et d'être profondément déçue sans doute. Mais finalement, mon âme sœur avait mieux réagit que je n'aurais pu l'imaginer. En l'espace de quelques jours, il m'avait sauvé la vie, avait accepté de prendre ses responsabilités face à ma grossesse, il s'était montré gentil avec moi, m'avait taquiné comme si l'on se connaissait depuis de longues années.