Chapitre 3

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Je ne l'aurais jamais pensée si cruelle. Méchante, oui. Mais de là à essayer de me tuer parce que j'avais fait fuir une proie, même si ce n'était pas la première. D'un côté, je me demandais si elle ne l'avait pas déjà prévu depuis un moment. Après tout, elle serait sûrement capable de m'éliminer pour prendre ma place. 

Un cri étranglé s'échappa de ma gorge en sentant les crocs de la louve sanguinaire se refermer sur mon épaule. Je tombai aussitôt au sol, son corps écrasant le mien, plus frêle. Horrifiée, je regardais ses babines pleines de sang. De mon sang ! 

J'essayais de me redresser sans l'attaquer, ça aurait été pire. Elle referma encore plus ses mâchoires sur moi et me souleva comme si je ne pesais rien, m'envoyant contre un arbre. J'avais l'impression de n'être qu'une poupée à cet instant. 

Soudain, mon corps heurta violemment le tronc. Je ne perçus même pas mon propre glapissement de douleur. J'étais presque sûre d'avoir entendu mon dos craquer par contre. En essayant de me redresser je m'effondrai au sol au même instant. Mon épaule me brûlait plus qu'elle ne saignait. Et j'allais avoir un sacré bleu. Enfin, si Maïa était d'humeur charitable aujourd'hui et ne me découpait pas en morceaux. 

Ok ok. Pas de panique. Il... Il faut juste la raisonn...

Je n'eus même pas le temps de finir ma propre pensée qu'avec une force fulgurante, la fille brune qui avait remplacé la louve m'empoigna la gorge et resserra petit à petit son emprise. J'enfonçais mes griffes dans son poignet, commençant à suffoquer. Mes yeux me brûlaient, larmoyants, et je cherchais désespérément de l'air. Finalement, elle me relâcha alors que j'étais presque inconsciente. Ma chute sur le sol recouvert de feuilles me ramena les pieds sur terre. Un peu. 

Alors qu'elle s'approchait de nouveau, menaçante, je retrouvais ma forme humaine, encore plus vulnérable -mais je ne pouvais pas communiquer autrement- et tentais de calmer les battements affolés de mon cœur.

- Maïa, j't'en prie arrête, arrête ! Ç'aurait été immoral de la tuer, cette biche... Il est toujours temps d' aller attraper un lapin ou deux... Je dirais à Tyler que tout est de ma faute... S'il te plaît...

Elle s'arrêta quelques secondes et fixa la morsure sur mon épaule, comme si elle considérait une autre possibilité que de me déchiqueter, moi qui pensais mon sort scellé.

Comment avait-elle pu devenir aussi insensible alors que ses sœurs étaient l'incarnation même de toutes les qualités possibles et imaginables ? 

Plaquant une main sur ma plaie pour arrêter le saignement, je m'adossai au pin derrière moi. Je devais vraiment être pathétique à voir... 

Soudainement, un grand sourire sadique illumina le visage de cette petite démone et elle s'exclama :

- Mmh... voir Tyler se charger de toi sera beaucoup plus excitant que de le faire moi-même ! rit-elle d'un air carnassier, ses lèvres encore recouvertes de mon sang. Enfin, quand tu aura réussi à revenir... 

Je sursautai quand elle se transforma de nouveau. Elle s'ébroua, faisant rayonner sa fourrure au soleil, et se lança dans la direction par laquelle nous étions arrivées sans m'infliger quoi que ce soit d'autre.

Sa réponse m'avais glacé le sang, et cette fois-ci l'hiver n'y était pour rien, même si je risquais fort une hypothermie sans ma forme lupine. 

Tyler. Il allait être furax en me voyant rentrer bredouille une fois de plus. J'allais sûrement écoper d'une nouvelle gifle, mais j'étais presque sûre qu'il ne me ferait pas autant de mal que Maïa. Presque... 

Il fallait que je rentre le plus tôt possible. Avec un peu de chance, j'attraperai quelque chose en chemin. Ça pourrait alléger ma peine. Les accusations à mon encontre s'accumulaient sans cesse et personne ne voudrait témoigner en ma faveur dans cet injuste procès qu'était la vie. Mis à part les jumelles, évidemment. Mais Tyler leur prêtait peu d'attention.

Avant d'essayer de me lever, je pouvais dormir. Juste un peu... Un tout petit peu, me promis-je alors que je sombrais peu à peu dans l'inconscience, nue dans cette forêt froide et où le soleil peinait à percer les épais branchages de pins, de chênes ou encore d'érables. 

J'entendis des pas près de moi, mais je n'avais même plus la force d'ouvrir les yeux. J'étais si fatiguée... 

Mon père serait tellement déçu en me voyant ainsi. Où était donc passé sa petite combattante la plus persévérante de la portée ? Elle n'a plus cette hargne, papa. La petite fille qui regardait sa mère chasser depuis sa chambre ? Elle est cassée, maman. Et celle qui avait promis à ses cadettes de les revoir de nouveau ? Elle est brisée. Fatiguée. Écœurée. Apeurée. Esseulée. Abandonnée. Démotivée. Épuisée. Et indigne de la meute des Callagan. Cette puissante meute qui avait un jour été la mienne.

Je sentis des bras puissants me soulever avec une précaution toute nouvelle qui me rassura, malgré que je sois nue comme un ver devant ce potentiel inconnu. C'était peut-être qu'un randonneur m'avait trouvée. Ou un cannibale. Plus rien ne pouvait m'étonner, j'en avais bien peur. 

Une grimace crispée par la douleur dût néanmoins déformer mon visage puisqu'il s'arrêta quelques instants avant de continuer sa route d'un pas lent qui termina de me bercer. La joue calée sur ce qui me semblait être une épaule, je pus sentir son agréable parfum, à la fois fort et sucré. A la fois animal et humain. A la fois puissant et doux. 

 J'en oubliais presque la douleur et la peur, seules la fatigue et la chaleur de ce cocon résistaient. 

***

A mon réveil, j'étais seule, couchée dans un ruisseau, la tête posée sur la rive pour me permettre de respirer. En me redressant, ayant retrouvé de mes forces, enfin un peu, je pus constater que l'eau froide avait comme anesthésié la morsure. J'avais toujours mal quand je la bougeais,  mais c'était supportable. A l'inverse, l'eau froide m'aida aussi à retrouver facilement mes esprits. 

Me levant précautionneusement, je fis un tour sur moi-même pour me repérer. Mon champ de vision était essentiellement rempli d'arbres et de rochers. Les odeurs des loups de ma meute étaient partout. J'étais tout près de la maison donc. 

Jetant un dernier coup d'œil aux alentours, je me dirigeai vers le hameau d'un pas hésitant. J'avais horriblement faim et sommeil. Même si je voyais mieux qu'un humain, la nuit n'aidait pas tant mes déplacements. 

Combien de temps étais-je restée endormie et où était passée la personne qui m'avait portée ? Je ne sentais plus son odeur rassurante sur moi, sûrement effacée par les caresses de l'eau. Avais-je rêvé ? Allais-je devenir folle ? Étais-je déjà folle ? 

J'arrivai plutôt rapidement devant le groupe de maisons qui ressemblaient à des chalets et remerciai la personne qui m'avait ramenée ici. C'était toujours mieux que de passer une nuit dehors et risquer une rencontre avec un rôdeur ou un grizzli. 

Heureusement, quelqu'un avait eu la bonne idée de laisser la lumière d'une pièce allumée. Malheureusement pour moi, cette personne, c'était Tyler. Il était là, à la fenêtre de sa chambre. Et je pouvais voir ses yeux presque noirs fulminer de là où j'étais. 

***

Alors alors! Quel chapitre !

Pourquoi ai-je la ferme impression que vous allez me la décapiter, ma petite Maïa ? 🤣

Sinon, vos impressions ? Qui est cet inconnu qui l'a ramenée "chez elle"? Comment connaissait-il le chemin?

Vous le saurez très bientôt,  ou pas! 😋

Comme d'habitude, si ça vous à plu merci de laisser des commentaires et de voter ❤

A bientôt!

Goutte_de_pluie

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