Chapitre 5

2.2K 208 225
                                    

Melody se servant de mon épaule droite, celle encore valide, et Joy de ma poitrine comme oreiller, je demeurais immobile. Elles avaient la chance de réussir à trouver le sommeil alors que moi, j'avais l'esprit si tourmenté que je n'y parvenais pas. 

Les battements réguliers de leur cœur me berçaient, mais les miens, à l'inverse, m'empêchaient de fermer l'œil. Alors, j'avais mes yeux rivés vers le plafond. 

Je n'ai jamais aimé ni rester dans le noir ni mettre une veilleuse, dont la lumière me dérangeait. Alors, j'avais posé un bocal sur ma table de nuit. J'y avais enfermé quelques lucioles et le soir, je les libérais. Elles illuminaient le plafond telles les centaines de milliers d'étoiles dans le ciel. Le souci était qu'il fallait souvent renouveler les stock, les lucioles étant des insectes à courte durée de vie. 

Mel et Joy les adoraient, souvent je me disais qu'elles se seraient plus chez moi. Mon vrai chez moi. Il y avait de si jolies choses de partout là-bas. Y retournerais-je un jour ? J'en gardais l'espoir. 

Il y a bien quelque chose dont j'étais certaine, le numéro deux me portait décidément malchance. Deux ans que j'étais ici. Deux mois que je ne l'avais pas revu. Et par conséquent, deux mois que j'attendais ses enfants. 

D'ici deux mois supplémentaires, je serai morte si je ne trouvais aucune solution. Les grossesses humaines durent neuf mois et celles des louves environ trois. En moyenne, la gestation d'une louve-garou durait donc six mois. 

J'avais déjà passé un trimestre, puisque deux mois s'étaient écoulés. Impossible d'avorter, c'était comme si j'avais trois mois de grossesse humaine et de toute façon, cette pratique ne se faisait pas chez les loups. 

Les humains et les vampires nous chassaient comme de vulgaires animaux. Dans les naissances, il y avait beaucoup plus de garçons que de filles. Dans cette meute, il y avait une dizaine  de louves adultes pour trente loups. 

Notre espèce était menacée, c'est pourquoi nous vivions en retrait, dans les forêts. À parts certains oméga qui avaient adopté le mode de vie urbain. Longtemps, les Alphas avaient négligé ce problème ; pour eux, le plus important jusqu'à présent était d'avoir un garçon, pour continuer la lignée. Aujourd'hui, ils s'en mordaient les doigts. 

Garçon ou fille ? Je m'en fichais. Je voulais juste qu'on soit tous en un seul morceau. Il me semblait que ce ne serait plus qu'une question de semaines, voire de jours, pour que mon ventre ne commence à prendre des formes. 

Et à ce moment-là, que ferais-je ? Un alpha était capable de reconnaître les âmes de ses enfants. Tyler, lui ne sentirait rien du tout. Ils n'étaient pas de lui. Ils n'étaient pas à lui et je n'étais pas sa propriété non plus. Maïa se ferait une grande joie de me bousculer encore plus pour que je les perde. Enfin, si Tyler ne s'était pas chargé de notre cas d'ici là... 

Non, décidément, je ne pouvais pas rester ici. Peut-être que je pourrais retourner chez moi ? À plus de mille kilomètres d'ici ? C'était loin et dangereux. Mais rester ici serait suicidaire. 

Sinon, je n'avais pas vraiment réfléchi à une chose toute aussi importante : est-ce que j'avais envie d'être mère ? Ou plutôt, serais-je une bonne mère ? De un à quatre bébés vingt-quatre heures sur vingt-quatre c'était bien différent que d'en garder un pour une après-midi. 

Je n'avais pas eu le temps de me questionner sur ce tournant que prendrai bientôt ma vie. J'avais peur. Pour moi, pour eux. Et parce que j'étais seule. Terriblement seule. 

Et s'il était là, lui, aurai-je été aussi angoissée ? Sûrement pas. Je ne l'ai vu qu'une fois, mais nos destins étaient liés à jamais. Est-ce que j'aurais préféré ne jamais le rencontrer, ce soir-là, pour ne pas être enceinte maintenant ? Non, je ne pense pas. 

Ils étaient là, j'étais leur mère et lui leur père. La nature était faite ainsi. On dit que l'amour entre âmes sœurs n'a pas d'égal. C'est faux, l'instinct maternel ou plutôt l'amour que porte une mère à son enfant était tout aussi puissant. Je pouvais l'affirmer maintenant. 

Suite à une journée remplie d'émotion et un peu de réflexion, je me rendais compte que je les aimais déjà, ces petits fœtus qui avaient élu domicile dans mon ventre. Et lui, que penserait-il d'eux ? Il n'allait tout de même pas nous renier ? S'il ne voulait pas moi, qu'est-ce que j'allais faire toute seule ? 

Après avoir poussé un léger soupir, lasse de toutes ses questions sans réponse, je me calais confortablement entre les deux jumelles. Une main posée sur mon ventre, mais cachée sous la couverture, j'essayai de trouver un peu le sommeil, l'esprit plus serein. 

J'avais pris ma décision, bientôt je m'en irai d'ici et tenterai de rejoindre ma meute. Ou de retrouver le père de mes enfants. Peut-être les deux ? 

Je partirais à la fin de la semaine, le temps de me faire à l'idée que je ne reverrai plus jamais mes deux petits anges gardiens et surtout de préparer quelques affaires. Je ne pouvais pas tout rassembler d'un coup, il ne fallait surtout pas que Tyler se doute de quoi que ce soit. Je n'avais pas besoin de beaucoup d'affaires ; seulement à manger, une couverture, quelques vêtements, j'imagine que cela suffira. Mais si je voulais tenir à un voyage d'une si longue distance, je devais surtout commencer par dormir et me remettre de ma blessure. Fuir en boitant ne serait pas très efficace. 

Un doux sourire s'étira sur mes lèvres en voyant que Joy resserrait ses bras autour de moi, m'ayant sentie bouger un peu. Elles étaient si adorables. Elles m'aimaient beaucoup et moi aussi.  Elles me manqueraient tant. Comment allais-je faire pour partir ? 

J'aurais bien aimé savoir avec certitude vers où aller, mais je n'en avais aucune idée. Alors je partirais en direction de l'Idaho et tenterai de réintégrer ma meute. J'étais sûre que mes parents voudraient de moi. 

Il est vrai qu'habituellement, un loup qui quitte sa meute pour une raison quelconque ne peut y retourner. Mais là... C'était un cas spécial non ? 

J'espérais au moins ne pas finir isolée  et délaissée comme une rôdeuse. Avant de fermer les yeux, je pus presque entendre une voix me susurrer : 

Je ne suis jamais loin de toi, ma belle. 

***

Non je ne vous ai pas oublié! J'ai juste eu un peu, beaucoup, énormément de boulot cette semaine... Merci les profs 😥

Enfin bref, me voilà tranquille pour les deux semaines à venir!

Comment allez-vous ?  En vacances vous aussi?

J'ai hâte de recevoir des commentaires sur ce chapitre... un peu de tranquillité ça fait du bien n'est-ce pas ?

Bon, si vous êtes sages et enthousiastes j'envisagerai un chapitre en plus ...😉

Bisous les p'tits loups 😚

Goutte_de_pluie ❤

Destins Liés, TOME 1: AVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant