Destins Liés, TOME 1: AVA

Chapitre 10

- Bon, alors, on la prépare cette évasion ?! s'exclama-t- elle en se levant subitement, tapant dans ses mains avec enthousiasme.

Je la regardai avec des yeux ronds, exprimant ma surprise. Non seulement elle acceptait de garder le secret, mais en plus elle voulait m'aider à m'échapper ? Je n'aurais jamais pensé qu'elle était ce genre de personne. A vrai dire, je ne parlais pas à grand monde ici. 

- Je préfère faire ça toute seule, soupirai-je après une petite hésitation. Je veux pas t'embarquer là-dedans.

Cette solution me paraissait être plus efficace. Je ne voulais pas me faire piéger. Et si je ne disais rien à personne, personne ne pourrait être au courant, non ?

Pourtant, elle ne semblait pas vraiment avaler mon semi-mensonge, et me fixait d'un air qui me paraissait déçu, fronçant les sourcils.

- Tu ne me fais pas confiance et c'est normal, Ava. Mais peut-être feras-tu confiance à ta mère, me souffla-t-elle en plaçant dans mes mains une enveloppe qu'elle avait sortie de je ne sais où.

Je l'observai, perplexe, ne comprenant pas pourquoi elle évoquait ma mère sans jamais l'avoir connue.

En ouvrant cette enveloppe, je saisis délicatement la feuille, d'un blanc terni par le temps ; cette lettre ne datait pas d'hier. En voyant cette écriture manuscrite aussi belle que singulière mes mains se mirent à trembler légèrement. Les boucles des lettres, la forme du cœur dessiné tout en bas, l'encre du stylo plume -elle adorait les stylos plume- m'avaient immédiatement indiqué l'expéditeur. 

- Comment tu...? commençai-je.

Je me coupai et comtemplai la lettre, la gorge serrée.

- Ce n'est pas le plus important, lis ce qui est écrit, me coupa-t-elle aussitôt. 

Lire une lettre de ma mère, que je n'avais pas vue depuis deux ans environ, me chamboula tant que je dus m'asseoir. Une fois installée sur le matelas brun et confortable que formait les couches de feuilles mortes, je calai mon dos à un tronc d'arbre derrière moi. Visiblement un érable si on faisait attention aux feuilles éparpillées tout autour et en dessous de celui-ci.

Alice se recula un peu pour se faire discrète, malgré son physique de baleine qui la désavantageait, et je lui lançai un regard reconnaissant avant de me plonger dans ma lecture. 

Avidement, mes yeux parcoururent les lignes qui recouvraient le papier :

"Ma chérie, 

Si tu lis ceci, c'est qu'il s'est produit quelque chose que je ne peux actuellement pas prévoir. Tu n'es encore qu'une si toute petite fille... Hier à peine, tu faisais tes tout premiers pas.

Peut-être bien que tu n'auras jamais à lire cette lettre. Mais si c'est le cas, détruis-la ensuite et ne la montre à personne. 

En tout cas, j'ai au moins la consolation de me dire que tu ne seras jamais seule. Ta marraine, à qui je confierai cette lettre, est chargée de ta protection et t'accompagnera où que tu ailles et où je ne pourrais pas toujours te suivre. Elle te la donnera quand elle t'estimera prête. 

J'aurais tellement aimé t'écrire pour t'annoncer que tu aurais une enfance heureuse, qui serait bercée par le conte du roi lion, ton préféré, et les sachets de bonbons que ramène ton père de ses excursions en ville. Et que, par la suite, tu aurais une vie paisible et la plus normale qui soit. Malheureusement, mon ange, ce n'est pas le cas. 

Les Callagan portent une grande responsabilité, du fait que notre ancêtre était le tout premier loup-garou, mais je ne peux guère rentrer dans les détails. Renseigne-toi sur la légende de l'Alpha Suprême, c'est important.