Chapitre 18

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Je suivis Diane, les mâchoires serrées et essayant de me concentrer sur autre chose que la douleur cuisante qui pulsait un peu partout dans mon corps. Nous parcourûmes quelques dizaines de mètres, peut-être bien même une centaine. Je ne savais pas trop. Je me contentais d'aligner un pas après l'autre, c'était déjà bien à mes yeux.

Les coussinets épais de mes pattes me préservaient un peu du froid de la neige, dans laquelle nous progressions depuis quelques instants. Dire que j'avais ri lorsque mon père m'avait raconté qu'il avait vu des humains promener leurs chiens chaussés de chaussons, lors d'une de ses excursions en ville. Je n'aurai pas refusé d'en porter aujourd'hui.

Les branches basses des mélèzes m'écorchaient ou bien s'accrochaient à ma fourrure, qui était déjà salie de traces sombres, de la boue peut-être, rt aussi du sang à en croire l'odeur. Mais même ainsi abîmée, elle suffisait à me tenir relativement chaud dans cette nuit enneigée.

La météo n'avait pas menti ; le ciel était lourd et des nuages commençaient à le parsemer. Les rayons lunaires alternaient avec des phases d'obscurité. Diane luisait, comme le faisaient les lucioles de ma chambre, et sa clarté me guidait dans la forêt sombre. Mais elle devenait un peu plus translucide à chaque seconde qui passait et que l'aube approchait.

Elle n'ajouta pas un mot, elle qui était pourtant si bavarde dans ma tête d'habitude. Sa mission était achevée et malgré sa condition de déesse, elle paraissait presque aussi éreintée que moi. Je n'avais sûrement pas idée de la quantité phénoménale d'énergie à laquelle elle avait du recourir pour prendre une forme matérielle. Ça ne devait pas être pour rien qu'elle ne l'avait pas fait depuis tout ce temps.

En un court instant, elle avait disparu, emportée dans une brise qui fit onduler mes poils. Seule, je décidai d'avancer encore un peu, sillonnant entre les troncs, et je me retrouvai enfin près d'une clairière. Le spectacle que j'y découvris me délia d'un poids qui pesait sur ma poitrine. Je me figeai quelques instants pour observer mes amies et réaliser enfin qu'elles étaient saines et sauves. Et entièrement nues pour ne pas changer... Elles semblaient en pleine dispute et visiblement en train d'échaffauder un bancal plan d'attaque. C'était la panique dans les rangs. Des ordres et des protestations filaient dans tous les sens, simultanément, à tel point que j'en eus mal à la tête.

_ On va pas te laisser y aller toute seule! Il faut qu'on y retourne ensemble si on veut avoir une chance ! vociféra Melody d'une voix qui était tout sauf mélodieuse.

_ Je n'en reviens pas qu'elle ait pu faire une chose pareille, c'est stupide...se lamentait Joy au même moment, l'air accablée.

_ Bon. Soyez prudentes et ne vous précipitez pas ! Je vais prendre ce...cette chose de front pour le distraire, vous arriverez par derriè...

Alice n'acheva pas sa phrase et se tourna, imitée par les jumelles dont le visage triste se fendit d'un imme.se sourire pour chacune d'elles. Trois filles nues comme des nymphes accoururent pour se jeter contre moi sans la moindre douceur. En revanche, leur soulagement palpable suffit à apaiser les battements de mon coeur qui se montrait toujours aussi frénétique après l'attaque.

_ Tu es en vie! s'écria Melody tandis que sa soeur sanglotait de joie.

Cette vision de cauchemar resterait gravée dans mon esprit. Comment un loup garou pouvait-il devenir un tel monstre, ne plus posséder d'âme...? J'espérais ne plus jamais avoir à croiser le chemin d'un Rôdeur.

Il nous fallut un moment assez long pour nous remettre. Alice lança un coup d'oeil réprobateur à mes plaies, je lui léchai la main pour la rassurer. Ça ne devait pas être si grave que cela. Je m'en sortirais. Mais je devinai rapidement qu'elle était inquiète pour mes enfants. Je préférais ne pas penser au pire, je n'en avais pas la force maintenant. J'étais presque sûre que tout le monde allait bien, même mes petits passagers clandestins.

J'étais si soulagée qu'elles n'aient rien. Je ne pus m'empêcher de me sentir émue en repensant à l'insistance des jumelles pour venir me chercher et m'aider lorsqu'elles s'étaient aperçues que je n'étais plus à leur suite. Elles ne méritaient pas d'avoir grandi dans une meute pareille. De ce que j'avais cru comprendre, l'ancien Alpha n'était pas mieux que Tyler. Tel père, tel fils.

Après ce laps de temps à nous remettre de nos émotions, mes trois amies reprirent une forme lupine. Melody s'ébroua avec satisfaction en recouvrant cette fourrure tellement plus pratique que la peau humaine pour garder la chaleur. Par ailleurs, avoir quatre pattes plutôt que deux nous permettait de progresser sur une plus grande distance chaque jour.

En attendant qu'elles ne se transforment, je m'étais laissé glisser sur le sol. Le froid brûlant et saisissant de la neige me faisait l'effet d'un anesthésiant. Mes blessures étaient engourdies et je ressentais un peu moins la douleur qui pulsait autour de mes plaies. Une fois que les trois boules de poils eurent fini d'apparaître l'une après l'autre, je me levai.

Nous nous remîmes en route alors que le jour se levait timidement. Nous progressions d'autant plus prudemment maintenant que l'attaque des Rôdeurs était gravée dans notre mémoire, et dans ma peau pour ma part.

Après encore des heures de marche, à peine interrompues de quelques pauses salvatrices pour nos membres endoloris, nous passions enfin la frontière qui séparait le Montana de l'Idaho. Il était temps! Alice et moi commençions à fatiguer, surtout elle d'ailleurs. Joy et Melody avançaient sans s'essoufler et se plaindre. Nous n'étions plus très loin. Cette simple pensée nous incitait à continuer et à s'accrocher malgré notre fatigue. Arrivée à la maison, je pourrais enfin me reposer avec ma famille. Mon rêve depuis deux ans.

Alors que nous parvenions enfin à la bordure du territoire de la meute dans laquelle j'avais grandi, mon regard tomba sur un arbre étrange. Un chêne peut-être. Il semblait onduler et m'avait toujours fascinée par sa forme improbable. Petite, j'avais même pensé qu'il était magique. J'y avais passé des heures avec mes amies. Et c'était ici que tout avait également commencé.

Je me figeai devant l'intensité des souvenirs qui déferlaient soudainement en moi à la vue de cet arbre. Les filles s'arrêtèrent et me lancèrent toutes les trois le même regard empli d'incompréhension. Je fermai les yeux, seulement quelques instants pour pouvoir reprendre mes esprits.

**

Salut salut!
Désolée de cette absence d'un mois environ ( même si certains ont connu pire avec moi hein x). J'ai été surchargée ces dernières semaines et j'avoue avoir prit toutes les vacances pour pouvoir récupérer...

Du coup Destins Liés était un peu en stand by. Mais hier pendant mes quelques heures d'insomnie j'ai écris le chapitre 19 ( flashback qui aidera certains à comprendre un peu mieux comment les chemins de Tyler et Ava se sont croisés ;). Donc j'ai enfin un chapitre d'avance à disposition, reste plus qu'à me remettre dans le rythme 😂

Sinon qu'avez vous pensé du chapitre? Il ne s'y passe pas grand chose mais un petit temps de pause ça fait toujours plaisir non?

Allez je vous laisse! J'attends vos retours avec impatience 😘

Gouttedepluie❤

Destins Liés, TOME 1: AVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant