Chaleur | FREMIONE

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟐

   APRÈS la scène peu reluisante du couloir, Hermione suivit Theodore sans jamais aborder le sujet de tout le trajet. Il ne l'interrogea pas non plus, respectant son silence, malgré la curiosité qui le tiraillait de l'intérieur.

   Il lui fit traverser un couloir, puis un autre, jusqu'à se retrouver dans un coin reculé et peu peuplé qu'Hermione ne connaissait pas.

   — Où tu m'emmènes, Nott ? demanda-t-elle derrière lui en arquant un sourcil.

   — Dans mon repaire. Je ne révise jamais à la bibliothèque ou dans ma salle commune si je peux ne pas le faire, expliqua-t-il en continuant à marcher. Trop de bruit, trop de monde. Et puis, j'ai l'impression que toi aussi, tu as bien besoin de calme.

   Elle ne répondit pas audiblement, se contentant de hocher subtilement la tête. Quand elle avait lâché que Theodore était son ami, cela avait surtout été pour faire réagir Fred. Après tout, elle le connaissait très peu, et il y a moins d'une semaine encore, ils n'avaient jamais eu de vraie conversation. Et pourtant, elle semblait lire en elle comme dans un livre ouvert.

   Sa confrontation avec Fred avait été terriblement gênante. Ce n'était pas son genre de s'énerver ainsi en public. Cependant, elle ne regrettait pas de lui avoir dit tout ce qu'elle avait sur le cœur. Ce petit jeu la faisait souffrir ; son cerveau lui conseillait d'oublier Fred et de tourner la page, mais son cœur... oh, son cœur, lui, aurait tellement voulu qu'il la rassure et l'empêche de partir avec Theodore.

   — Par ici, dit le Serpentard, l'extirpant de ses pensées.

   Ils s'étaient arrêtés dans un couloir sombre, devant une grande teinture violette accrochée depuis le haut du plafond. Des motifs argentés serpentaient le long des bords, encadrant une représentation détaillée et moyen-âgeuse de deux licornes blanches, la tête levée vers des étoiles cousues dans le tissu.

   Theodore leva un pan de la teinture, révélant une pièce derrière celle-ci. Il regarda Hermione et attendit, lui faisant manifestement signe d'entrer la première.

   — Les dames d'abord, lança-t-il.

   Hermione s'exécuta, se penchant sous son bras qui tenait le tissu pour pénétrer à l'intérieur. Il la suivit de près tandis qu'elle observait ses alentours. Le plafond était bas par rapport au reste du château, comme s'ils étaient sous des combles. C'était petit, un parquet en bois sombre s'étendant sur toute la surface, et une odeur de bois embaumait l'air. Mais la pièce maîtresse était le grand vitrail coloré qui formait l'entièreté du mur opposé à là où ils étaient entrés. Ce n'était pas le grand luxe, mais c'était étonnamment cozy.

   — Tu viens souvent ici ? demanda-t-elle tandis qu'il la dépassait pour venir s'asseoir à même le sol, tout près du vitrail.

   — De temps en temps, quand j'ai envie d'être tranquille, répondit-il en déposant son sac par terre. Cette cachette n'est connue que de quelques Serpentards, il me semble.

   — Et d'une Gryffondor, maintenant, répliqua-t-elle avec un petit sourire.

   — Ouais. Ça fait presque de toi une Serpentard.

   — Ah, ça, non, rétorqua-t-elle en faisant la moue.

   Cela le fit rire. Elle s'installa à côté de lui, tandis qu'ils sortirent chacun leurs manuels.

   — Donc, les potions, c'est ça ? demanda-t-il.

   — Oui, potions avancées, confirma-t-elle.

   Ils passèrent ainsi les prochaines minutes à réviser, se plongeant dans la théorie, les formules et les noms d'ingrédients rares et complexes. Hermione n'avait pas menti quand elle lui avait dit, à la bibliothèque, qu'elle n'avait pas besoin d'aide, ne lui ayant demandé un coup de main que par prétexte, mais Theodore se révéla être un partenaire de révisions particulièrement efficace, et elle se retrouva à retenir beaucoup plus facilement les informations compliquées.