Chapitre 2

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Partez du principe Inspecteur, que dans cette enquête j'aurai toujours 100 longueurs d'avance sur vous. Notre coopération en sera ainsi grandement facilitée.

L'inspecteur James Kendricks avait encore un peu de mal à réaliser ce qui lui était tombé sur la tête. D'abord ce meurtre. Le pendu du gratte-ciel comme l'avaient déjà baptisé les médias. Comme si la police n'avait que ça à faire, de gérer les médias, alors qu'un dégénéré pareil courait dans la nature. Et maintenant une coéquipière venue d'on ne sait où ! Depuis quand était-ce son rôle de ménager la concurrence entre les services ? Sa hiérarchie avait visiblement perdu le nord. Sans compter que sa présence devait en gêner plus d'un vu qu'on lui avait demandé de la surveiller discrètement ...

Yuzu D.D. Schwartzen.

Responsable de la répression du trafic d'objets d'art.

Une désignation qui veut à peu près tout et rien dire en même temps ! L'inspecteur grommela.

Yuzu D.D. Schwartzen. Si c'était un nom ça !

- La variété de citron.

Le ton était patient. Avec une pointe de sarcasme ou d'ironie, il n'aurait su dire.

- Le citron, vous savez, jaune et acidulé. Cela vient de là, reprit la voix.

Assez mélodieuse sans être extravagante. Alors l'inspecteur leva les yeux et inspecta, un peu incrédule, sa nouvelle ... Coéquipière ?

Dans l'encadrement de sa porte se tenait une silhouette vêtue de noir et emmitouflée dans une écharpe et des gants doublés de laine. De petite taille, nota-il immédiatement, elle ne dépassait pas le mètre cinquante-cinq. Sa chevelure était rouge et rassemblée en deux tresses vers l'arrière. Non rectifia-t-il, pas rouge. L'inconnue avait des cheveux écarlates, une couleur qu'aucune teinture industrielle ne pourrait reproduire.

Elle portait des lunettes rondes derrière lesquelles elle le dévisageait.

Elle faisait partie de ces gens dont le visage semble ne venir de nulle part. Une caractéristique plus fréquente chez les Célestes que chez les humains prompts à rester entre eux.

Une femme atypique conclut l'inspecteur. Le plus frappant restait certainement l'impressionnante quantité de boucles d'oreille qu'elle arborait.

Quatre à droite, des pendants en argent de forme d'ovale avec des symboles gravés qui, mystérieusement, ne semblaient jamais s'entrechoquer. Mais cela, James Kendricks ne s'en rendrait compte qu'un peu plus tard.

Les quatre autres à gauche étaient plus dépareillées. Une lumineuse pièce d'échec - le roi - d'un bleu transparent se balançait en même temps qu'une petite perle. Les deux étaient reliées par une chaînette d'or. Puis venaient ensuite deux plus petites créoles en or, et enfin une petite pierre noire. De l'onyx ? Sans doute, trancha l'inspecteur. Un beau-frère dans la joaillerie s'avère toujours utile.

S'occuper de la réglementation et du trafic d'objets d'art volés paye bien plus qu'on ne le croit, pensa James avec une certaine amertume. Elle ne semblait pas être mariée mais à son annulaire droit se trouvait 3 anneaux, en argent peut-être. Un sur chaque phalange.

Elle n'était pas belle. Elle sortait du lot, c'était incontestable mais elle n'était pas belle. Elle était trop anormale pour mettre pleinement à l'aise.

Mais au fur et à mesure que Kendricks détaillait cette femme, il acquit la certitude que le plus étrange n'était pas son accoutrement ou encore ses bijoux. Non. C'étaient ses yeux. James eut le pressentiment quasi immédiat que si ces lunettes n'avaient pas été en place, jamais elle ne l'aurait laissé croiser son regard.

Le Rouge de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant