Le Mundii Circularii est indubitablement l'ouvrage qui a révolutionné toutes les théories magiques et notre conception du monde. Il a permis aux Sorcières d'obtenir deux choses qu'elles désiraient depuis longtemps : le partage de leurs pouvoirs avec leur descendance et l'accès à une compréhension profonde de la magie.
Yuzu remontait la rue d'un pas rapide. Elle se sentait mentalement épuisée après une simple conversation avec Jessica Miller. Sans compter les bains de foule récurrents lorsqu'on marchait dans les rues de Sorreitheia aux heures de pointe.
Cette ville lui prenait toute son énergie.
Elle était partie rapidement de la maison des Miller, évitant les questions gênantes comme : « Mais où est passée Jessica ? »
Elle avait simplement éludé les questionnements du père avant de déclarer que Jessica était maintenant en sécurité et qu'elle devait se reposer. Le temps qu'ils découvrent le pot aux roses, Jessica aurait déjà été sortie du sablier par l'équipe d'Inquisiteurs chargée de veiller sur elle. Yuzu l'avait déposée rapidement dans la maison dans un quatier à la périphérie des Hauteurs où la jeune femme serait logée, blanchie et nourrie pendant l'enquête, avant de repartir vers le Magisterium.
Elle se hâtait. Sa cicatrice la plus proéminente, qui courait de son omoplate gauche au droit, la démangeait. C'était généralement le cas lorsque quelque chose d'important se produisait. Ou lorsqu'un Céleste la surveillait d'un peu trop près.
La seconde option était exclue - elle avait vérifié avec un sort, sondant les alentours. Rien à signaler. Ne restait que la première. Quelque chose était arrivé au Magisterium en son absence.
Pas moyen d'être tranquille plus d'une journée. Une journée gâchée en plus.
Elle avait au moins la satisfaction de s'être débarrassée du problème Jessica. Les Inquisiteurs étaient plus que compétents - rien de tel qu'un assassin pour en empêcher un autre de frapper. De surcroît, avec la petite leçon que Yuzu lui avait offerte, la parrii s'abstiendrait peut-être à l'avenir de la provoquer.
On pouvait toujours rêver.
Le large bâtiment rectangulaire qui faisait office de hall d'entrée du Magisterium était en ébullition quand elle arriva. C'était plutôt bon signe. Lorsque les gens se permettent de courir partout en criant et en paniquant, c'est en général que l'incident est soit fini soit, avec un peu de chance, sous contrôle.
Le calme est toujours plus menaçant que le bruit.
Les pas de Yuzu la firent dépasser le vaste hall d'entrée - qui de l'extérieur ressemblait à un banal immeuble administratif. En vérité, le monument qui abritait le siège du pouvoir de la Reine des Sorcières possédait une superficie bien plus importante que ce que son déguisement ne laissait présager. Le style architectural semblait être un hommage à tous les pays que l'illustre institution avait traversés : le bâtiment de la Bibliothèque était de style byzantin mais dans les jardins, de délicats pavillons japonais accueillaient les visiteurs qui souhaitaient se reposer. Un autre bâtiment possédait des arches dont les piliers étaient délicatement travaillés. Yuzu savait qu'un expert s'attarderait certainement pour commenter les multiples détails mais aujourd'hui, elle n'en avait pas la patience. Elle emprunta une des allées ombragées des jardins extérieurs qui menaient à son domaine.
La Bibliothèque occupait l'entièreté du bâtiment à gauche tandis que les Caves, elles, s'étendaient sous l'ensemble du bâtiment à droite. Les deux institutions s'opposaient même dans leur emplacement. L'administration du Magisterium - ses Invisibles - avait élu résidence au-dessus des Caves, s'appropriant la partie apparente du bâtiment de droite. Au centre des jardins intérieurs, se trouvait la Coupole, là où siégeait le Consiliarerum. On y trouvait également la salle du trône que la Reine utilisait pour les audiences. Et tout au fond, le palais de la Reine semblait présider ce vaste ensemble. Il était encadré de deux dépendances plus petites : à gauche, les Inquisiteurs et à droite un petit temple rond dédié à Levahatein. Les jardins extérieurs - plus communément appelés les jardins privés car ils étaient réservés à l'usage de la Reine et de sa suite - complétaient le tableau. La Reine au centre, les deux bras de son pouvoir sur les côtés qui encerclaient son principal contrepoids : le Consiliarerum.
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Le Rouge de la Mort
FantasySorreitheia, Terre. Dans le Double Monde, Célestes, Sorcières et humains cohabitent autant qu'ils le peuvent jusqu'à ce qu'un meurtre menace de briser ce fragile équilibre. La ville de Sorreitheia est le fief d'un Céleste puissant et redouté mais...