Chapitre 3

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Gabriel voulait une nouvelle ville, une ville immense et impressionnante. Mais la seule chose qu'il y avait au milieu de cet océan, c'étaient les tonnes de déchets que les êtres humains rejetaient impitoyablement dans l'eau des quatre coins de la Terre. Alors, de ces rebuts, le Dieu en a fait quelque chose d'unique, une ville à la hauteur du potentiel que les humains atteignent parfois - mais trop rarement - quand ils veulent bâtir quelque chose de grandiose.

Inspirer

Le ciel était orageux au-dessus de sa tête, l'atmosphère particulièrement lourde.

Elle slalomait rapidement entre les passants.

Expirer

La ville lui semblait être faite de nuances de gris aujourd'hui. Les gens se mouvaient lentement et le bruissement des ailes des Célestes dans le ciel créait un bruit de fond qui accentuait la tension ambiante. Le bruit rappelait à tous les êtres qui ne pouvaient les rejoindre qu'ils étaient plus nombreux que d'habitude et surtout, qu'ils volaient beaucoup plus près de la terre ferme ... L'agitation formait une croûte au-dessus de Sorreitheia que Yuzu aurait pu effleurer de sa main.

Son pas était rapide et fluide. Il visait également à l'extraire de la foule le plus rapidement possible. Sorreitheia était une ville particulière - et pas seulement parce que c'était une île. 

Tout d'abord, elle s'étirait beaucoup plus en hauteur qu'en largeur. Les rues s'en retrouvaient souvent étroites - en particulier dans les Abîmes, les bas-fonds qui frôlaient l'océan tumultueux sous leurs pieds. Les rues s'élargissaient presque mécaniquement à l'approche des Hauteurs - ces beaux quartiers où l'on trouvait les plus belles maisons, les grandes entreprises, le siège du Magisterium ... et évidemment les Célestes quand ils daignaient se poser. Un certain nombre de Sans-Ailes - la progéniture des Célestes avec les humains - y habitaient également. Il s'agissait bien souvent des favoris. Yuzu aimait comparer ce système à une vaste mafia : il y avait la famille principale au centre - Céleste donc - et à la périphérie la ribambelle de cousins qui tentaient de se faire une place au soleil - eux, Sans-Ailes.

On ne choisit pas sa famille malheureusement et l'immortalité vous empêchait même de vous réjouir de sa mort prochaine dûe au grand âge.

Sorreitheia avait une autre particularité. Une que l'on appréciait bien plus d'ailleurs quand on arrivait par bateau pour accoster : les innombrables arches, ponts et canaux qui la composaient. Avec tous ses obstacles, pas question de se déplacer en voiture ou autre. La ville ne gardait de la modernité que ce qui l'intéressait. Un métro sous-marin qui se déplaçait à travers les canaux de la ville, bondé à toute heure et dont les sièges sentaient la sueur ? Oui. Aménager ses rues pour accommoder les passants et leur permettre de circuler plus aisément ? Non. Yuzu soupira. Pas une seule seconde elle n'avait envisagé le métro. Il lui arrivait déjà de se cacher de la foule derrière les arches pour respirer en toute tranquillité quelques secondes. Alors le métro ? Pas question.

Elle ne détestait pas pour autant Sorreitheia. Il ne fallait simplement pas s'attendre à ce que la ville vous rende tout ce qu'elle vous prenait. À l'image des Célestes qui l'avaient érigée en fait.

Un grondement retentit dans le lointain. Quelques passants relevèrent la tête effrayée avant de se hâter à nouveau. Yuzu les plaignait quelque part. Elle avait fini par s'arrêter dans un angle, adossée à un mur. Les humains savaient qu'on avait retrouvé un cadavre pendu à une arche et que c'était là certainement la raison derrière l'agitation des Célestes. Mais ils n'avaient aucun moyen d'en savoir plus. Ils se contenteraient de subir les foudres du voisin du dessus.

Yuzu se décida enfin à repartir. Elle emprunta une ruelle sur la gauche, déserte contrairement aux artères principales. Les détours ne l'effrayaient pas et même si elle était attendue, ce n'était pas avec impatience bien au contraire. Aucun clan n'aimait particulièrement recevoir la visite de la Gardienne des Savoirs, un des piliers du pouvoir de la Reine et de son Magisterium sur les Sorcières.

Le Rouge de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant