La nuit tombait doucement sur New-York, laissant place aux impressionnantes lumières des gratte-ciel. Les bruits des klaxonnes se faisaient moins importants, mais sans que cependant le silence tombe. La vue était impressionnante, elle surplombait la bonne moitié de la ville lui donnant une allure mystique. Ici la guerre n'avait pas eu de répercussions.Pour la ville non, pour ses habitants non plus, enfin pas de manière physique, mais plutôt psychologique. Pour ceux qui ont perdu leurs familles, leurs enfants, leurs grands-parents, la vie était terrible et était devenu terne. Le deuil était un passage lourd, difficile à faire, difficile de ne pas crier vengeance.
Les rues sombres se vidèrent petit à petit, devenant de plus en plus lugubres. Pourtant, une silhouette mince, encapuchonnée se dirigeait d'un pas précipité vers une veille baraque tenant à peine debout. Le panneau lumineux qui indiquait qu'il s'agissait d'un motel n'éclairait plus si bien qu'autrefois et l'aspect miteux de l'endroit dissuadait les personnes ne serait-ce que de s'en approcher. La lumière du porche clignotait et semblait être en fin de vie, le lieu était désert et le dernier propriétaire avait disparu du jour au lendemain sans que personne sache ce qu'il était devenu.
Mais néanmoins, cette silhouette marchait d'un pas soutenu et entra sans se poser de questions. Comme si elle savait où elle allait.
Elle se dirigea vers le comptoir désormais abandonné et ouvrit le tiroir d'apparence vide. Elle le délogea et le posa doucement, elle s'empara du couteau aiguisé qui se trouvait dans sa botte de cuir noir et entreprit de percer son fond, révélant une cachette que personne n'aurait soupçonnée. La commissure des lèvres de l'individu se soulevèrent légèrement en une moue méprisant. Il glissa sa main gantée de noir dans la faille qu'il avait réalisé et en tira un bouton de manchette en forme de scarabée.
Un grognement de rage quitta sa gorge. Le scarabée symbolisait la régénération, la transmutation, le renouvellement et la résurrection selon les Égyptiens. Tout ce en quoi la femme avait cessé de croire depuis bien longtemps. Elle serra ses doigts autour de l'insecte rageusement. Elle n'avait plus rien à faire ici, elle avait trouvé ce qu'elle cherchait depuis un certain moment.
***
L'aube pointa son nez tendrement, la nuit noire laissa la place au soleil lumineux d'hiver qui éclairait de sa chaleur. Les couleurs se succédèrent au fur et à mesure avant de laisser le bleu prendre la place qui lui revenait de droit. Les rues s'animèrent de plus belle après cette nuit comme les autres. Enfin sauf pour une personne.
Une jeune femme à la tenue plutôt originale fendit la foule d'un pas sûr et pénétra dans un bar qui ne lui semblait pas étranger. Elle s'assit à une table éloignée des autres en retirant sa veste cloutée. Ses doigts se mouvaient sans s'arrêter et trituraient tout ce qui tombait sous ses mains. Finissant par se trouver une occupation, elle s'empara d'une feuille de papier et d'un stylo plume et s'empressa de couvrir celle-ci de sa belle écriture penchée.
Mon cher frère,
Cela fait bien longtemps que je ne t'ai contacté. Aujourd'hui, tu dois avoir vingt ans, je te souhaite un joyeux anniversaire. Une vie heureuse, pleine de prospérité, d'amour.Te souviens-tu de la mission que je me suis donnée de réussir, celle dont je ne pouvais te parler sous peine de te mettre en danger ? J'ai bien réfléchi durant ses sept dernières années et je pense qu'il est temps que tu saches.
Je t'ai dit que nos parents nous ont envoyé aux États-Unis lorsque la guerre n'était qu'à ses débuts. Seulement, tout ne s'était pas déroulé comme prévu, je t'ai toujours dit que nous nous en étions tous sortis sauf maman et papa. Mais cela n'est pas vrai, dans le village dans lequel nous vivions la misère régnait. Nous avons été parmi les premières victimes des Einsatzgruppen. Ils nous ont envahi et exterminé tous nos amis, connaissances, enfants. Le frère qui n'a pas pu nous suivre en raison de son trop jeune âge.
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Un Soleil brisé
ActionCe jour-là, on n'entendit guère grand-chose, les cœurs s'étaient éteints dans leurs poitrines qui se soulevaient quelques instants auparavant. Depuis ce jour, la haine occupait son cœur. Vengeance, quand tes sombres griffes s'emparent de notre corps...