Chapitre 9

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Il sortit en refermant le battant derrière lui. Il s'arrêta un moment en repensant à la conversation qui avait eu lieu. Il y avait une petite ressemblance avec son rôle d'autrefois, c'était pour cela qu'il avait choisi de faire ce travail, sale peut-être, mais qu'il connaissait par cœur. Il descendit les marches rapidement puis fit signe à une énorme voiture de s'avancer. Il pénétra à l'intérieur sans hésiter et prit place en prenant soin de ranger son arme afin qu'elle soit invisible.

— Alors Karl, qu'en penses-tu ? demanda une voix à l'avant curieusement.

— C'est une très bonne affaire.

Sa réponse fut courte, mais David était un habitué, il l'accompagnait durant toutes ses missions même s'il ne connaissait rien de celle-ci. Il entendit un gloussement étouffé et le petit bruit qui accompagnait le rechargement d'une arme à feu. La voiture était toujours à l'arrêt et le chauffeur ne se souciait dans aucun cas des klaxonnement furieux qui retentissaient derrière eux.

— Il faudra que tu me fasses des recherches sur un mafieux américain, cherche parmi les hauts rangs, cela devrait faire moins de travail, lui ordonna-t-il en jouant avec son couteau qu'il avait récupéré dans sa botte.

— Ah oui, on change de cour par rapport à la dernière mission, siffla David en ne manquant pas de charrier son compagnon sur son manque d'enthousiasme.

— Je te rappelle que la vie d'une personne est en jeu, grogna Karl d'une voix rauque en serrant les doigts devant le manque de professionnalisme de son ami.

— Comme à chaque fois, comme à chaque fois, mon cher, contra-t-il en passant sa tête blonde entre les sièges de cuir.

Poussant un râle guttural, Karl s'affala sur sa banquette avec l'impression d'avoir couru un marathon. À trente-cinq ans, il était au maximum de sa forme et était le meilleur de sa catégorie, toutes les personnes ayant besoin de ses services se l'arrachaient. Et pourtant il écopait de cette commission alors que d'autres se trouvaient beaucoup plus proches de son quartier général. Karl ne comprenait pas la décision de son supérieur, lorsque celui-ci l'avait appelé pour lui confier cette tâche, il s'attendait à tout sauf à cela. À croire que son employeur avait tout laisser tomber pour aider une connaissance alors que le prix proposé était beaucoup plus élevé ailleurs.

Mais bon, Karl n'avait pas son mot à dire sur ses missions. Cela ne le gênait pas tant qu'il pouvait exercer sans problème avec à la clé carte blanche. Il agissait de manière assez spéciale lorsqu'il devait anéantir son adversaire qui la plupart du temps ignorait son existence et son rôle auprès de sa victime. Cette fois-ci, il sentait que le chemin à suivre devrait être différent.

— Allez, on doit y aller, on a du travail, ordonna-t-il fermement à David.

Obéissant sans rien remettre en cause, ce dernier les conduisit vers la demeure du tueur à gage. Il ne faut pas croire que l'argent qui paye le travail de Karl ne finit pas dans son compte en banque, il fait d'abord un tour chez son supérieur ou plutôt la personne qui se croit être son patron. Il faut dire que les personnes qui s'autoproclament ne lui plaisent pas vraiment. Heureusement qu'il était sans cesse en cavale sinon des choses bien fâcheuses se seraient passées.

La voiture se gara dans le garage de la villa qu'il avait réussi à dénicher avec un peu de difficultés. Il sortit sans attendre pour s'enfermer dans son bureau et réfléchir. Sa main tapota le bois de son bureau Louis XIV, son rôle dans cette histoire était de se cacher et d'attendre, mais pour l'instant, il devait savoir à quoi ressemblait sa cible.

— J'ai trouvé ce que tu m'as demandé, lui dit David en surgissant en courant dans la pièce sans toquer, ce qui lui attira les foudres de l'homme. Il y a réellement plusieurs têtes importantes, mais il s'agit juste de pions, au-dessus se trouve le cerveau qui contrôle la moitié de la ville avec son trafic de stupéfiants, le proxénétisme et les nombreux assassinats. Il est impossible à toucher en raison des traces inexistantes qu'il laisse, donc j'espère que ce n'est pas lui que tu dois tuer. Surtout qu'il ne se montre jamais pour des choses insignifiantes, il laisse toujours ses larbins s'en occuper à sa place.

Karl écouta en silence son ami et bras droit. Il se plongea dans ses pensées, laissant les paroles de David devenir un bourdonnement en arrière-plan. Il regarda les photos qu'il avait pris soin de lui ramener, le chef de la mafia ne ressemblait pas à une personne de dangereuse, c'est bien ce qui était redoutable. Un individu dont personne ne se méfiait et qui vous tombait dessus sans prévenir.

— Parmi ses Caporegime qui peut bien faire un coupable parfait ?

— Tu me demandes beaucoup, ils font tous des tueurs parfaits, je te rappelle que tous les membres des mafias ne sont pas des tendres. Mais regarde celui-ci, ( il pointa du doigt l'homme dont les cheveux blonds étaient parfaitement coiffés ) il ne parait pas très sympathique.

— Parce que lui, peut-être à une tête à offrir une tasse de thé ? demanda Karl avec ironie en se levant pour faire face au parc qui entourait sa propriété.

— Pas vraiment non. Mais avoue qu'il a une tête à faire peur, plaisanta David en laissant une claque sur l'épaule de son ami.

Celui-ci se retourna et l'envoya valser sur le mur d'en face sans délicatesse. Il connaissait le risque de le toucher ainsi, il faut dire que Karl n'était pas sorti sans séquelles de son ancien travail. Ses réflexes étaient toujours présents, que ce soit dans la façon de tuer ou de regarder à chaque fois derrière son dos. Un gémissement de douleur quitta les lèvres pleines de sang de David, il en avait profité pour donner une petite leçon.

— Tu es un véritable malade ! glapit-il d'une voix aiguë.

— Et toi, une chochotte.

— Aïe ! Ça fait mal ça, se plaignit son ami avec une intonation grinçante.

Karl ne répondit pas à la provocation et se rassit en s'empara des diverses photos afin de les analyser. Il devrait retourner chez la jeune femme pour lui montrer ses clichés afin qu'elle puisse lui désigner l'homme à abattre. Il soupira sous le regard interrogatif de son ami, il fait l'impression que cette mission ne serait pas de tout repos et très différente de toutes celles qu'il avait eues jusqu'à maintenant.

Un Soleil brisé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant