Un nouveau jour commença lorsque le soleil éclaira la chambre d'Isabelle en étendant ses bras jusqu'à effleurer avec douceur son visage endormi. Cette dernière ouvrit lentement les paupières en passant un bras au dessus de la couverture puis soupira. C'était le grand jour. Pour son frère et elle. Ils s'étaient mis d'un commun accord de faire de manière plus officielle leurs adieux à leurs parents et leur petit frère. Isabelle ne se sentait pas prête pour autant. Son assurance n'était plus qu'un vague souvenir, et pour cause, les sages paroles de son frère étaient parvenues à former une nouvelle opinion à la jeune femme. Un sourire vint éclairer partiellement son visage pâle avant de retomber aussitôt. En tournant la page, elle avait l'impression de trahir sa famille, mais maintenant, elle se rendait compte que c'est ce que ses parents voudraient. Qu'elle vive sa vie pleinement tout comme Aleksander.Isabelle se leva du lit en ayant toujours en tête ces pensées qui l'occupaient en grande partie depuis deux jours. Entre temps, la jeune femme avait pu avoir une conversation avec Karl et David beaucoup plus calme que les précédentes sans pour autant pardonner le tueur à gage pour ses actes passés. Tourner la page ne se faisait pas en un jour. Ils avaient parlé du travail que devaient accomplir les deux hommes et ce dernier demeurait inchangé. Isabelle avait été très clair là dessus durant la conversation. Même s'il avait été convenu qu'elle lâcherait prise à son rythme, rien n'avait été dit pour ce côté là. De plus, les deux hommes bien que peu emballés par l'idée initiale s'étaient contentés de hocher la tête afin d'éviter de la contrarier davantage.
Quelques heures plus tard, Karl l'avait abordée, s'était alors ensuivi un dialogue un peu tendu sur la manière de remplir la mission et de s'occuper de la mafia qui en avait toujours après elle. Isabelle avait expliqué qu'elle s'en chargerait personnellement, mais cela avait été sans compter sur la force de persuasion de l'homme, qui fut finalement accepté comme garde du corps lors de la rencontre. Cette dernière se passa sans encombres. Le mafieux avait accepté de lui fournir quelques documents compromettants sur les futures victimes et leur emplacement, facilitant grandement les opérations. Une poignée de main plus tard et quelques menaces sous-jacentes prononcées par cet homme froid et calculateur, Isabelle avait enfin pu rentrer chez elle.
Les journées avaient été bien remplies avec les préparatifs de l'enterrement si bien qu'avec Aleksander et Marianna, elle n'eut pas le loisir de rattraper le sommeil qui lui manquait.
Isabelle s'habilla de noir comme à son habitude, mais un voile vint compléter son ensemble constitué d'un chemisier en soie et d'une jupe semi-longue ainsi que d'une paire de bottines en cuir. Le deuil était une partie que la jeune femme n'avait pas expérimenté de son plein gré, mais c'était ainsi pour tous ceux victimes de perte. N'est-ce pas ? Elle se mit en mouvement d'un pas lent en rejoignant la porte d'entrée sans prendre la peine de prendre son petit-déjeuner, l'appétit lui manquant. Le battant s'ouvrît sur l'ensemble du groupe, Marianna vint la prendre dans ses bras, Aleksander se contenta d'une accolade affectueuse, Karl et David d'un rapide salut maladroit. Isabelle sourit tristement face au tableau qui se trouvait devant elle. Jamais elle n'aurait cru qu'elle se retrouverait en présence de ces personnes toutes réunies en même temps pour la même cérémonie. Tout le monde dira au revoir à une partie de soi-même aujourd'hui.
***Karl posa son regard perçant sur la jeune femme lui faisant face dans la voiture qu'ils avaient loué pour l'occasion. Cette dernière semblait retenir enfermée ses émotions, mais il savait que ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'elles n'éclatent. Il avait d'ailleurs obtenu la confirmation de la réponse qu'il avait deviné le jour de leur première rencontre : un masque qu'Isabelle s'était bel et bien forgé à force du temps. Sa vie n'avait pas été facile, toutefois, il savait qu'elle n'était pas la seule dans cette situation. Et ayant appris à connaître un temps soit peu la jeune femme, il doutait qu'elle jette l'éponge aussi rapidement. Mais pour le moment, il lui accordait le bénéfice du doute.
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Un Soleil brisé
ActieCe jour-là, on n'entendit guère grand-chose, les cœurs s'étaient éteints dans leurs poitrines qui se soulevaient quelques instants auparavant. Depuis ce jour, la haine occupait son cœur. Vengeance, quand tes sombres griffes s'emparent de notre corps...