Son inquiétude atteignit des sommets, Isabelle n'osait déplier le papier sous peine d'être déçu peut-être. Son manque de confiance en soi fit surface, anéantissant pour son plus grand désespoir ce qui permettait à ses mains de ne point trembler. Vas-y espèce de bonne à rien, se sermonna-t-elle en se donnant des gifles intérieurement. Un infime coup d'œil et son visage déjà pâle devint aussi blanc qu'un cachet d'aspirine, le dégoût d'elle-même la prit et la nausée lui attrapa la gorge.Isabelle attrapa sa tête entre ses mains, indifférente aux passants. Elle ne s'était pas attendue à ce qui avait été le sujet de cette lettre, alors ça non. Un rire amer et typique de la crise de nerfs franchit la barrière de ses lèvres sèches. Comme tu es naïve, ma fille, se dit-elle acerbe en sentant son sang bouillir et son organe accélérer dans ses battements. Elle qui s'était nourrie de la terreur d'un interne qui n'avait rien fait de mal sauf l'aider.
Un péché auquel avait goûté et qui lui offrait une punition à la hauteur du mal qu'elle avait causé, tout cela guidé par une rancœur imputrescible. Cette punition qu'elle écopait, elle la méritait. Une punition qui se déroulera sur le long terme et qui jouera avec sa patience et son aptitude à veiller sur son prochain, car oui, son frère était toujours en vie, mais son sort résidait entre les mains de la jeune femme. Au moindre faux pas, son geôlier le ferait exécuter, il l'avait libérée, mais elle se trouvait cependant à devoir lui obéir. Elle ne pouvait disparaître sous peine d'envoyer son frère à la mort et condamner les personnes habitants dans le même immeuble.
Elle n'était certes plus entre ses griffes de manière matérielle, mais attachée à lui, obligée d'obéir à la moindre de ses demandes. La jeune femme replaça la lettre dans son enveloppe lorsque quelque chose de dur entra en contact avec ses doigts. Intriguée, elle s'empara de l'objet et découvrit avec étonnement la clé lui permettant de rentrer chez-elle, un cadeau quelque peu empoisonné, faut-il dire. Il savait où elle habitait et devait sûrement être en train de garder un œil sur sa personne. Jetant un dernier regard en arrière, Isabelle entra sans hésiter puis monta rapidement les escaliers menant à son appartement.
C'est avec soulagement qu'après quelques mois d'absence, la jeune femme retrouva le lieu tel qu'elle l'avait laissé, peut être légèrement plus poussiéreux. Elle se dirigea, après avoir troqué son vêtement d'hôpital contre une tenue plus adaptée, vers la cuisine. Celle-ci montrait les signes d'abandon, plus particulièrement son réfrigérateur dont les aliments avaient rendu l'âme. Isabelle s'empara d'une courgette et la porta à son nez avant de l'écarter précipitamment, des courses s'imposaient finalement.
Deux heures plus tard et les victuailles dans son sac posé sur la table de la salle à manger, la jeune femme s'empressa de composer le numéro de son frère. Avec une angoisse intérieure, elle entendit la sonnerie retentir durant de longues secondes avant que le répondeur ne lui annonce qu'il était indisponible pour le moment. Plus qu'inquiète, elle se mit à faire les cent pas fébrilement. Et s'il lui avait menti pour mieux la tenir entre ses mains. Son frère était peut-être bel et bien mort.
Son cerveau s'emballa et l'emporta dans des délires qu'elle préférait garder pour elle. Pour s'occuper, Isabelle se donna pour mission de ranger ses courses et par la suite de se concocter un plat, un vrai. Il faut dire que cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu le loisir de se nourrir selon ses envies, entre être prisonnière d'un mafieux après avoir joué les imbéciles sans cervelle et séjourné à l'hôpital durant presque un mois, il y avait du choix.
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle s'assit seule, mélancoliquement et la tête ailleurs, et mangea du bout des dents, sans grand enthousiasme. La nourriture lui paraissait fade, sans saveur. Isabelle repoussa son assiette à peine entamée et décida de sortir pour se changer les idées. Elle marcha pendant un long moment en se penchant sur ce qu'elle venait de vivre jusqu'à maintenant.
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Un Soleil brisé
ActionCe jour-là, on n'entendit guère grand-chose, les cœurs s'étaient éteints dans leurs poitrines qui se soulevaient quelques instants auparavant. Depuis ce jour, la haine occupait son cœur. Vengeance, quand tes sombres griffes s'emparent de notre corps...