Chapitre 15

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Isabelle leva un sourcil face à la mine réjouie de Marianna et de David. Cette fête de fin d'année était certes importante, mais pas au point de la prendre avec un tel sérieux. Elle se tourna inconsciemment vers Karl qui scrutait les moindres recoins de la place et eut la même réaction moqueuse, cette fois-ci pour des raisons différentes. Ils étaient tous occupés à observer ce qui se passait autour d'eux. C'était une chance pour la jeune femme, l'occasion qu'elle attendait se trouvait là maintenant, sous son nez. Elle n'aurait pas le droit à une seconde chance si elle se ratait.

Après un dernier regard dans leur direction afin de s'assurer que tout allait bien, Isabelle ralentit sa foulée pour se trouver un peu plus en arrière du groupe et se décaler rapidement vers la gauche, disparaissant ainsi dans la foule. Un léger sourire satisfait plaqué sur les lèvres, elle se dirigea en direction de la sortie. L'air étouffant se fit plus frais, lui permettant d'en prendre de grandes goulées. Ses pas se firent plus rapides au fur et à mesure qu'elle s'éloignait et la foule se raréfia. Son chemin se fit à pied, la maison se trouvant qu'à quelques centaines de mètres du lieu où elle était auparavant. La jeune femme poussa la porte en bois, matière qui accrocha son épiderme à son toucher, et y découvrit avec horreur le spectacle qui semblait l'attendre.

Deux cadavres jonchaient le carrelage blanc de l'entrée dont un, suspendu par une corde à une poutre. Le sang coulait abondamment, inondant le lieu de crasse. L'acte paraissait récent puisque lorsque Isabelle s'approcha et déposa son doigt contre le pouls inexistant de l'individu allongé, le corps était toujours chaud. Se relevant doucement, la jeune femme regarda aux alentours dans l'espoir de trouver quelque chose qui l'aiderait à avancer.

Son esprit repassa en revu tous les évènements de la journée sans trouver aucun indice. Son regard se perdit dans le vague et c'est à cet instant qu'elle s'aperçut que le sang présent au sol n'avait pas pu couler naturellement en formant un certain motif. Isabelle emprunta les escaliers menant à l'étage pour surplomber la scène. Une immense croix avait été dessinée intentionnellement comme une menace à son encontre...

La jeune femme continua à laisser errer son regard dans chaque coin de la pièce. Un objet attira son attention sans qu'elle sache pourquoi. Elle s'empara du vase, regarda à l'intérieur et y trouva un morceau de papier pas plus grand que sa paume. Les doigts tremblants, Isabelle déplia la note et lut le message d'une personne qu'elle connaissait plus que bien. La menace, ou plutôt la promesse qui s'y trouvait, lui assurait que quoi qu'elle cherche, il aurait toujours une longueur d'avance sur elle. Que la maison dans laquelle elle se trouvait, se retrouverait en cendres juste après qu'elle aurait franchi le seuil de la porte.

L'affaire dans laquelle elle se trouvait avait pris une proportion énorme au point de mettre sa famille en danger. Seulement, si sa raison lui demandait d'arrêter, son cœur, lui, la poussait à continuer coûte que coûte, et c'est ce qu'elle ferait. Froissant le morceau de papier dans sa main droite, elle descendit les marches et sortit en refermant le battant derrière elle en prenant soin de regarder autour d'elle. À peine s'était-elle écartée de l'habitation qu'une détonation assourdie son audition. Sous ses yeux perçants, un souffle d'air enflammé embrassa la totalité de la maison, donnant des airs de désolation, si bien que la jeune femme se remémora la mort de son frère même si elle n'avait pas été spectatrice.

Sa démarche se fit précipitée lorsque les cris de désespoirs parvinrent à ses oreilles bourdonnantes. Isabelle fit demi-tour sans s'attarder davantage et regagna la place qu'elle avait quittée. Les gens se bousculaient sans faire attention, gagnés par la panique, ne sachant comment réagir. Quant à la jeune femme, sa démarche était calme quoique crispée. Une interrogation se posait maintenant : de quelle manière retrouverait-elle le groupe ? Si elle réapparaissait comme si de rien était, on se poserait des questions, mais si elle faisait le contraire, le résultat était le même.

Un Soleil brisé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant